La «nouvelle guerre civile» en Chine continentale: l’horreur s’installe

Par Gregory Copley
2 novembre 2022 14:56 Mis à jour: 2 novembre 2022 15:53

La « nouvelle guerre civile » en Chine continentale n’a pas été enterrée avec le XXe congrès du Parti communiste chinois, qui s’est conclu ce 22 octobre. Cette guerre est entrée dans une nouvelle phase, d’importance mondiale.

Le retour de la Chine au maoïsme, à la répression de masse et à la famine (en tant qu’outil de répression), ainsi que la priorité donnée aux questions internes sont entrés dans une nouvelle phase avec la réélection de Xi Jinping en tant que secrétaire général du Parti. (Peu s’en fallait, il n’y parvenait pas.)

Avant le Congrès, Xi Jinping a pris soin de purger les hauts responsables de la sécurité. Le Congrès lui a donné l’occasion de continuer dans sa lancée. Pour ne pas jeter d’ombre au tableau, il a également fait retarder la publication accablante des bilans économiques.

La guerre civile au sein du Parti entre maintenant dans une nouvelle phase : les opposants de Xi Jinping ainsi que la population seront désormais réprimés ouvertement.

Les dommages infligés à l’économie internationale seront immenses, mais le coût pour le peuple chinois sera bien plus terrible.

Le seul parallèle est la répression des opposants par Mao Zedong lors de la révolution culturelle (1966-1976) et du Grand Bond en avant (1958-1962). Plusieurs dizaines de millions de Chinois sont morts (les estimations vont de 30 à 60 millions) durant les efforts de Mao pour éliminer toute opposition.

Les famines de masse de l’époque maoïste peuvent être considérées comme les ancêtres des famines urbaines actuelles résultant des confinements imposés au nom du zéro Covid. Xi Jinping se dit (et s’avère être) un maoïste convaincu.

Le XXe Congrès national s’est terminé tel qu’on l’avait globalement prévu : Xi Jinping a obtenu son troisième mandat. Tous ses adversaires ont été évincés des postes importants. La confiance de Xi Jinping dans le fait qu’il les avait tous vaincus est devenue des plus évidentes lorsqu’il a fait évacuer le principal symbole de l’opposition, son prédécesseur au poste de secrétaire général, Hu Jintao. Sous prétexte de faire un malaise, l’homme de 79 ans a été évacué de force lors de la cérémonie de clôture.

Jiang Zemin, 96 ans, secrétaire général du Parti avant Hu Jintao, ne s’est pas même présenté au Congrès. Cette absence a été la première manifestation du triomphe de Xi Jinping, alors même que le Congrès commençait. Finalement, le Premier ministre Li Keqiang a également été écarté du Comité permanent du Politburo, tout comme Han Zheng (le chef du Parti de Shanghai, fidèle à Jiang Zemin). Deux autres membres du Comité permanent ont été remplacés, ayant atteint l’âge officiel de la retraite, le chef de l’organe consultatif du Parti Wang Yang et Li Zhanshu, un allié de longue date de Xi Jinping et président de la Commission permanente du Congrès national du peuple. Les quatre sièges ont été récupérés par des alliés de Xi Jinping.

Xi Jinping et Hu Jintao en train de quitter  la cérémonie de clôture du XXe Congrès.  (Noel Celis/AFP via Getty Images)

Nous n’entendrons probablement plus parler d’eux.

Il y avait des signes en amont et en aval indiquant que Xi Jinping avait remporté la phase initiale de cette « nouvelle guerre civile » au sein du PCC. Le journal South China Morning Post de Hong Kong, autrefois farouchement indépendant, a publié le 24 octobre un article servilement pro-Xi Jinping rédigé par le chroniqueur Alex Lo, intitulé « Les propos malsains sur la petite purge de Xi Jinping ne pourraient être plus éloignés de la vérité ».

La seule différence entre Xi Jinping et le maoïsme d’autrefois tient à la forme et non au fond : Il a abandonné le Petit Livre rouge de Mao, dans lequel on puisait jusque-là tous les slogans visant à endoctriner les masses. Xi Jinping a remplacé tout cela par son Initiative Ceinture et Route (ICR), aussi nommée « Les nouvelles routes de la soie ». Ces slogans n’étaient plus aptes à mobiliser des foules aussi efficacement que l’argent et l’ICR est désormais « le petit chéquier rouge ».

Mais cela ne pouvait fonctionner qu’avec la fortune amassée par les entrepreneurs chinois (et non par le Parti), tant que ces richesses étaient suffisantes pour soutenir les prêts et les « investissements » de l’ICR, souvent illogiques et globalement conçus pour acheter des alliés et non pour garantir un réel retour sur investissement. Désormais, ce projet est en train de s’effondrer, tout comme les finances internes de l’ICR.

Alors, que va-t-il se passer maintenant ?

Xi Jinping a enfin réussi à vaincre ses opposants les plus visibles et les plus dangereux (tels que Jiang Zemin, Hu Jintao, Li Keqiang et Han Zheng). Il reste cependant encore confronté à une opposition massive, dont une partie au sein de l’Armée populaire de libération (APL). La plupart d’entre eux seront contraints d’agir plus discrètement face à la mise à l’écart de l’opposition officielle. Mais on s’inquiète dans les rangs de l’APL et parmi les cadres, Xi Jinping est en mesure de faire couler le navire chinois à force d’actions irréfléchies à l’étranger, comme un assaut militaire sur Taïwan par exemple.

Une question importante est de savoir si Xi Jinping, parvenu à imposer sa dictature absolue, envisage encore d’attaquer Taïwan et de mettre fin à la guerre civile chinoise de toujours, celle qui oppose le Parti communiste aux nationalistes. Cette guerre civile qui remonte à l’émergence de la République de Chine (RdC) suite à la chute de l’ère impériale en 1911-1912 n’est toujours pas achevée. Le gouvernement de la RdC s’est replié à Taïwan et d’autres îles et n’a jamais été vaincu définitivement.

Xi Jinping veut mettre fin à cette guerre ancienne : la « grande » guerre civile. Il doit s’assurer que le PCC reste le vainqueur incontesté sur l’ensemble de la Chine. Néanmoins, désormais dictateur absolu de la Chine, peut-être va-t-il revoir ses priorités et mettre de côté ces efforts hautement symboliques mais coûteux autour de Taïwan et de la RdC.

Tout dépendra de sa capacité à contenir l’agitation (liée au déclin économique) sur le continent. S’il n’y parvient pas, une guerre avec Taïwan présentera deux avantages non négligeables. Tout d’abord, elle constituera une forme de digression, détournant la population du continent de sa propre condition misérable. D’autre part, elle lui permettra de mobiliser des ressources militaires massives qui pourront être utilisées contre Taïwan, mais qui seront aussi plus disponibles pour réprimer la population du continent.

Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : l’économie chinoise va bientôt s’effondrer. La prise de pouvoir draconienne de Xi Jinping (sans même aborder ses positions anti-marché) va faire fuir les investisseurs étrangers et ravager la consommation intérieure. La demande chinoise de matières premières à l’échelle mondiale va continuer à s’effondrer. Les rêveurs d’Australie et de Nouvelle-Zélande, d’Amérique du Nord et d’Europe doivent maintenant se rendre à l’évidence : l’argent que la Chine a injecté dans l’économie mondiale s’est évaporé.

L’Afrique, l’Amérique latine, le Moyen-Orient, l’Asie du Sud-Est et l’Océanie verront tous disparaître le gros argent apporté par la Chine, tandis que Pékin intensifiera ses menaces et ses exigences en recourant à sa diplomatie du guerrier loup.

Gregory Copley est président de l’International Strategic Studies Association, basée à Washington. Né en Australie, il est membre de l’ordre d’Australie, entrepreneur, écrivain, conseiller gouvernemental et éditeur de revues sur la défense. Son dernier livre s’intitule « The New Total War of the 21st Century and the Trigger of the Fear Pandemic » [Nouvelle guerre hors limite du 21e siècle : le déclenchement d’une pandémie de la peur].

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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