OPINIONS

La Hongrie : un partenaire pour la Chine et une menace pour l’Europe et l’Amérique ?

mai 3, 2024 16:43, Last Updated: mai 4, 2024 14:54
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Selon le chef de cabinet du Premier ministre hongrois Viktor Orban, ce dernier prévoit d’accueillir le dirigeant chinois Xi Jinping du 8 au 10 mai. Parmi les dirigeants européens, M. Orban est sans doute le plus favorable à la Chine.

Les relations amicales de Budapest avec Pékin ont une incidence sur la sécurité nationale de l’Europe et de l’Amérique. En tant que membre de l’Union européenne (UE) et de l’OTAN, la Hongrie peut opposer son veto à des opérations menées par l’une ou l’autre organisation. Lorsque la Hongrie prendra la présidence tournante de l’UE en juillet, M. Orban aura une influence bien plus grande sur son orientation.

Selon les médias d’État chinois, Peter Szijjarto, le ministre hongrois des Affaires étrangères, s’est rendu à Pékin le 24 avril. Il aurait déclaré qu’il s’opposait à considérer la Chine comme une menace ou à se dissocier de ce régime autocratique. Il préfère traiter le Parti communiste chinois (PCC) comme un « partenaire ». M. Orban a été le seul dirigeant de l’UE à avoir assisté au troisième Forum de l’Initiative Ceinture et Route, organisé par la Chine en octobre 2023 à Pékin.

L’approche amicale de la Hongrie à l’égard d’un adversaire de l’Occident a des conséquences, y compris l’acceptation de la Hongrie à Bruxelles. Selon une note d’information du Parlement européen datée du 18 avril, l’abus répété du droit de veto et du chantage de la Hongrie au sein du Conseil européen est une source d’inquiétude. En 2021, par exemple, la Hongrie a opposé son veto à une déclaration de l’UE critiquant l’État-parti chinois pour sa violation des libertés civiles à Hong Kong. Une résolution du Parlement européen demandait si la Hongrie pouvait « assurer de manière crédible » la présidence de l’UE prévue, compte tenu de son incapacité à défendre les valeurs de l’UE.

Viktor Orban serait ami avec la Chine pour ses raisons habituelles. Il souhaite accroître les investissements et les échanges avec ce régime autocratique, et sa position favorable aux intérêts de Pékin porte ses fruits. Avec 10,7 milliards d’euros en 2023, la Chine est le premier investisseur en Hongrie.

Le « partenariat » de la Hongrie avec la Chine pourrait également affecter la compétitivité économique des pays occidentaux. Budapest, par exemple, essaye de recourir aux investissements chinois pour devancer les États-Unis dans la production de batteries pour voitures électriques. La Chine détient actuellement 79% de la capacité mondiale de production de batteries lithium-ion, les États-Unis et la Hongrie occupent respectivement la deuxième et la troisième place, avec 6% et 4%.

La société d’État chinoise Fiberhome Telecom Tech prévoit également d’établir une base en Hongrie pour la fabrication de câbles optiques, ce qui pourrait menacer la sécurité des communications où qu’ils soient installés. Fiberhome est une filiale du Wuhan Research Institute of Posts and Telecommunications Company – la société chinoise que les États-Unis ont ajoutée à leur liste de contrôle des exportations en 2020.

La Hongrie cherche également à obtenir des investissements chinois dans les infrastructures, notamment dans l’oléoduc vers la Serbie et dans le projet de ligne ferroviaire à grande vitesse vers les ports du Pirée et de Thessalonique en Grèce. Dans le cadre de la construction de ces infrastructures, les Hongrois pourraient se voir graisser la patte au plus haut niveau gouvernemental. Si l’on se fie aux pratiques présumées du PCC dans d’autres pays, cela pourrait représenter de 5 à 10% du montant de chaque investissement chinois.

Naturellement, Pékin voudrait obtenir pour son argent plus que du simple commerce. Dans ce qui était probablement une visite préparatoire à un accord de sécurité Xi-Orban, le ministre chinois de la Sécurité publique, Wang Xiaohong, a rendu visite à Viktor Orban en février.

M. Wang a déclaré qu’il souhaitait approfondir la coopération avec la Hongrie dans « la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale, le renforcement de la sécurité et des capacités d’application de la loi dans le cadre de l’Initiative Ceinture et Route (…) afin de faire de la coopération en matière d’application de la loi et de sécurité un nouveau point fort des relations bilatérales ».

L’autocratie de Pékin ne semble pas déranger le Premier ministre hongrois, étant donné son inclinaison dans la même direction. L’appartenance de la Hongrie à l’Union européenne et à l’OTAN rend toutefois assez inhabituelle l’approche particulièrement amicale de M. Orban envers le Parti communiste chinois.

Contrairement aux ouvertures commerciales similaires de la France, de l’Allemagne ou de l’Amérique, il est peu probable que Viktor Orban fasse mine de soulever la question des droits de l’homme lors de la visite de Xi Jinping en mai. En 2014, il a déclaré qu’il cherchait à finir avec la démocratie libérale en Hongrie – il est donc peu probable qu’il fasse pression sur Xi Jinping en faveur de la démocratisation.

Étant ami de Vladimir Poutine, Viktor Orban ne se souciera probablement pas beaucoup des exportations chinoises de matériel militaire et à double usage que l’on retrouve dans les drones russes abattus en Ukraine. En menaçant de sanctionner certaines banques chinoises qui facilitent le commerce avec les fabricants d’armes russes, l’administration Biden évite au moins une escalade majeure dans ce domaine.

Gergely Gulyas, chef de cabinet de M. Orban, a noté que la Chine était « plus forte que l’Union européenne » et que l’intérêt de la Hongrie était d’améliorer ses relations économiques avec ce pays.

« La Hongrie pense qu’il n’est pas utile d’établir des frontières idéologiques lorsqu’il s’agit de relations économiques, et nous nous réjouissons de la visite de deux jours du président chinois », a annoncé M. Gulyas.

Soutenir un pays « plus fort » plutôt que plus démocratique accélérera la propagation de l’autoritarisme dans le monde. La Hongrie constatera que plus elle se rapprochera de Pékin en tant que partenaire junior, plus elle deviendra un État paria pour le reste du monde. Cette voie n’a pas été une réussite pour la Russie, l’Iran, la Corée du Nord, la Birmanie (Myanmar), Cuba ou le Venezuela, et elle ne le sera pas non plus pour la Hongrie.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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