« La gestion d’une crise est l’affaire de professionnels et les politiques n’en sont pas », estime le général Soubelet

Par Paul Tourège
21 avril 2020 13:04 Mis à jour: 21 avril 2020 13:04

Fort de son expérience en tant qu’ancien numéro trois de la gendarmerie nationale, le général Bertrand Soubelet propose une grille de lecture de la gestion de la crise du coronavirus par le gouvernement français.

Dans un entretien accordé au site Boulevard Voltaire, le général Soubelet est revenu sur la pandémie liée au virus de Wuhan et a donné son sentiment au sujet des mesures à mettre en œuvre dans le cadre de la sortie de crise.

Ancien numéro trois de la gendarmerie nationale en charge des opérations et de l’emploi, Bertrand Soubelet a été confronté à plusieurs crises au cours de sa carrière. Une expérience qu’il a choisie de mettre à profit au sein du mouvement politique Objectif France, dont il est le vice-président.

Interrogé sur le plan proposé par son mouvement pour sortir de la crise, le général Soubelet a mis en avant les mesures détaillées il y quelques semaines par le docteur Guy-André Pelouze, chirurgien à Perpignan et responsable santé d’Objectif France.

Parmi les mesures du docteur Pelouze, figure notamment le dépistage massif de la population par les laboratoires publics et privés afin de disposer d’un état des lieux rigoureux de la présence du virus du Parti communiste chinois (PCC)* sur le territoire français.

Une mesure qui permettrait ensuite d’adapter le déconfinement sur la base d’informations précises en confiant sa mise en œuvre à chaque région.

« […] Pour proposer un plan de sortie de crise complet et pertinent, il est nécessaire de disposer de toutes les informations concernant l’évolution de la pandémie, avec les hypothèses minimalistes et maximalistes, et d’en évaluer les effets sur notre quotidien au regard des mesures nécessaires pour la protection des Français. Seules les autorités de notre pays disposent de ces analyses », souligne toutefois le général Soubelet.

« La crise sanitaire n’est probablement plus la question la plus cruciale si les gestes barrière continuent d’être appliqués ainsi que les consignes de confinement et la règle de la quarantaine en cas d’infection », ajoute-t-il.

Donner de l’air aux petites entreprises

Pour le haut gradé, il est urgent d’adresser les problèmes auxquels bon nombre d’entreprises sont confrontés depuis la mise en place de l’état d’urgence sanitaire.

« Le plus inquiétant, à mon sens, est la menace qui pèse sur les entreprises et donc sur notre économie. Je ne parle pas des grands groupes, qui ont une capacité à résister financièrement, mais surtout des PME, TPE, des commerçants et artisans. C’est leur survie qui est en jeu et les prêts garantis par l’État ne sont pas une solution pérenne, compte tenu des charges qui pèsent  sur ces entreprises. Il faut les autoriser à reprendre leur activité en respectant les préconisations sanitaires. Il faut faire confiance aux entrepreneurs et aux salariés car, sinon, ce sera une crise sociale profonde qui suivra », indique Bertrand Soubelet.

« Ce que nous vivons démontre clairement la fragilité de notre système en raison, notamment, d’une pression financière de l’État trop importante sur les entreprises qui n’ont aucune réserve et peu de trésorerie. C’est probablement une des premières réformes de ‘l’après’ », poursuit l’ancien élève de Saint-Cyr.

Confronté à de nombreuses difficultés dans le cadre de la lutte contre la délinquance au cours de sa carrière dans la gendarmerie, le général Soubelet considère également que le non-respect dans certaines zones de l’Hexagone des mesures de confinement édictées par le gouvernement devra faire l’objet d’un examen approfondi et donner lieu à des réponses appropriées.

« Cette crise révèle aussi, à nouveau, l’incapacité de l’État à prendre des décisions claires et à faire respecter les règles sur l’ensemble du territoire national. Là aussi, il y aura des enseignements à tirer au-delà de ceux de l’absence de masques, de gel hydroalcoolique et de tests sérologiques », souligne le haut gradé.

« L’enseignement le plus évident est que la logique politicienne se montre incapable de répondre aux exigences d’une crise, car il s’agit d’une situation exceptionnelle qui demande des réactions rapides mais pesées et des décisions rationnelles déconnectées des enjeux d’image et électoraux. Le maintien du premier tour en est une désastreuse illustration », poursuit Bertrand Soubelet.

Faire valoir l’expérience des militaires en matière de gestion des crises

« Ma conviction est que la gestion d’une crise est l’affaire de professionnels et les politiques n’en sont pas. La lutte contre le virus et les mesures pour le combattre sont du ressort du milieu médical. Ensuite, la question de la mise en œuvre du confinement et de l’ordre public, c’est l’affaire des forces de sécurité », ajoute-t-il.

« Dans les deux domaines, il est nécessaire de déléguer à des professionnels en leur donnant les moyens de remplir leur mission. Une crise, c’est toujours du pilotage à vue, mais il y a des invariants. Quelles sont les priorités, quelles sont les contraintes, quelles sont les marges de manœuvre, quelle est la ligne rouge qui pourrait amener à reconsidérer la stratégie ? Et il faut décider. Gérer une crise, c’est un métier », observe le général Soubelet.

Alors que le général Lizurey, ancien directeur de la gendarmerie nationale, s’est récemment vu confier une mission d’auditeur par le Premier ministre afin d’apporter « un regard extérieur » ainsi que son « expertise sur l’organisation interministérielle de la gestion de crise », Bertrand Soubelet juge l’initiative positive tout en espérant qu’il ne s’agisse « pas d’une opération de communication de plus ».

« Un chef militaire a pour vocation de conseiller les responsables politiques sur une stratégie puis, d’agir pour la mettre en œuvre. À ce stade, je ne sais pas ce que fait exactement le général Lizurey, mais j’espère qu’il est écouté, car c’est un homme d’expérience. Il est en mesure de proposer des solutions rationnelles et efficientes », fait valoir le sexagénaire.

« D’une manière générale, je pense que les responsables militaires amènent une plus-value importante dans la résolution des crises et dans la vie publique en général. Mais, ce faisant, ils constituent une sorte de menace pour les hommes politiques car, dans leur esprit, ils deviennent des concurrents », conclut le général Soubelet.

 

* Epoch Times désigne le nouveau coronavirus, responsable de la maladie du Covid-19, comme le «  virus du PCC  », car la dissimulation et la mauvaise gestion du Parti communiste chinois (PCC) ont permis au virus de se propager dans toute la Chine et de créer une pandémie mondiale.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.