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« La justice ne protège pas suffisamment les médecins », dénonce le docteur Jean-Yves Ollivier

août 27, 2024 14:14, Last Updated: août 27, 2024 14:14
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ENTRETIEN – Le 9 août 2023 à Nice, le docteur Jean-Yves Ollivier, âgé de 80 ans a été très violemment agressé par un patient à la suite d’un contrôle d’arrêt-maladie. Il a reçu plusieurs coups de poing, notamment au visage. Le médecin a porté plainte pour coups et blessures. Au mois de février, son agresseur a été condamné à 6 mois de prison avec sursis pour « violences aggravées » et doit lui verser 4500 euros de dommages et intérêts. Il revient pour Epoch Times sur cette condamnation.

Epoch Times – Jean-Yves Ollivier, comment avez-vous réagi à la condamnation de votre agresseur ?

Docteur Jean-Yves Ollivier – J’ai été assez déçu parce que j’estime qu’à ce jour, cette personne n’a pas reçu la punition de son acte. Il n’a pas fait de prison et n’a toujours rien payé.

Je vais donc entamer une procédure pour tenter de récupérer les 4500 € qu’il me doit. Je ne le fais pas pour l’argent, mais pour le principe. Cette personne doit payer et subir les conséquences de ce qu’il m’a fait.

Ces actes sont totalement inacceptables et justifient une sanction immédiate. Autrement, cela n’a pas de sens.

Aujourd’hui, l’agresseur est en liberté. Craignez-vous qu’il récidive ? N’avez-vous pas peur d’exercer la médecine aujourd’hui ?

Je l’ai craint au départ. Mais je pense qu’avec le temps, il m’a oublié. Du moins, je l’espère. Et puis, j’ai pris quelques précautions de manière que cela ne se reproduise pas. Je suis plus prudent et vérifie si je ne suis pas suivi. Quoi qu’il en soit, il n’a pas intérêt à recommencer étant donné qu’il a été condamné à du sursis. En cas de récidive, il serait immédiatement envoyé en prison. Je crois qu’il doit se tenir tranquille.

Concernant la médecine, je vais continuer à l’exercer. Et encore une fois, je prends beaucoup de précautions. Je sais que mon agresseur s’est mis en colère quand je lui ai annoncé que son arrêt-maladie n’était pas justifié. Par conséquent, j’ai informé les entreprises qui m’emploient que je continuerai à écouter les personnes sur les motifs de leur arrêt, mais que je ne leur donnerai plus mes conclusions si elles sont négatives de manière à ne pas les contrarier et à m’éviter une agression.

Il y a deux semaines, une de vos confrères a été sauvagement attaquée à Marseille. Vous exercez la médecine depuis 1972. Avez-vous constaté depuis le début de votre carrière une augmentation des incivilités et des agressions visant les médecins et les autres professionnels de santé ?

Oui, j’ai ce sentiment. Je m’inquiète de la banalisation de la violence dans nos sociétés autant sur le plan national que global. Malheureusement, peu d’initiatives sont prises pour y remédier.

Mais est-ce que cette banalisation de la violence est vérifiée ou pas ? N’est-ce pas aussi lié au fait que nous ayons accès plus facilement à l’information aujourd’hui ? Je ne sais pas. Ce qui est certain, c’est que les médecins sont moins considérés qu’auparavant.

Vous parlez du manque de considération. Vous vous sentez mal considéré par les gens ? Par l’État ?

Je me sens moins considéré par les gens, mais également par l’État à travers la justice. Les médecins ne sont pas suffisamment protégés face à ce genre d’actes. Les sanctions ne sont pas assez rapides. Je pense qu’il est très important de prononcer des sanctions rapidement pour marquer davantage les esprits au lieu de reporter de six mois la condamnation. Ce qui a été le cas pour la personne qui m’a agressée.

Et la sanction doit être à la hauteur de l’acte. J’estime qu’attaquer un médecin n’est pas un geste anodin. C’est en quelque sorte une remise en question de l’autorité.

Avez-vous été soutenu par l’Ordre des médecins après votre agression ?

J’ai été soutenu un peu mollement. J’aurais souhaité que l’Ordre des médecins prenne des initiatives pour protéger les médecins contrôleurs. Jusqu’à présent, j’étais obligé de donner aux patients les motifs de mes conclusions. Et l’Ordre des médecins n’a pas jugé utile de penser à rectifier cette obligation qui ne correspond plus à la réalité, puisque nous ne pouvons plus donner des conclusions aux patients sans risquer notre vie.

Pour être tout à fait honnête, j’ai risqué ma vie l’année dernière. Au regard de la manière dont mon agresseur s’acharnait sur moi, j’aurais pu être tué. Heureusement qu’un passant est intervenu.

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