La mort de l’ancien dirigeant chinois Jiang Zemin, ayant lancé une des campagnes les plus sanglantes de l’histoire moderne contre un groupe religieux, a suscité de nouveaux appels de la part des défenseurs des droits de l’homme pour que le régime chinois soit tenu responsable de ses abus à grande échelle.
Jiang Zemin a accédé au pouvoir suite au massacre de Tiananmen en 1989. Il est devenu le secrétaire général du Parti communiste chinois (PCC) de 1993 à 2003. Son influence au sein du Parti a longtemps persisté après son départ.
Sa mort, survenue le 30 novembre à la suite d’une leucémie et d’une défaillance multiviscérale, a remis un coup de projecteur sur les atrocités commises par Pékin. Les opposants au régime et les défenseurs des droits de l’homme considèrent que Jiang Zemin a avant tout été l’architecte d’un système violant les droits de l’homme par des moyens aussi divers que variés. Aujourd’hui encore, pour des millions de personnes en Chine, son legs est synonyme de droits fondamentaux réduits à néant.
« Jiang Zemin est mort en boucher couvert de honte », déclare pour Epoch Times Chen Yonglin, ancien consul des affaires politiques au consulat de Chine à Sydney qui a fait défection en Australie en 2005.
Répression sanglante
Au sein de la communauté des droits de l’homme, Jiang Zemin est surtout connu pour avoir lancé la persécution du Falun Gong. Aujourd’hui encore, après plus de vingt ans, cette persécution se poursuit.
Le Falun gong est une discipline spirituelle qui comporte des exercices de méditation et des enseignements moraux fondés sur les principes de vérité, de compassion et de tolérance. Au cours des années 1990, le Falun Gong a gagné en popularité, si bien qu’on estimait à 100 millions le nombre de pratiquants en Chine. Dès lors, la popularité du Falun Gong constituait une menace pour le régime autoritaire de Jiang Zemin.
En 1999, Jiang Zemin a créé un organe extrajudiciaire semblable à la Gestapo, le Bureau 610, pour éradiquer la discipline spirituelle. Dans les années qui ont suivi, les pratiquants de Falun Gong ont donc été emprisonnés par millions, torturés, envoyés dans des camps de travaux forcés, des prisons, de prétendus centres de désintoxication ou des asiles psychiatriques.
Les enquêteurs internationaux savent que, depuis le début des années 2000, la pratique des prélèvements forcés d’organes sur les pratiquants de Falun Gong s’est généralisée et s’effectue sous la supervision du régime. Aujourd’hui, ce trafic d’organe institutionnalisé dure depuis plus de vingt ans.
L’éloge funèbre officiel des médias chinois a salué le rôle de Jiang Zeming dans la répression des manifestations de Tiananmen en 1989 et décrit sa mort comme une perte inestimable pour le Parti. Mais Chen Yonglin, personnellement témoin du massacre de Tiananmen et qui a perdu son père au cours de la révolution culturelle, considère sa mort tout autrement.
« Le Parti communiste chinois est un syndicat du crime, et il en était le timonier. Il traine derrière lui une montagne de sang. »
Le début de la fin ?
Pour Erping Zhang, porte-parole du Centre d’information sur le Falun Dafa, la mort de Jiang Zemin offre l’occasion de réfléchir.
Si elle peut être une source de réconfort pour les dissidents et les victimes de son oppression, c’est également une occasion manquée de le traduire en justice, explique-t-il.
Selon lui, il est peut-être temps pour les fervents partisans de Jiang Zemin en Chine, de devoir se ranger.
La mort de l’ancien dirigeant survient alors que le PCC est confronté à son plus grand défi depuis des décennies.
Depuis une semaine, des manifestations ont éclaté dans plus d’une dizaine de villes chinoises pour exiger la fin de la politique zéro Covid draconienne du régime. Certains manifestants sont allés jusqu’à réclamer le renversement du PCC.
Pour Erping Zhang, cette évolution rappelle ce qui s’est toujours produit à la veille d’un changement dynastique, le pays était divisé et l’hostilité montait de toutes parts.
« Lorsque la persécution du Falun Gong a commencé, environ 100 millions de personnes ont été ciblées. Bien des Chinois ont évité de s’engager, considérant qu’ils n’étaient pas concernés. »
« Puis [le PCC] s’en est pris aux chrétiens, aux avocats des droits de l’homme et aux Ouïghours du Xinjiang. Aujourd’hui, la politique zéro Covid touche tout le monde. Personne n’est à l’abri. »
Chen Yonglin rejoint ces conclusions.
« Le PCC est tombé de sa tour d’ivoire et se trouve maintenant dans une situation précaire. » Il estime que la mort de Jiang Zeming et les manifestations contre les confinements pourraient éventuellement être un prélude à la chute du régime.
Mais sa mort n’est en aucun cas synonyme d’amnistie, déclare Chen Yonglin. Tôt ou tard, le PCC et les complices de Jiang Zemin « devront régler leurs dettes ».
Luo Ya a contribué à cet article.
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