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La plus grande réserve naturelle d’Afrique menacée par l’exploitation d’une firme pétrolière chinoise

août 13, 2019 13:13, Last Updated: août 13, 2019 13:13
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Une pétition a été lancé par les défenseurs de l’environnement nigériens et internationaux contre le déclassement de la moitié de la plus grande réserve naturelle d’Afrique, Termit et Tin Toumma, dans l’est du Niger, au profit d’une firme pétrolière chinoise.

Créée en 2012, à cheval entre les régions d’Agadez (nord), de Zinder (centre-sud) et de Diffa (sud-est), Termit et Tin Toumma est considérée comme la plus grande réserve terrestre d’Afrique.

Elle abrite 130 espèces d’oiseaux et 17 espèces de mammifères, dont des espèces protégées et menacées : gazelle dama, addax, guépard saharien, mouflon à manchettes, selon les services nigériens de l’Environnement. Une centaine de variétés de plantes y a également été répertoriée par l’université de Niamey.

« Nous avons lancé cette pétition mercredi dernier parce que le gouvernement du Niger a adopté en juin un projet de redéfinition de la réserve, qui est vraiment menacée par l’exploitation pétrolière d’une société chinoise », a déclaré Hamadou Soumana Oumarou, membre de l’ONG nigérienne Jeunes volontaires pour l’environnement.

La pétition, disponible sur internet, « demande le reclassement de la plus grande réserve naturelle d’Afrique », accusant « la Chine (de) détruire impunément la biodiversité en Afrique ». Elle a déjà recueilli « 40 000 signataires », selon M. Oumarou.

Le 26 juin, le gouvernement nigérien a pris la décision de déplacer la frontière de la réserve pour respecter le contrat passé il y a dix ans avec la société chinoise China National Petroleum Corporation (CNPC).

« Une partie du périmètre (de la réserve) empiète sur les blocs pétroliers d’Agadem attribués à CNPC ». Ses « limites seront déplacées » mais « la réserve conservera la même superficie de 96 560 km2 », avait assuré le gouvernement.

Cette décision « exclut près de 45 000 km2 de l’aire protégée » et « ce déclassement entraînerait la disparition de certaines espèces très menacées, comme l’addax » (une espèce d’antilope), s’est alarmée fin juillet l’ONG française Noé, qui avait obtenu en novembre 2018 la gestion de la réserve pour un mandat de 20 ans.

Vingt-et-un puits pétroliers en cours d’exploitation par CNPC cohabitent avec la réserve qui est traversée par un oléoduc sur plus de 100 km, s’inquiète l’ONG française.

Le ministre nigérien de l’Environnement et du Développement durable, Almoustapha Garba assure que la décision du conseil des ministres ne signifie en aucun cas l’abandon de la zone qui a perdu son statut protégé. « Nous avons des lois sur la préservation de nos espèces fauniques et les Chinois sont tenus de les respecter. En particulier, il y a la loi sur l’environnement et le développement durable qui impose à tout partenaire de réaliser des études d’impact que nous examinons et s’il y a un quelconque risque d’atteinte à l’environnement, aux ressources naturelles, il y a un cahier des charges qui est imposé au partenaire en question. Les Chinois sont tenus de se conformer à cela et ils sont d’accord ».

M.Garba souligne : « La réserve n’a pas été abandonnée, les limites ont juste été revues de manière à respecter cet engagement antérieur de ne pas prendre des mesures particulières sur l’espace qui a été concédé en termes d’exploration. »

Il estime que la délégation de gestion à l’ONG Noé permettrait « de pallier les menaces qui compromettent la sauvegarde de la faune » dont « la persistance du braconnage et le sur-pâturage ». 

 

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