« C’est quelque chose qu’on ne fait qu’une fois dans une vie », s’enthousiasme le maître-verrier Emmanuel Putanier. Depuis un an, il s’attèle avec son équipe à rendre leur splendeur à des vitraux du XIIe siècle de la basilique de Saint-Denis.
L’heure de la renaissance pour cette vaste église située aux portes de Paris ? Restée dans l’ombre de Notre-Dame, la nécropole des rois de France, elle abrite les dépouilles de 43 d’entre eux, fait l’objet, depuis plusieurs années, d’importants travaux de rénovation.
Depuis un an, les vitraux du déambulatoire sont l’objet de toutes les attentions. Ce chantier de plus de 2 millions d’euros a mis près de 25 ans à se concrétiser.
« Le temps du patrimoine est un temps long », souligne auprès de l’AFP Laurent Roturier, directeur de la DRAC d’Île-de-France, en charge du projet.
« On est au bout du chemin »
Sur un plancher provisoire qui permet d’accéder aux voûtes de la basilique, classée parmi les monuments historiques en 1862, M. Roturier contemple la pose de plusieurs vitraux.
« On est au bout du chemin », glisse dans un sourire Guillaume Urvoas, vitrailliste. Un chemin long et fastidieux débuté en 1997.
C’est à cette date que les plus anciens vitraux de la basilique sont mis à l’abri au laboratoire de recherche des monuments historiques (LRMH). Datant de la moitié du XIIe siècle, ils constituent un jalon de l’histoire du vitrail, ce qui les rend exceptionnels.
Abîmés par le temps, usés par les intempéries, ces vitraux sont donc retirés. À leur place, des fac-similés en polycarbonate sont installés.
S’ouvre alors un débat qui durera plusieurs années : faut-il les restaurer pour les réinstaller ou créer de parfaites copies ?
C’est la deuxième option qui a été choisie par les experts. Au total, ce sont près d’une vingtaine de copies qui ont été réalisées.
Un projet titanesque qui a commencé par un travail de recherche et documentation sur ces vitraux. Car, rappelle l’architecte du patrimoine Thomas Clouet, ils ont été démontés au moment de la Révolution française.
« On est sur un travail d’une précision folle »
S’ils n’ont pas été vandalisés, reste que certains morceaux ont été dispersés. « Il y a eu un travail de veille pour les retrouver, reconstituer leur histoire, leur parcours afin de pouvoir ensuite passer à la phase copie », détaille Laurent Roturier.
« On est sur un travail d’une précision folle. Tantôt sur la palette des couleurs ou la composition. C’est quelque chose qu’on ne fait qu’une fois dans une vie », assure le maitre-verrier Emmanuel Putanier, également directeur de l’entreprise Vitrail France.
« Notre cahier des charges était lourd. Comme on ne pouvait pas sortir les originaux du laboratoire, on a mis en place un mode opératoire pour faire des relevés directement sur place », poursuit-il.
Surtout, il a fallu veiller à l’harmonie de l’ensemble : au cours des siècles, la basilique a fait l’objet de vagues successives de travaux. « On a pris en compte l’altération du temps dans les copies. Il ne fallait pas qu’ils paraissent neufs ou modernes », dit Emmanuel Putanier.
Les pièces sont ensuite intégrées dans des verrières qui datent pour la plupart du XIXe siècle.
« Le plus important pour nous était de retrouver ce rapport à la lumière car c’est là l’esprit qui a présidé à l’édification de cette basilique, comme l’ont voulu ses fondateurs », insiste Laurent Roturier.
D’autres travaux de rénovation sont en cours, notamment sur les tabernacles, dans cette basilique visitée chaque année par plus de 130.000 personnes.
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