Convoquée mercredi par la DGSI dans le cadre d’une enquête pour « révélation de l’identité d’un membre des forces spéciales », la journaliste du Monde Ariane Chemin a fait valoir la protection des sources et contesté toute « faute ».
Dans le cadre d’une audition libre, Ariane Chemin a été entendue par la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) pendant environ trois-quarts d’heure, en présence de son avocat.
« Je leur ai expliqué que je n’avais fait que mon travail de journaliste et j’ai fait valoir l’article 2 de la loi de 1881 », qui dispose que « le secret des sources des journalistes est protégé dans l’exercice de leur mission d’information du public », a-t-elle dit à l’agence France Presse (AFP).
« Ils m’ont posé beaucoup de questions sur la manière dont j’avais vérifié mes informations, façon indirecte de m’interroger sur mes sources », a-t-elle regretté.
.@ArianeChemin sur sa convocation à la DGSI : « On a l’impression d’une erreur de casting » #le79inter pic.twitter.com/zbCIE0i938
— France Inter (@franceinter) 30 mai 2019
Entre le protocole d’audition et les questions, « tout est fait pour vous convaincre que vous avez commis une faute lourde, ce que nous contestons formellement », a poursuivi la grand reporter, convoquée pour des articles sur les affaires d’Alexandre Benalla -affaire qu’elle a révélée-, et notamment « sur le profil d’un sous-officier de l’armée de l’air, Chokri Wakrim, compagnon de l’ex-cheffe de la sécurité de Matignon ».
Dans un communiqué diffusé sur Twitter, la société des rédacteurs du Monde s’est dite « solidaire de sa consœur Ariane Chemin (…) Elle a porté à la connaissance des citoyens des informations d’intérêt public, ne faisant ainsi que son travail ».
Le SNJ-CGT avait de son côté appelé à un rassemblement devant le siège de la DGSI mercredi en soutien « à tous les journalistes convoqués par l’État français, en violation de la loi sur la liberté de la presse et pour la liberté d’informer ».
SUIVI – «En plus du néon ds les yeux, il y avait un écrou juste à côté de mon poignet gauche, où pendait une paire de menottes. Ça crée une certaine ambiance», Louis Dreyfus, dir. de la publication du Monde, interrogé avec A.Chemin ce matin par la #DGSI.https://t.co/sfdWVjM3gW
— Brèves de presse (@Brevesdepresse) 29 mai 2019
Le président du directoire du journal Le Monde Louis Dreyfus a également été entendu par la DGSI mercredi matin.
Ces convocations interviennent après celles de sept autres journalistes du site Disclose, de Radio France et de l’émission « Quotidien » de TMC, ayant pour point commun d’avoir enquêté sur l’utilisation d’armes françaises au Yémen.
Elles ont soulevé une vague de protestations de journalistes et de personnalités politiques, qui y voient une atteinte au droit d’informer.
Interrogée mardi au Sénat, la ministre de la Justice Nicole Belloubet a confirmé que la convocation de Mme Chemin était « intervenue dans le cadre d’une enquête préliminaire placée sous le contrôle du procureur de la République de Paris. Elle a été ouverte à la suite du dépôt de plainte d’un membre des forces spéciales dont l’identité avait été révélée par ce journal ».
« Une telle convocation ne préjuge en rien de l’éventualité de poursuites qui pourraient être diligentées à l’encontre de ces journalistes, il appartiendra au seul procureur de la République de juger des suites à donner », a-t-elle poursuivi, assurant qu’elle ne devait « en aucun cas être vue comme une tentative d’intimidation ou de menace ».
D. S avec AFP
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