Des négociations de paix sur l’Ukraine ne sont possibles que si elles visent à l’établissement d’un « nouvel ordre mondial » sans domination américaine, a estimé vendredi le ministre russe des Affaires étrangères, au cours d’un déplacement en Turquie.
Sergueï Lavrov a en outre menacé de mettre fin à l’accord permettant les exportations de céréales ukrainiennes, essentiel pour assurer la sécurité alimentaire mondiale et rendre possible l’envoi hors de ses frontières de l’importante production agricole de l’Ukraine. « Les négociations (de paix sur l’Ukraine) ne peuvent avoir lieu que sur la base de la prise en compte des intérêts russes », a dit le ministre russe, pendant une conférence de presse avec son homologue turc, Mevlüt Cavusoglu. « Il s’agit des principes sur lesquels sera fondé le nouvel ordre mondial », a-t-il ajouté, dénonçant l’« hégémonisme » américain.
Menace sur l’accord céréalier
Concernant la menace agitée vendredi par M. Lavrov d’enterrer l’accord sur l’exportation des céréales ukrainiennes, Moscou considère que la partie de ce texte qui doit lui permettre d’envoyer sur les marchés étrangers sa propre production agricole et ses engrais n’est pas appliquée. « S’il n’y a aucun progrès dans la levée des obstacles aux exportations d’engrais et de céréales russes, alors nous nous demanderons si cet accord est nécessaire », a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
En mars, la Russie a annoncé qu’elle ne prolongeait sa participation à l’accord céréalier que pour 60 jours, au lieu des 120 prévus par le pacte. L’accord dit de la mer Noire, signé en juillet dernier pour 120 jours entre les Nations unies, l’Ukraine, la Russie et la Turquie a eu pour conséquence d’atténuer la crise alimentaire mondiale provoquée par l’invasion russe. Il avait été reconduit en novembre pour quatre mois et a permis d’exporter plus de 24 millions de tonnes de céréales à partir des ports ukrainiens, selon l’ONU.
Garanties de sécurité réclamées
La Russie a expliqué son invasion de l’Ukraine en février 2022 en affirmant notamment que l’Otan et les États-Unis se servaient de leur allié ukrainien pour s’en prendre à la Russie. Avant d’envahir ce pays voisin, Moscou avait réclamé des garanties de sécurité impliquant en particulier un repli de l’Alliance atlantique d’Europe orientale.
Le Kremlin considère aussi que les Occidentaux lui livrent une guerre par procuration en Ukraine en fournissant à Kiev une aide militaire, une manière aussi d’expliquer l’incapacité de l’armée russe de s’imposer sur le champ de bataille. Ce mois-ci, la présidence russe a dit à plusieurs reprises ne pas voir d’opportunité pour des négociations et ne pas avoir d’« autre solution que de continuer l’opération militaire spéciale », l’euphémisme russe pour décrire son offensive en Ukraine. Le Kremlin a ainsi exclu dans l’immédiat une éventuelle médiation chinoise et un appel à une trêve de son allié, le président bélarusse, Alexandre Loukachenko.
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