L’industrie textile, soumise dans le monde entier à l’implacable concurrence asiatique, parie au Pérou sur la laine d’alpagas, dont la production durable génère des emplois et de la valeur ajoutée.
Dans la ferme Pacomarca, située à 6 km de la ville de Lialli, non loin du lac Titicaca (sud-est), des centaines d’alpagas paissent dans des prairies d’altitude.
« Les alpagas sont l’un des rares animaux qui peuvent survivre à plus de 4.000 mètres et êtres rentables pour leurs éleveurs », explique le biologiste Alan Cruz, le directeur de la ferme, un centre de recherches du groupe textile Inca, dédié aux études génétiques des alpagas (Vicugna pacos).
Chaque animal de la ferme porte une étiquette à l’oreille qui permet aux chercheurs de consulter toute une base de données, notamment sur la laine produite. Dans un pays qui compte 4 millions de spécimens, soit 85% du cheptel mondial, le reste se trouvant en Bolivie et au Chili, ces recherches ont avant tout un but économique.
En effet, plus la fibre de la laine de l’alpaga est délicate, plus son prix est élevé, lui permettant de se positionner sur le marché haut de gamme à côté du cachemire d’Inde et du mohair d’Afrique du Sud, un des plus gros producteurs mondiaux.
La laine d’alpaga, un animal domestiqué il y a 6.000 ans par les anciens habitants des Andes, est ainsi devenue le fer de lance de la prospère industrie textile péruvienne (1,4 milliard de dollars d’exportations en 2018), en particulier à Arequipa, la deuxième ville du pays (sud-ouest).
Fondée en 1931, l’entreprise Michell est le leader de l’industrie lainière dans le pays, employant 2.500 employés dans ses diverses filiales. Mais le secteur compte aussi de petites et moyennes usines de filature et de confection, dont certaines se consacrent à la « maquila », c’est-à-dire à la fourniture de laine pour d’autres grands producteurs.
« Le processus de lavage et de finition est la chose la plus importante dans l’alpaga », explique Erika Muñoz, à la tête de Brisan, une petite usine de vêtements, où travaillent une douzaine de personnes. Une autre entreprise, Art Atlas, 500 employés, a connu une croissance vertigineuse. Petite entreprise de tricots à ses débuts il y a deux décennies, elle conçoit, fabrique et exporte maintenant des milliers de vêtements chaque année.
« Il y a cinq ans, nous avons décidé de lancer notre propre marque, avec l’idée de générer notre propre activité en basse saison. Notre collection a été très bien accueillie sur le marché », explique sa fondatrice, Jessica Rodriguez. Au total, le secteur emploie 250.000 familles qui vivent directement ou indirectement de l’alpaga, depuis les modestes pasteurs andins jusqu’aux grands industriels.
Les exportations de textiles en laine d’alpaga ne rivalisent pas avec celles des textiles en coton (744 millions de dollars en 2018, l’organisme chargé de promouvoir le pays), mais les prix sont plus élevés et elles progressent plus rapidement. En 2018, le Pérou a exporté pour 308 millions de dollars d’alpaga, soit 22% de plus qu’en 2017, selon l’association des industriels. Le prix du textile en alpaga était de 91 dollars/kilo en 2018, contre 44 dollars/kilo pour le coton péruvien.
Comme la vigogne, le lama et le guanaco, l’alpaga, dont il existe deux espèces le huacaya et le suri, a pour ancêtre le chameau. Chaque animal produit trois kilos de laine. La fibre la plus fine et coûteuse est baptisée « baby alpaca », même si elle ne vient pas spécifiquement des bébés alpagas.
Pendant des décennies, les fabricants péruviens ont privilégié la laine blanche, teinte par la suite. Mais la demande pour des coloris naturels, une trentaine, ne cesse de croître. La laine noire est plus rare, 60% des animaux étant blancs. Pour cette raison, la ferme Pacomarca a lancé un programme de « récupération » de l’alpaga noir, qui représente actuellement 10% du cheptel, explique Alan Cruz.
La laine d’alpaca a beau être un produit national, la demande de vêtements dans cette matière connue pour sa douceur et sa résistance, n’en demeure pas moins faible au Pérou. Et pour cause : un manteau de laine se vend environ 500 dollars, presque deux fois le salaire minimum mensuel (300 dollars.)
E.T avec AFP
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