POLITIQUE

La liberté religieuse au Canada est en déclin selon l’ancien ambassadeur pour la liberté de religion

La liberté de religion s'est érodée de diverses façons, d'après Andrew Bennett
mars 27, 2021 4:42, Last Updated: mars 27, 2021 4:43
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En tant qu’unique et premier ambassadeur de la liberté de religion au Canada, Andrew Bennett s’est fait porte-parole des pratiquants religieux persécutés en Chine et en Iran, ainsi que dans d’autres pays notoirement connus pour leur suppression de la liberté de croyance.

Heureusement, les Canadiens ne font pas l’objet de persécutions religieuses, mais Andrew Bennett signale toutefois qu’il y a une érosion progressive de cette liberté au Canada, ce qu’il juge préoccupant.

« C’est un processus lent, mais qui se manifeste plus clairement à l’heure actuelle […] de différentes façons », a-t-il déclaré à Epoch Times.

M. Bennett est le directeur de l’Institut Cardus pour la liberté religieuse et est un diacre ordonné dans l’Église ukrainienne gréco-catholique du diocèse de Toronto et pour l’Est du Canada. Il a dirigé le Bureau de la liberté religieuse canadien de 2013 à 2016, avant que celui-ci ne soit démantelé sous le gouvernement libéral.

Andrew Bennett affirme qu’il y a un « rétrécissement » de la liberté religieuse qui se manifeste dans des domaines tels que les droits à la liberté de conscience, où les changements législatifs effectués ne comprennent pas de dispositions permettant aux fidèles d’adhérer à leurs croyances profondes.

Les points de vue religieux sont également régulièrement mis à l’écart du discours public et de la société civile, y compris dans l’élaboration de la législation relative aux questions morales sensibles, a-t-il déclaré.

« Je pense qu’il est très difficile aujourd’hui, dans notre pays, pour les personnes ayant de fortes convictions religieuses, de se faire entendre », a-t-il déclaré.

« Les opinions religieuses, le langage religieux, sont absents de nos médias. C’est absent de notre discours politique, absent de nos universités. »

Législation « discriminatoire »

Deux textes de loi controversés – un projet de loi visant à interdire la « thérapie de conversion » et un autre visant à élargir l’accès à l’aide médicale à mourir (AMM) – sont des exemples où l’apport des communautés religieuses semble avoir été ignoré, note M. Bennett.

Le projet de loi C-7, récemment adopté, étend l’aide médicale à mourir aux personnes qui ne sont pas en phase terminale et à celles atteintes de maladie mentale. Les groupes de croyants, les défenseurs des handicapées et les médecins ont dénoncé le projet de loi, affirmant qu’il crée une culture d’accès facile à la mort et expose les populations vulnérables au risque d’être poussées vers une mort assistée.

« Je suis préoccupé par le fait que les tentatives d’introduire la protection des libertés de conscience [dans] le projet de loi C-7 ont été rejetées du revers de la main », a déclaré M. Bennett, faisant référence aux groupes qui ont soulevé la question lors des audiences du comité.

Comme son prédécesseur, le projet de loi C-14, le projet de loi C-7 n’exige pas que les fournisseurs de soins de santé administrent l’aide médicale à mourir contre volonté, mais les critiques disent qu’il manque des protections pour ceux refusant de référer ou de procurer aux patients l’aide médicale à mourir.

La Coalition pour les soins de santé et la conscience note que plusieurs collèges des médecins provinciaux ont créé des politiques obligeant les médecins à participer à l’orientation de patients vers l’aide médicale à mourir, même si cela va à l’encontre de leurs convictions.

« Que deviendront les médecins qui ne croient pas qu’administrer la mort est une bonne médecine ? » demande le groupe dans un communiqué de presse du 9 mars.

Le ministre canadien de la Justice David Lametti a voté en faveur d’une motion sur le projet de loi C-7, l’aide médicale à mourir (Sebastian ter Burg/Wikimedia Commons)

M. Bennett souligne également une décision du plus haut tribunal de l’Ontario en 2019, qui a obligé les médecins de la province à donner des références pour des services médicaux comme l’avortement et l’euthanasie, même si cela entre en conflit avec leurs croyances religieuses.

« C’est comme si vous n’aviez pas volé la banque, mais aviez conduit la voiture pour s’enfuir », a-t-il dit à propos de cette politique.

M. Bennett s’est prononcé contre les changements controversés apportés par le gouvernement dans le programme d’emplois d’été pour étudiants en 2018 afin de financer uniquement les groupes qui soutiennent les « droits reproductifs », dont l’avortement. Cette décision a montré un « préjugé ouvert » contre les groupes religieux, a-t-il dit.

« Tout d’un coup, ces organisations ont été coupées du financement public », a déclaré M. Bennett. « Ce n’est pas acceptable, car c’est discriminatoire. »

De même, il s’inquiète de la protection des droits des croyants autour du nouveau projet de loi des libéraux sur la « thérapie de conversion », affirmant que la définition large de la thérapie de conversion pourrait criminaliser les conversations de base sur l’identité sexuelle échangées avec les chefs d’église ou les parents.

Présenté à la Chambre des communes le 1er octobre 2020, le projet de loi C-6 vise à créer des infractions criminelles pour « une pratique, un traitement ou un service conçu pour changer l’orientation sexuelle d’une personne en hétérosexuelle, pour changer l’identité ou l’expression de genre d’une personne en cisgenre ou pour réprimer ou réduire une attirance ou un comportement sexuel non hétérosexuel ou une expression de genre non cisgenre ».

Selon M. Bennett, cette définition classe les conseils pastoraux de routine dans la même catégorie que les « abus psychologiques et physiques » historiquement associés à la thérapie de conversion.

« Les conversations de nature pastorale doivent être protégées de la même manière que les conversations entre un parent et son enfant », a-t-il déclaré.

Logique de confinement

La question de la liberté religieuse a été mise en avant pendant la pandémie, les églises s’opposant aux responsables de la santé sur le droit de pratiquer leur culte et sur la question de savoir si les services religieux doivent être considérés comme « essentiels ».

M. Bennett estime que les limites imposées aux rassemblements à l’intérieur et les exigences de distance sociale sont justifiées. Cependant, il s’insurge contre « l’approche inégale » adoptée par certaines juridictions à l’égard des services religieux par rapport aux services laïques, qui semble discriminatoire ou contraire aux preuves scientifiques.

« En Colombie-Britannique, les lieux de culte sont fermés depuis des mois alors que les repas dans les restaurants sont toujours autorisés, et d’autres lieux de rassemblement intérieurs ont été ouverts », a-t-il déclaré.

« C’est une limite déraisonnable à la liberté de religion, à mon avis. »

La pandémie a mis en évidence l’importance de la communauté pour le bien-être, que l’on soit croyant ou non, ajoute-t-il.

Le père Peter Turrone marque une pause alors qu’il dirige une messe du dimanche des Rameaux dans une église vide à l’église catholique St. Thomas Aquinas de Toronto, au Canada, le 5 avril 2020. (Cole Burston/Getty Images)

L’érosion de la liberté de religion va de pair avec des changements culturels plus larges tels que l’adoption du sécularisme, de l’individualisme, du « matérialisme extrême » et de la « désagrégation de la communauté », explique M. Bennett, qui est également directeur de l’engagement des communautés religieuses chez Cardus.

Mais la société a également une « compréhension étroite » de ce qu’est la liberté religieuse, dit-il, reléguant la liberté à ce qui se passe entre les murs d’un lieu de culte désigné.

« Je ne peux pas séparer mon moi public de mon moi religieux, ni même considérer mon moi religieux comme une réalité purement privée », a-t-il déclaré. « La religion, tout au long de l’histoire de l’humanité, s’est exprimée publiquement. »

Les communautés religieuses ont adopté un certain niveau d’autocensure sous la pression d’une société et d’institutions de plus en plus laïques, ajoute-t-il.

« Nous avons permis au débat public dans le pays de s’appauvrir parce que nous n’avons pas été assez courageux pour nous exprimer à travers notre expérience de notre foi et à travers nos convictions religieuses. »

Mais la santé de la liberté religieuse reflète la santé globale d’une démocratie et d’autres libertés fondamentales, dit-il, et les libertés ne peuvent être protégées que si elles sont chéries et exercées.

« Nous devons nous assurer que nous ne considérons pas [les libertés] comme acquises, mais que nous les entretenons, et que les débats publics dans le pays sont très pluralistes et ouverts. Et que lorsque nous disons diversité, nous voulons vraiment dire diversité – nous voulons avoir une diversité de dialogue. »

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