Les conflits armés sont un facteur déterminant de l’insécurité alimentaire dans le monde, a observé le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, lors d’un débat sur la protection des civils dans les conflits armés, mardi, au Conseil de sécurité.
« La guerre est synonyme de faim », a déclaré le chef de l’ONU devant les membres du Conseil, notant que l’an dernier, plus de 117 millions de personnes ont souffert de faim aiguë, principalement en raison de la guerre et de l’insécurité.
« C’est une aberration. Les dommages causés aux infrastructures critiques entravent la production alimentaire, empêchent l’acheminement des denrées et privent les populations d’eau salubre », a-t-il ajouté, prenant l’exemple de la Syrie, où les ressources en eau potable sont aujourd’hui 40% moins importantes qu’au début du conflit.
« Les combattants détruisent les cultures et volent du bétail ; les explosifs contaminent les terres fertiles ; les marchés ne peuvent plus fonctionner et les prix s’envolent », a encore dit le Secrétaire général, notant que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a contribué à la hausse des prix des denrées alimentaires, de l’énergie et des engrais dans le monde entier.
Des mesures prises pour atténuer les conflits
Le chef de l’ONU a observé que lorsque les conflits viennent s’ajouter à la crise climatique, les récoltes diminuent et les populations ont faim, comme il a pu le voir lors d’une récente visite en Somalie.
Il a rappelé qu’au cours de l’année qui s’est écoulée, des mesures ont été prises pour atténuer les effets des conflits sur les civils : des parties ont œuvré pour protéger les enfants et permettre aux intervenants humanitaires d’avoir accès aux populations démunies ; la Coordonnatrice de la prévention de la famine et de la réponse, qu’il a récemment nommée, pilote l’action du système face à la montée de l’insécurité alimentaire ; le Programme d’action sur les déplacements internes vise à apporter des solutions pour faire face au nombre record de personnes déplacées et prévenir d’autres crises ; et l’Initiative de la mer Noire et le mémorandum d’accord sur la promotion des produits alimentaires et engrais russes sur les marchés mondiaux ont contribué à stabiliser les marchés, à faire baisser les prix et à atténuer la crise alimentaire.
En novembre dernier, les États ont adopté une déclaration politique visant à protéger les civils en limitant l’utilisation d’armes explosives dans les zones peuplées ou en s’abstenant d’en faire usage, a rappelé le Secrétaire général, qui a exhorté tous les États à se rallier à cette déclaration et à la traduire en actes concrets.
Il a aussi demandé instamment à tous les États d’appliquer la résolution 2664 adoptée en décembre par le Conseil de sécurité, visant à empêcher que les sanctions de l’ONU nuisent aux civils et entravent l’action humanitaire, et d’exclure les activités humanitaires et médicales du champ d’application de leurs sanctions et de leurs mesures de lutte antiterroriste.
Des engagements pas respectés
Selon le Secrétaire général, ces mesures prises pour atténuer les conflits sont les bienvenues, mais « la triste vérité est que le monde ne respecte pas ses engagements en matière de protection des civils, pourtant consacrés par le droit international humanitaire ».
« Des lois négligées sont des lois affaiblies. Pour qu’elles soient respectées, nous avons besoin d’action et de mécanismes d’établissement des responsabilités. Or, cela dépend de la volonté politique », a-t-il noté.
Il a affirmé que la paix est la meilleure forme de protection et a appelé à redoubler d’efforts pour prévenir les conflits, protéger les civils, préserver la paix et trouver des solutions politiques à la guerre.
Il a indiqué que dans les semaines à venir, il publierait une note d’orientation sur le Nouvel Agenda pour la paix dans la perspective du Sommet de l’avenir qui se tiendra l’an prochain.
« Partout où la guerre se poursuit, toutes les parties doivent respecter le droit international humanitaire, et les membres de ce Conseil ont une responsabilité particulière. Les États devraient transposer le droit international humanitaire dans leur droit interne et l’intégrer dans la formation et les règles militaires », a-t-il dit.
« Il faut que les intervenants humanitaires bénéficient d’un accès sans danger et que les attaques à leur encontre cessent. Il faut aussi faciliter leur travail, notamment en supprimant les obstacles bureaucratiques aux conséquences mortelles. Il est inadmissible que des produits de première nécessité restent bloqués dans des ports et des entrepôts alors même que des gens meurent », a-t-il ajouté.
Respecter les règles de la guerre
Selon M. Guterres, le Conseil de sécurité a un rôle particulier à jouer en exhortant les États à respecter les règles de la guerre.
« Les États qui exercent une influence sur les parties aux conflits devraient entamer un dialogue politique et former leurs forces à la protection des civils. Les pays exportateurs d’armes doivent refuser de faire affaire avec toute partie qui bafoue le droit international humanitaire. Les auteurs de crimes de guerre doivent répondre de leurs actes. Les États doivent enquêter sur les allégations de crimes de guerre, poursuivre les auteurs de ces crimes et renforcer la capacité des autres États à faire de même », a-t-il déclaré.
Il a aussi estimé qu’il fallait « faire tout ce qui est en notre pouvoir pour mettre fin au cycle mortel des conflits armés et de la faim : remédier aux causes profondes de la faim en renforçant les économies des pays vulnérables ; honorer les engagements pris en faveur des pays qui sont en première ligne de la crise climatique ; et augmenter les contributions aux opérations humanitaires, qui sont financées à moins de 15% ».
L’article publié avec l’aimable autorisation de l’ONU.
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