Chaque été, ses arabesques éblouissent les passionnés d’aviation et le grand public, lors de manifestations officielles ou de meetings aériens : la Patrouille de France célèbre ses 70 ans, un anniversaire qu’elle fêtera en vol samedi et dimanche, au-dessus de sa base de Salon-de-Provence.
« Vous devriez reconnaître un ‘‘70’’ dans le ciel, qui nous permettra de souffler nos bougies à chaque représentation », prédit le commandant Aurélien Declercq, leader cette année de la « Grande Dame », un des surnoms de la patrouille. Comme chaque année, ses huit membres (et un remplaçant), tous pilotes de chasse comptant au moins 1500 heures de vol et titulaires de la qualification de chef de patrouille, ont multiplié les entraînements entre novembre et avril.
Avec l’arrivée du printemps débute la saison des meetings et des commémorations : samedi et dimanche, ces pilotes d’élite à la combinaison bleu ciel entameront leur tournée estivale à l’occasion du Meeting national de l’Air 2023, sur leurs terres, à la base aérienne 701 de Salon-de-Provence. Quelque 80.000 fanas d’aviation y sont attendus pour admirer aussi des démonstrations de l’énorme avion de transport A400M Atlas, de l’équipe de voltige de l’armée de l’Air, du Rafale ou des patrouilles acrobatiques suisse, britannique ou saoudienne notamment.
Un vecteur de recrutement
Et, en point d’orgue, la Patrouille de France : « Elle dépasse vraiment le cadre des passionnés d’aviation, tout le monde la connaît », résume auprès de l’AFP Alexis Rocher, rédacteur en chef de Fana de l’aviation et de Planète aéro.
« La Patrouille de France, c’est un vrai vecteur de recrutement, de rayonnement. Sur la base de Salon-de-Provence, tous les pilotes ont vu la Patrouille de France leur faire briller les yeux – et moi je m’inclus dedans », souligne le lieutenant-colonel Aurélien Hazet, directeur des équipes de présentation de l’armée de l’Air et de l’Espace. Et si « 70 ans, c’est le bel âge ! », comme s’enthousiasme le lieutenant-colonel, l’anniversaire célébré cette année est surtout symbolique, rappelle Alexis Rocher.
« Être un symbole français comme la Tour Eiffel »
Dès avant la Deuxième Guerre mondiale, l’armée de l’Air avait en effet des patrouilles acrobatiques. Mais la (petite) histoire bascule le 17 mai 1953, lors d’un meeting avec la 3e escadre de Reims organisé à Alger : « Le commentateur, Jacques Noetinger, un très grand nom de l’aéronautique, s’emballe au micro et parle de la « Patrouille de France. » Tout le monde accroche à ce terme, et l’armée de l’Air va l’adopter officiellement », raconte le journaliste. En 1957, un premier fumigène rouge est installé sous les avions de la patrouille, et le panache tricolore fait son apparition en 1958.
Depuis cette époque, les missions de la patrouille n’ont pas varié : « Nous devons être des ambassadeurs de l’armée de l’Air et de l’Espace, (…), susciter des vocations (…), être un symbole français, comme la Tour Eiffel », résume le commandant Declercq.
Rigueur, exigence, passion et investissement
« Depuis 70 ans, j’aurais plutôt tendance à souligner ce qui est resté, plutôt que ce qui a changé, et ce qui est resté, c’est la rigueur, l’exigence, la passion et l’investissement », abonde le lieutenant-colonel Hazet. « Sur le très long terme, l’état d’esprit a changé », souligne pourtant Alexis Rocher : dans les années 1950 ou 1960, les avions de la PAF passaient le mur du son pendant des meetings, quelque chose d’ « inimaginable » aujourd’hui.
« À cette époque, entre les différentes patrouilles, c’était la course à celui qui ferait la plus belle figure, à celui qui volerait le plus bas », pointe-t-il.
Les avions de la PAF volaient par exemple si bas, lors de leur premier vol avec des fumigènes tricolores en 1958, que les casquettes blanches des officiers assistant au meeting étaient mouchetées de paillettes après leur démonstration, se rappelle le leader d’alors, Bernard Capillon, dans Fana de l’aviation. « Aujourd’hui, ils doivent faire une espèce de moyenne entre démonstration spectaculaire et exigences de sécurité », souligne Alexis Rocher.
Menacée de disparaître
Menacée de disparition à cause de son coût, en 1964, la PAF renaît quasi-immédiatement et est pérennisée à l’École de l’armée de l’Air de Salon-de-Provence. « Aujourd’hui le problème serait plutôt qu’il y a des contestations d’ordre écologique (…). C’est à toute petite échelle, mais il faut en être conscient. (…) C’est peut-être le danger qui la guette à long terme », conclut Alexis Rocher.
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