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La Grèce, hors des sentiers battus

mars 3, 2018 10:44, Last Updated: mars 3, 2018 10:44
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Les Grecs ne s’y trompent pas, ce sont les premiers à s’offrir une escapade dans la péninsule du Pélion, entre mer et montagne, là où déjà les dieux antiques aimaient se divertir en été. Ici le cœur balance entre le bleu cristallin de la mer Egée et le vert chatoyant d’un arrière-pays tapissé d’oliveraies et de forêts denses, de quoi vivre des vacances actives au cœur d’une nature empreinte d’une douceur de vivre toute méditerranéenne.

Quand les monts verdoyants se mirent dans le bleu de la mer Egée… (Charles Mahaux)

Au Sud-Est de la Thessalie, la péninsule du Pélion s’étire dans la mer Egée comme un index qui se recourberait en dessinant un golfe aux eaux paisibles, loin des alizés. Les villages ont jadis choisi de se percher sur les flancs de la montagne hors de portée des pirates. Cependant, sous la domination des Ottomans qui s’installèrent sur la côte, la région connaîtra dès le 18ème siècle son âge d’or grâce à la sécurité et à l’autonomie offertes par les envahisseurs en échange du paiement d’un tribut. Les marchands grecs qui s’enrichirent n’hésitèrent pas à financer la création d’écoles et de bibliothèques où s’épanouit dans la clandestinité la renaissance hellénique. Toutefois les deux grandes guerres mondiales, l’occupation et plus tard les séismes dévastateurs de 1955 jetèrent de nombreux habitants sur les routes de l’étranger. Depuis une vingtaine d’années, la péninsule se réveille et les villages enrichis de nouveaux immigrants redeviennent les ruches du passé avec une prédilection pour l’activité touristique, en capitalisant sur la richesse du patrimoine naturel.

Volos, la cité des Argonautes

Quand on découvre Volos depuis la montagne, la ville blanche semble amarrée sur les rives de la mer. (Charles Mahaux)

La légende raconte que depuis le port de Volos, Jason embarqua à bord d’une galère manœuvrée par une cinquantaine de héros grecs, les Argonautes, à la recherche de la fameuse Toison d’Or qu’il offrira à son oncle, le roi Pélias. Le mythe des vaillants marins n’a jamais cesser d’animer la mémoire collective à tel point que la municipalité de Volos, associée à un programme archéologique expérimental, construisit en 2006 une réplique du voilier à rames. Le rêve était de répéter le voyage jusqu’en mer Noire pour atteindre Colchide en Géorgie actuelle, pays de la mythique Toison d’Or. L’itinéraire dut finalement être adapté et le navire parcourut en 2008 une distance de 1200 miles marins entre Volos et Venise, entraîné par 50 rameurs originaires de tous les pays de l’Union Européenne. Une belle aventure qui laisse rêveur quand on admire la réplique amarrée aujourd’hui dans le port de Volos.

En été la réplique du voilier s’expose au regard de tous mais une sculpture installée en face de la marina rappelle l’exploit des Argonautes. (Charles Mahaux)

Entièrement reconstruite après le tremblement de terre de 1955, Volos peu séduisante au premier abord offre cependant les atouts d’une ville étape. La vie s’articule autour du front de mer de plusieurs kilomètres, bordé des terrasses de cafés et de restaurants qui offrent une vue imprenable sur le port. Lieu privilégié de flâneries, de rencontres et d’observations du quotidien des Grecs qui se partagent entre la pêche et le tourisme mais aussi l’occasion d’admirer les nombreux yachts de toutes tailles proposés à la location si du moins vous avez en poche une licence de capitaine ! Faire du cabotage à l’intérieur du golf à la recherche de petites criques souvent inabordables par la route, s’embarquer vers les Sporades et plonger dans les eaux limpides de la mer Egée sont un must pour les moussaillons occasionnels.

La route étroite et sinueuse de la montagne offre des points de vue incomparables sur la mer Egée. (Charles Mahaux)

Tsagarada essaime ses maisons de pierre dissimulées derrière les hortensias le long de routes tellement boisées que les habitants parlent d’une bourgade au cœur d’une mer verte. Au centre du village, l’éternelle place centrale, envahie de terrasses garnies de chaises en bois, offre une halte bienvenue à l’ombre des frondaisons d’un platane millénaire de près de 15 mètres de circonférence ! C’est aussi le point de départ pour des randonnées qui s’engagent sur un sentier muletier à travers un maquis odorant vers des plages inaccessibles en voiture mais dont les eaux turquoise attirent les amateurs de baignade.

Pour rejoindre les criques cachées mieux vaut chausser ses bottines mais l’enchantement est toujours au bout des sentiers. (Charles Mahaux)

Qui vient à Pinakates plonge dans un musée vivant car ce village aux demeures traditionnelles suspendues au flanc de la montagne a eu la chance d’être investi par quelques familles qui ont veillé à restaurer à l’ancienne le patrimoine architectural du petit bourg. Autour de la place dominée par une église à campanile s’éparpillent de hautes maisons de pierre aux murs épais avec un dernier étage en bois émaillé de nombreuses fenêtres, certaines en trompe l’œil donnant l’illusion de lucarnes colorées. Ici on doit abandonner sa voiture en haut du village et s’égarer entre les ruelles pentues et empierrées qui s’enroulent autour de la place. Chaque maison s’entoure d’un jardinet qui suffit à accueillir chèvres et moutons que des bergers ramènent à la tombée du jour, de quoi plonger le visiteur dans une ambiance rurale qui fleure bon une Grèce authentique.

La belle maison traditionnelle des hôtes Belges installés à Pinakates permet de découvrir de l’intérieur l’organisation de la vie de jadis. (Charles Mahaux)

Makrinitsa est un autre village qui veille à sauvegarder son patrimoine bâti qui s’étire sur une pente abrupte sur quelque 500 mètres entre les maisons les plus hautes et les plus basses, de quoi offrir un superbe balcon sur Volos, ville blanche et plate qui se déploie au bord de son golfe bleu. Cette proximité en fait un haut lieu du tourisme d’autant qu’ici, l’altitude assure une fraîcheur appréciée pour ceux qui cherchent à échapper à la chaleur qui écrase le port en été.

Accroché à la falaise, le village de Makrinitsa est un dédale de ruelles collées à de hautes maisons traditionnelles qui offrent une vue unique sur la mer Egée. (Charles Mahaux)

Un feston de criques sauvages

Sur la côte orientale, les falaises s’effritent, ménageant dans la dentelle du littoral des criques qui ont des airs de lagon avec leurs plages de galets ronds et colorés sur fond de mer turquoise. Il reste à dénicher ces coins de paradis, accessibles au terme d’une balade à pied ou alors en bateau. Le Pélion est toujours généreux pour ceux qui s’écartent des sentiers battus ! Mylopotamos, Fakistra, Limnionas, autant de petites baies divines aux reflets bleus qui scintillent en contrebas, au-delà d’un maquis court et dense.

Petite pause bienfaisante dans la crique de Damouchari où l’eau est particulièrement cristalline, un rêve pour les amateurs de snorkeling. (Charles Mahaux)

Damouchari est le port historique de Tsagarada qui connut comme Horefto des heures de gloire au 18ème siècle quand il accueillait des navires qui chargeaient la laine et la soie du Pélion. Aujourd’hui, cette anse naturelle coule des heures paisibles dans l’attente des touristes d’un jour qui viennent y louer des kayaks et s’y restaurer sur des terrasses qui dominent une plage de gros galets blancs. Un sentier de quelque 3 km permet de rejoindre Agios Ioannis, sans doute la plus longue plage de minuscules cailloux blancs sur le versant égéen.

Au sud de la péninsule, Horto est un charmant petit port de pêcheurs où s’égrènent les tavernes et quelques restaurants. L’eau y est si claire et si paisible qu’elle invite à la baignade d’autant que le soleil couchant inonde le site de sa lumière en fin d’après-midi. Les plus aventureux n’hésiteront pas à s’offrir une longue balade à cheval sur la plage de Koropi qui se prolonge ensuite dans les oliveraies envahies par un troupeau de chèvres mené par une vielle bergère qui promène sur son dos le tabouret sur lequel elle se pose en surveillant ses bêtes…

Damouchari est le port historique de Tsagarada qui connut comme Horefto des heures de gloire au 18ème siècle quand il accueillait des navires qui chargeaient la laine et la soie du Pélion. Aujourd’hui, cette anse naturelle coule des heures paisibles dans l’attente des touristes d’un jour qui viennent y louer des kayaks et s’y restaurer sur des terrasses qui dominent une plage de gros galets blancs. Un sentier de quelque 3 km permet de rejoindre Agios Ioannis, sans doute la plus longue plage de minuscules cailloux blancs sur le versant égéen.

C’est à Agios Ioannis que s’étire la plus belle plage de la région, toute en minuscules galets blancs qui ressemblent à des perles. (Charles Mahaux)

Au sud de la péninsule, Horto est un charmant petit port de pêcheurs où s’égrènent les tavernes et quelques restaurants. L’eau y est si claire et si paisible qu’elle invite à la baignade d’autant que le soleil couchant inonde le site de sa lumière en fin d’après-midi. Les plus aventureux n’hésiteront pas à s’offrir une longue balade à cheval sur la plage de Koropi qui se prolonge ensuite dans les oliveraies envahies par un troupeau de chèvres mené par une vielle bergère qui promène sur son dos le tabouret sur lequel elle se pose en surveillant ses bêtes…

Une balade à cheval entre plages et oliveraies est une chouette expérience, une manière insolite de découvrir des coins secrets du Pélion. (Charles Mahaux)

Décidément, le Pélion offre une mosaïque de paysages qui laisse rêveurs ceux qui n’hésiteront pas à parcourir en journée les paysages verdoyants de l’arrière-pays montagneux, loin de la chaleur du littoral pour y revenir à l’heure du couchant quand la brise du soir allonge les flâneries paresseuses sur les plages. Images paisibles d’un quotidien sans façons que les Grecs partagent volontiers avec l’étranger.

Fin de journée, l’heure de partager avec les Grecs des mezzes arrosés d’un tsipouro bien glacé, les pieds dans le sable… (Charles Mahaux)

Infos pratiques.

Y aller : Sur place il vaut mieux louer une voiture car elle s’avère essentielle pour circuler dans la péninsule. Attention les distances sont courtes mais les routes étroites et en lacets ralentissent le rythme. Ne comptez pas sur un gps efficace sur place et offrez-vous une carte routière détaillée. Enfin révisez votre alphabet grec car dans le Pélion, la plupart des lieux sont indiqués en grec.

Louer un bateau : Sail Aegean, une compagnie belgo-grecque de location de voiliers, offre la possibilité de s’embarquer avec un skipper ou, si vous êtes en possession d’un permis de navigation, de larguer les amarres vers le golf ou les Sporades. Volos est leur principal port d’attache www.sailaegean.eu.

Quel plaisir de caboter le long des côtes et de s’amarrer dans un petit port pour un festin à déguster à deux pas de notre voilier d’un jour. (Charles Mahaux)

Se loger : L’aéroport se trouve à Nea Anchialos, à 25 km au S-O de Volos face au golfe. Le plus facile est de se poser à Nea Anchialos, une station balnéaire fréquentée par les Grecs, de quoi découvrir les plaisirs de la table, les pieds dans les galets à deux mètres des vagues qui viennent lécher la plage. Une excellente adresse à prix doux www.protessilaos.com juste en face de la plage. Le propriétaire Vassilis est d’un excellent conseil pour découvrir le petit port mais aussi la région. Volos, ville plus commerciale, offre le confort d’un grand hôtel installé au bout de la jetée www.domotel.gr Dans le Pélion, la coutume est de louer des chambres équipées d’un coin cuisine comme à Horefto www.flamingohotel.gr ou à Tsagarada www.aglaida-apartments.gr. Une expérience à ne pas manquer, la très belle chambre d’hôtes tenue par un couple de Belges installés à Pinakates, une façon de s’immerger dans le patrimoine du village puisque les chambres sont organisées dans une authentique demeure de 1847 www.pinakates.com . Enfin si vous cherchez à la fois un confort douillet, du romantisme et une bonne table, laissez-vous tenter par l’hôtel Leda à l’entrée de Horto www.ledapelion.com

Choisir de se poser à l’hôtel Leda, c’est s’assurer d’être les pieds dans l’eau et de se noyer dans les couleurs du soleil couchant. (Charles Mahaux)

Visiter : Une expérience qui peut être intéressante pour ceux qui veulent décoder la société grecque en s’immergeant dans ses traditions. Une petite entreprise vous propose des formules adaptées à vos envies pour vous immerger dans le quotidien des habitants www.livelikelocal.gr. Si vous êtes tentés par une balade à cheval de quelques heures ou moins, www.ifom.gr

Un must de la gastronomie du Pélion, le homard…. (Charles Mahaux)

Gastronomie : Ragoût à base de boulettes de viande, soupe aux haricots, agneau rôti en papillote à la montagne, fricassée de poissons et de fruits de mer sur la côte, la gastronomie se décline toujours avec des produits frais. La coutume des mezzes servis avec du tsipouro (une boisson alcoolisée distillée à partir de marc de raisin) bien glacé et allongé d’eau est incontournable et permet de découvrir la variété de la gastronomie grecque tout en sacrifiant à un rituel bien présent dans le Pélion. A découvrir entre autres sur les terrasses de la plage de Nea Anchialos ou chez To Lepi Tsipouro, sur la jetée de Volos, en face de la statue de la galère Argo.

 

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux

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