EUROPE

La Hongrie s’en prend à la Commission européenne au sujet de l’interruption de l’approvisionnement en pétrole russe

L’Ukraine a récemment fermé un oléoduc qui approvisionne la Hongrie et la Slovaquie en pétrole russe
août 2, 2024 16:39, Last Updated: août 2, 2024 16:39
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La Hongrie a accusé la Commission européenne de ne pas avoir annulé – ou de tolérer tacitement – la décision de l’Ukraine d’interrompre, à travers son territoire, le transit du pétrole russe vers la Hongrie et la Slovaquie.

Le mois dernier, Kiev a fermé un oléoduc terrestre qui approvisionne la Hongrie et la Slovaquie en pétrole russe, suscitant des craintes de pénurie d’approvisionnement dans les deux pays.

Dans un message publié le 30 juillet sur les réseaux sociaux, Peter Szijjarto, le ministre hongrois des Affaires étrangères, a accusé la Commission européenne de ne pas sauvegarder les « intérêts fondamentaux » des États membres de l’Union européenne (UE).

« Malgré la menace qui pèse sur la sécurité énergétique de deux États membres de l’UE […] Bruxelles reste silencieuse », a-t-il déclaré.

M. Szijjarto a poursuivi en suggérant que c’était « Bruxelles, et non Kiev […] qui voulait faire chanter deux pays qui sont favorables à la paix et qui s’opposent aux transferts d’armes [à l’Ukraine] ».

Contrairement à d’autres dirigeants européens, le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, et son homologue slovaque, Robert Fico, s’opposent à un soutien inconditionnel à l’Ukraine, qui n’est pas membre de l’UE, dans sa riposte à l’invasion lancée par Moscou.

Les deux dirigeants, connus pour leurs positions prorusses, se sont également attiré les critiques de leurs homologues européens en appelant à une solution « négociée » à la guerre en Ukraine, qui dure depuis février 2022.

Au début du mois, le Parlement européen a réprimandé Viktor Orban pour s’être rendu à Moscou et à Pékin – sans l’accord de Bruxelles – dans le cadre d’une soi-disant « mission de paix ».

Le 31 juillet, un porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères a noté que la fermeture du gazoduc par Kiev coïncidait « avec un certain nombre d’initiatives diplomatiques pacifiques de Budapest visant à résoudre le conflit en Ukraine ».

« L’otage » de la guerre

En juin, Kiev a imposé des sanctions à la société Lukoil, le plus grand producteur russe de pétrole, et a interrompu l’acheminement du pétrole russe par l’oléoduc qui traverse le territoire ukrainien.

Cet oléoduc, datant de l’ère soviétique et nommé Druzhba, alimente des raffineries en Hongrie et en Slovaquie ; à la mi-juillet, elles ont toutes deux signalé qu’elles avaient cessé de recevoir du pétrole russe.

Le 20 juillet, M. Fico aurait laissé entendre à son homologue ukrainien, Denys Chmyhal, que la Slovaquie « ne serait pas l’otage des relations russo-ukrainiennes ».

« L’inclusion de Lukoil dans la liste des sanctions n’est qu’un nouvel exemple de sanctions insensées qui ne nuisent pas à la Fédération de Russie, mais principalement à certains États membres de l’UE, ce qui est inacceptable », a déclaré le bureau de Fico dans un communiqué ultérieur.

Le 22 juillet, la Hongrie et la Slovaquie ont demandé à la Commission européenne de mener des consultations avec Kiev pour sortir de l’impasse, en donnant trois jours à la Commission pour répondre.

Le lendemain, la Hongrie a menacé de bloquer le financement de l’UE pour les États membres qui fournissent des armes à l’Ukraine, à moins que cette dernière ne rouvre le pipeline.

« Tant que cette question n’est pas résolue par l’Ukraine, tout le monde devrait oublier le paiement des 6,5 milliards d’euros de compensation pour les transferts d’armes [à l’Ukraine] », a martelé M. Szijjarto lors d’une émission télévisée.

Le 26 juillet, Mykhailo Podolyak, l’un des principaux collaborateurs du président ukrainien Volodymyr Zelensky, a rejeté les affirmations selon lesquelles Kiev faisait « chanter » la Hongrie et la Slovaquie à cause de leurs politiques vis-à-vis de la Russie et de l’Ukraine.

« La situation concernant la suspension du transit du pétrole russe par l’oléoduc Druzhba n’a rien à voir avec le chantage », a-t-il expliqué à l’agence Reuters.

« Il est certain que la Hongrie et la Slovaquie ne se posent pas en véritables gardiens de la paix […] mais insistent uniquement sur les concessions à être accordées à la Russie. »

M. Podolyak a accusé les deux pays de s’opposer aux politiques de soutien de l’Ukraine de la part de l’UE, les invitant à exhorter le Kremlin à cesser d’attaquer l’infrastructure énergétique ukrainienne.

Robert Fico joue la carte de la fermeté

Le 29 juillet, le Premier ministre slovaque a averti que la Slovaquie cesserait de fournir du carburant diesel à l’Ukraine si cette dernière ne réactivait pas l’oléoduc.

Le Premier ministre slovaque Robert Fico (VLADIMIR SIMICEK/AFP via Getty Images)

« Si le transit du brut russe par l’Ukraine n’est pas rétabli dans un bref délai, Slovnaft [la société slovaque de raffinage du pétrole] ne poursuivra pas ses livraisons de diesel à l’Ukraine », a-t-il annoncé sur les médias sociaux.

En réponse, Roman Andarak, vice-ministre ukrainien de l’Énergie, a déclaré que Kiev était « prêt à résoudre les éventuels problèmes » avec la Slovaquie.

M. Andarak a précisé à Reuters que Kiev « garantissait un transit pétrolier ininterrompu » pour toutes les entreprises qui ne sont pas soumises aux sanctions occidentales ou ukrainiennes.

Le 30 juillet, le ministre hongrois Peter Szijjarto a accusé la Commission européenne de ne pas avoir réussi à désamorcer la crise, affirmant qu’elle « n’a rien fait ».

La Commission européenne, quant à elle, a publié une déclaration indiquant qu’elle continuait à recueillir des informations pertinentes et qu’elle « a posé des questions détaillées à la Slovaquie et à la Hongrie afin d’établir une analyse complète et a pris contact avec les autorités ukrainiennes ».

Le 31 juillet, le Premier ministre ukrainien a affirmé que l’interdiction par Kiev du transit du pétrole russe ne menaçait pas la sécurité énergétique de la Slovaquie.

« La Slovaquie est un partenaire fiable dont nous n’attendons ni chantage ni menaces », a souligné M. Chmyhal dans un message publié sur les réseaux sociaux.

« Les sanctions […] ne constituent pas une menace pour la sécurité énergétique de la Slovaquie et de l’Europe dans son ensemble, c’est pourquoi leur levée n’est pas un sujet de discussion « , a-t-il précisé.

Il a ajouté que Kiev avait la « pleine compréhension » de l’UE sur cette question.

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