La nomination du Premier ministre attendue ce jour… sauf nouveau délai d’Emmanuel Macron

Par Epoch Times avec AFP
12 décembre 2024 16:00 Mis à jour: 12 décembre 2024 16:07

Emmanuel Macron doit nommer jeudi en fin de journée un nouveau Premier ministre qui aura la lourde tâche de rechercher un accord pour survivre plus longtemps que l’éphémère Michel Barnier et faire adopter un budget dans un paysage politique toujours aussi fracturé.

Quel nom pour extirper le pays d’une crise politique sans précédent ? François Bayrou, le fidèle allié centriste qui attend toujours son heure et semblait cette fois favori ? Ou bien Bernard Cazeneuve, pour récompenser les gages donnés par le Parti socialiste, dont certains députés, parmi lesquels l’ex-président François Hollande, adoubent in extremis l’ancien Premier ministre ? À moins qu’un autre prétendant soit préféré à ces deux ténors, qui se respectent et se parlent.

C’est en tout cas théoriquement le jour J : le président avait promis mardi après-midi un chef de gouvernement « dans les 48 heures ». Un serment fait aux dirigeants de formations d’un arc allant des communistes à la droite, réunis à l’Élysée en quête de compromis et en l’absence du Rassemblement national et de La France insoumise.

Emmanuel Macron écourte sa visite en Pologne

Or, Emmanuel Macron, qui a un temps espéré annoncer son choix mercredi soir, une semaine exactement après la censure historique du gouvernement Barnier, est arrivé jeudi en Pologne. Mais il a « écourté » son programme, annulant une visite prévue à 16h00 au Musée de l’Insurrection de Varsovie, pour bien être de retour à Paris « en début de soirée », a annoncé son entourage.

Une fois à l’Élysée, il pourrait recevoir son candidat et dévoiler son nom, potentiellement à temps pour les journaux télévisés de 20h00. Sauf nouveau retard d’un Emmanuel Macron qui a souvent la nomination lente et laborieuse, à tel point que même ses proches ne pouvaient garantir jeudi que le délai serait tenu.

« Ça coince » car le président cherche à s’assurer au préalable que le futur exécutif bénéficiera d’un « pacte de non censure » de la part notamment du Parti socialiste, voire des Écologistes, explique un proche, qui redoute que « ce soit un espoir vain ». Des contacts informels, directs ou indirects, ont eu lieu mercredi avec ces partis, sans aboutir clairement, selon un cadre du camp présidentiel.

Le président du Mouvement démocrate (MoDem), parti centriste, François Bayrou. (FRED TANNEAU/AFP via Getty Images)

François Bayrou, lui, propose de longue date au chef de l’État un gouvernement de ténors susceptibles de convaincre suffisamment de députés, sans attendre un accord formel entre les chefs de parti.

Olivier Faure plaide pour un Premier ministre de gauche

Le premier secrétaire du PS Olivier Faure avait refusé publiquement mercredi l’option Bayrou, plaidant pour un Premier ministre de gauche. « Il ne peut pas dire autre chose que ça », se rassure-t-on au MoDem, estimant qu’in fine le chef socialiste pourrait accepter de ne pas censurer le centriste.

« Les Français veulent un peu d’enthousiasme, d’élan, de souffle, un truc nouveau quoi », a lancé à son tour jeudi la patronne des Écologistes Marine Tondelier sur France 2, appelant Emmanuel Macron « à sortir de sa zone de confort ».

Bernard Cazeneuve assiste à la 14e convention nationale du Crif à Paris, le 24 novembre 2024. (MAGALI COHEN/Hans Lucas/AFP via Getty Images)

Elle a rejeté ceux qui incarnent le « passé » à ses yeux : François Bayrou mais aussi l’ex-socialiste Cazeneuve, que le président avait consulté formellement en septembre sans toutefois le nommer, mais dont la cote semble être remontée ces dernières heures. Celui qui est devenu avocat « est dans le même état d’esprit qu’auparavant, inquiet de la gravité de la situation, et conscient de l’impossibilité de se dérober si on fait appel à lui », glisse un député proche du dernier Premier ministre de François Hollande.

La France sans budget pour 2025

Dans l’aile droite de la macronie, on préférerait l’inamovible ministre des Armées Sébastien Lecornu, très proche du président, ou sa collègue Catherine Vautrin. Certains redoutent aussi que le parti Les Républicains, après avoir participé à l’aventure Barnier, se défile face à un gouvernement plus marqué à gauche.

Chez LR, François Bayrou suscite en outre une certaine hostilité : toute la journée de mercredi, les couloirs ont bruissé d’un veto de l’ex-chef de l’État Nicolas Sarkozy, qui ne digère pas le vote bayrouiste pour François Hollande face à lui lors de la présidentielle de 2012. « Qui écoute encore Sarkozy chez les Républicains ? », faisait mine de s’interroger un allié du centriste pour balayer cette menace.

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