La majorité des pays de l’OTAN enregistrent une forte hausse de leurs dépenses militaires

Alors que la guerre se poursuit en Ukraine, les membres de l'OTAN dépensent des milliards de dollars supplémentaires pour la défense

Par Chris Summers
15 décembre 2024 20:13 Mis à jour: 15 décembre 2024 20:13

Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a souvent reproché aux autres pays de l’OTAN de ne pas remplir leurs obligations financières à l’égard de l’alliance militaire. Mais à son retour à la Maison Blanche en janvier, il rencontrera sans doute beaucoup moins de résistance.

L’appétit des nations européennes pour des dépenses de défense plus importantes a été aiguisé par la guerre en Ukraine et par les menaces permanentes du président russe Vladimir Poutine.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen – la dernière en date des nombreuses personnalités politiques européennes à le faire – a déclaré le 28 novembre que le bloc de l’OTAN avait besoin d’une augmentation « massive » des dépenses de défense.

Mais quel est le montant exact des contributions de chaque pays ? Comment les contributions se comparent-elles historiquement ? Combien les membres dépensent-ils pour la guerre en Ukraine ? Et combien sont-ils prêts à dépenser de plus ?

Quels sont les objectifs immédiats de l’OTAN ?

En 2014, l’OTAN s’est fixé pour objectif d’amener tous ses membres à dépenser 2 % de leur PIB avant 2024.

En juillet 2023, lors d’un sommet dans la capitale lituanienne Vilnius, les membres de l’OTAN ont signé un communiqué qui réaffirme le minimum de 2 %, mais qui ajoute : « Nous nous engageons à investir au moins 20 % de nos budgets de défense dans des équipements majeurs, notamment dans la recherche et le développement qui s’y rapportent. »

Les chiffres officiels de l’OTAN pour 2023, publiés en mars de cette année, indiquaient que seuls 10 des 31 alliés des États-Unis au sein de l’OTAN avaient atteint l’objectif de dépenses de 2 % du PIB. Mais en l’espace d’une année, selon les estimations provisoires de l’OTAN pour 2024, publiées en juin, ce nombre est passé à 23 sur 31.

Qui a atteint l’objectif et qui est à la traîne ?

La Pologne, le pays de l’OTAN le plus proche de l’Ukraine, a consacré 4,1 % de son PIB à la défense (contre 1,8 % en 2014).

C’est plus que les États-Unis, qui consacrent cette année environ 2,7 % de leur PIB à la défense.

Selon l’OTAN, les dépenses de défense des États-Unis représentent environ les deux tiers des dépenses globales de l’alliance.

La Grèce, traditionnellement très dépensière en raison du risque de conflit avec la Turquie voisine, dépense 3 % de son PIB, et les pays baltes, pour des raisons évidentes, ont déboursé un montant similaire.

(Illustration par The Epoch Times)

La Roumanie, voisine de l’Ukraine, contribue à hauteur de 2,25 % de son PIB, contre 1,6 % en l’espace de 12 mois seulement.

La semaine dernière, un candidat indépendant qui a critiqué l’OTAN et l’Union européenne, Calin Georgescu, a remporté le premier tour de l’élection présidentielle roumaine.

La Grande-Bretagne dépasse la barre des 2 %, mais après avoir été nommé premier ministre en juillet, Keir Starmer a refusé de dire quand son gouvernement travailliste atteindrait son propre objectif de 2,5 %.

La France est arrivée juste au-dessus de l’objectif, avec 2,06 %.

L’Allemagne, dont le poids politique et militaire pourrait être important, a franchi la barrière cette année et consacre désormais 2,12 % de son budget à la défense.

La Turquie, qui se situe actuellement à 2,09 %, a également atteint l’objectif au cours des 12 derniers mois.

L’armée turque tient non seulement la partie nord de Chypre, qu’elle occupe depuis 1974, mais est également impliquée dans le conflit syrien, qui reprend de plus belle.

Ces derniers jours, le groupe terroriste Hayat Tahrir al-Sham s’est emparé de la ville d’Alep, dans le nord de la Syrie.

Parmi les pays de l’OTAN qui dépensent le moins, on trouve les Canadiens, qui dépensent 1,37 % de leur budget.

Le 25 novembre, le Premier ministre Justin Trudeau a déclaré que le Canada était sur la « bonne voie » pour atteindre l’objectif de dépenses de défense de 2 % du PIB d’ici 2032, soit 8 ans après la date cible fixée par l’OTAN.

En bas de la liste, on trouve l’Espagne, qui consacre 1,28 % de son PIB à la défense.

L’Espagne n’a rejoint l’OTAN qu’en 1982, et ses dépenses de défense étaient bien plus élevées avant son adhésion, en particulier avant la mort du dictateur et ancien général Francisco Franco, en 1975.

À titre de comparaison, l’Ukraine consacre actuellement 37 % de son PIB à la défense, tandis qu’Israël aura dépensé bien plus que les 4,5 % qu’il a déclarés en 2023.

Comment les dépenses ont-elles évolué ?

L’OTAN a été créée en 1948, trois ans après la victoire des États-Unis, de la Grande-Bretagne et de l’Union soviétique sur l’Allemagne nazie et l’empire du Japon.

Les États-Unis s’étaient initialement tenus à l’écart de la Seconde Guerre mondiale, déclenchée par l’expansionnisme et l’agression de l’Allemagne, mais ils y ont été entraînés après l’attaque de Pearl Harbor par le Japon.

L’Empire britannique, qui venait d’accorder l’indépendance à l’Inde et au Pakistan, était dans une situation financière déplorable, tout comme la France, tandis que l’Allemagne était en ruine et à des années du miracle industriel qui ferait d’elle la nation la plus riche d’Europe.

En 1955, l’Union soviétique a créé le Pacte de Varsovie, une alliance de pays communistes d’Europe de l’Est, en réponse à la création de l’OTAN.

Une carte montre l’Europe pendant la guerre froide en 1989. (Illustration par The Epoch Times)

Les dépenses de défense sont restées relativement élevées pendant la guerre froide mais, selon un tableau figurant dans un document académique de Jarosław Wołkonowski, historien polono-lituanien, elles ont diminué progressivement en fonction des engagements de chaque pays.

Le Canada, qui a participé à la guerre de Corée, a dépensé 7,37 % en 1953, mais ce chiffre est tombé à 2,15 % en 1970.

La France a dépensé 5,89 % en 1962 – à la fin de la guerre coloniale d’Algérie – pour tomber à 3,77 % en 1980.

La Grande-Bretagne a dépensé 7,66 % en 1956 – l’année de la crise de Suez – et dépensait encore 4,46 % en 1981, alors qu’elle était impliquée dans le conflit d’Irlande du Nord.

Lorsque l’Union soviétique s’est effondrée en 1991, les dépenses mondiales de défense ont chuté, atteignant leur point le plus bas – 1144 milliards de dollars – en 1996, soit une baisse d’un tiers par rapport aux 1730 milliards de dollars dépensés en 1988.

L’Allemagne a été unifiée et des milliers de soldats américains ont été retirés d’Europe.

Mais en 2000, le président Vladimir Poutine est arrivé au pouvoir et la Russie, stimulée par ses exportations de pétrole, de gaz et de minerais, est redevenue une puissance économique et a cherché de plus en plus à exercer sa puissance politique et militaire.

Depuis lors, un graphique figurant dans un communiqué de presse de l’OTAN donne des détails frappants.

Une carte montre l’Europe après l’adhésion de la Finlande et de la Suède à l’OTAN. (Illustration par The Epoch Times)

Les dépenses de défense des membres de l’OTAN ont diminué de 2,7 % en 2012, mais en 2017, elles ont augmenté de 5,9 %.

Qu’en est-il du soutien de l’OTAN à l’Ukraine ?

Le taux a ensuite baissé à nouveau, mais en 2023, il a augmenté de 9,3 % pour atteindre, selon les estimations, 17,9 % en 2024.

Le graphique coïncide presque parfaitement avec les incidents relatifs à l’agression russe : en 2014, la Russie a annexé la Crimée et approvisionné les séparatistes du Donbass, puis, en février 2022, elle a lancé une véritable invasion de l’Ukraine.

Qu’en est-il de l’Ukraine ?

L’Ukraine n’est pas membre de l’OTAN – si elle l’avait été, l’alliance aurait eu le devoir de se porter à sa défense lorsque la Russie l’a envahie en février 2022.

Mais l’OTAN considère l’Ukraine comme un tampon vital entre la Russie et l’Europe de l’Est et craint que si elle cède, Moscou ne s’enhardisse.

Dans l’avant-propos de son dernier rapport annuel, Jens Stoltenberg, alors secrétaire général de l’OTAN, déclarait : « Soutenir l’Ukraine n’est pas de la charité, c’est dans l’intérêt de notre propre sécurité. »

Le 27 novembre, sept pays, tous membres de l’OTAN – la Pologne, la Suède, le Danemark, l’Estonie, la Finlande, la Norvège et la Lettonie – se sont réunis à Harpsund, en Suède, et ont publié une déclaration commune dans laquelle ils affirment que « le courage et la résilience de l’Ukraine seront soutenus par un appui solide et inébranlable de nos pays, dont l’assistance militaire fait partie intégrante », avant d’ajouter de manière révélatrice : « Nous encourageons les autres à faire de même. »

Le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, a déclaré à Athènes le 26 novembre : « Notre soutien à l’Ukraine lui a permis de continuer à se battre, mais nous devons aller plus loin pour changer la trajectoire du conflit. »

Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyy (à gauche) et le Premier ministre néerlandais sortant Mark Rutte se serrent la main lors d’une visite de la base aérienne militaire d’Eindhoven, à Eindhoven, aux Pays-Bas, le 20 août 2023. (Rob Engelaar/ANP/AFP via Getty Images)

Par ailleurs, l’Union européenne – dont les membres font partie de l’OTAN, à l’exception de l’Autriche, de Chypre, de Malte et de la République d’Irlande – a fait don de 45,5 milliards d’euros (48 milliards de dollars) à l’armée ukrainienne.

Qu’en est-il de l’avenir ?

L’OTAN tiendra un sommet à La Haye en juin 2025 et le nouveau secrétaire général, M. Rutte, pourrait tenter de fixer un nouvel objectif, plus élevé, pour les dépenses de défense, étant donné que l’objectif de 2 % a été fixé il y a dix ans et que la plupart des membres de l’OTAN l’ont désormais dépassé.

Le 3 décembre, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, M. Rutte a déclaré : « Nous devons faire plus. Il ne suffira pas de s’en tenir à 2 % car, à plus long terme, cela signifierait que notre force de dissuasion n’est pas suffisante. »

Par ailleurs, il pourrait demander aux pays de l’OTAN de contribuer davantage à l’effort de guerre ukrainien, si la guerre est toujours en cours.

Pendant la campagne électorale, Trump a promis d’y mettre fin rapidement.

Le 21 novembre, Oana Lungescu, ancienne porte-parole de l’OTAN, a déclaré lors d’une séance d’information à l’Institut royal des services publics (Royal United Services Institute) à Londres : « Il est évident que nous sommes dans une meilleure situation qu’auparavant, mais est-ce que 2 % suffisent ? Est-ce que quelqu’un ici pense que 2 % est suffisant ? »

« Je pense qu’il y aura une forte poussée vers 3 % et franchement, nous ne devrions pas avoir besoin de Donald Trump pour nous dire que nous avons besoin de 3 % parce que réellement, s’il y a un changement ou une modération de l’engagement des Etats-Unis envers l’Europe […] nous aurons besoin de 4 % et 5 % du PIB pour la défense. »

Mme Lungescu a cité un sondage d’opinion publié en Allemagne au début du mois, selon lequel « 50 % des personnes interrogées ont déclaré que 3 à 3,5 % [du PIB] était une bonne chose, ce qui représente un énorme changement de mentalité pour l’Allemagne ».

Avec Reuters.

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