La plus petite capitale du monde : Tórshavn

24 septembre 2018 08:35 Mis à jour: 24 septembre 2018 08:35

Le fils aîné de la famille royale danoise y a passé fin août 4 jours avec sa famille en visite officielle et … en tenue folklorique pour faire honneur à la population qui leur avait offert leurs costumes. Une belle occasion de donner un coup de projecteur sur cet archipel lointain situé à mi-chemin entre les côtes écossaises et l’Islande.

A l’entrée de la ville, cette statue de Hans Pauli Olsen veut raconter l’oppression des Danois sur les îliens pêcheurs d’huîtres. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Sait-on seulement que le Groenland et les Féroé dépendent de la couronne du Danemark tout en jouissant d’un statut particulier qui leur confère une indépendance certaine. Par exemple, les îliens ont gagné en 1948 un statut de communauté autonome qu’ils doivent entre autres à la présence des troupes britanniques durant la seconde guerre mondiale. Elles y avaient établi une base militaire avancée pour contrôler l’Atlantique Nord et ce n’est qu’à la fin de la guerre que la mainmise sur l’archipel est restituée au Danemark. Entretemps, les Féringiens s’étaient déjà affranchis en levant leur propre drapeau, une monnaie propre, un hymne « national » et même une langue qui s’affranchira du danois. En effet le féroïen, langue dérivée du norvégien ancien parlé jadis par les Vikings, est devenue langue officielle sur l’archipel tandis que le danois n’apparaît dans l’enseignement que comme seconde langue étrangère, à acquérir toutefois dès l’enseignement primaire. Si les îles Féroé dépendent toujours administrativement de Copenhague, elles ont leur propre gouvernement dirigé par leur propre Premier Ministre. Enfin, l’archipel ne relève pas de la communauté européenne, une décision motivée par la protection des territoires de pêche, une activité économique essentielle à leur survie au milieu de l’océan Atlantique. Autant d’éléments qui confèrent aux Féroé une forte identité.

La plus petite capitale du monde

Même la marina lovée dans une anse est à la mesure du port, petite et davantage réservée aux pêcheurs qu’aux yachts. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Fondée au Xème siècle par des colons Vikings qui avaient sans doute fui la Norvège, Tórshavn porte le nom de Thor, le dieu scandinave du tonnerre. Avec ses 20000 habitants, près de la moitié de la population de l’archipel, elle joue à la grande ville. Quelques hôtels, de nombreux restaurants et bien peu d’immeubles. Bien au contraire, Tórshavn étage ses maisons colorées autour d’un port constitué par deux anses profondes séparées par une pointe de terre où s’était installée jadis la vieille ville Tinganes dont toutes les venelles pavées s’enroulent autour de maisonnettes anciennes, souvent goudronnées et surmontées de toits de tourbe engazonnée. C’est ici aussi que se trouve le siège du gouvernement actuel.

Le phare et les vieux canons sont toujours là pour rappeler qu’ils ont permis de repousser l’ennemi envahisseur au fil des siècles. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Surplombant le fjord, Skansin est le nom d’une petite forteresse édifiée au 16ème siècle pour faire face aux pirates Turcs qui faisaient des razzias dans l’île pour y trouver des esclaves. Le fort a trouvé une seconde vie lors de la seconde guerre mondiale quand il est devenu le quartier général de la Royal Navy. Depuis le phare, la vue s’ouvre sur le trafic des ferries qui relient les îles entre elles et sur la ville étagée le long des baies. L’occasion de constater combien le village de pêcheurs est devenu une capitale moderne avec un mélange de styles anciens et nouveaux. Toutefois l’architecture traditionnelle avec ses toitures végétales garde la cote !

Une visite au Musée National plonge le visiteur dans ’histoire géologique mais aussi traditionnelle, végétale et animale de ce bout de terre perdu au cœur de l’océan. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Quelques heures suffisent à en faire le tour et les bus 1 ou 3 mènent gratuitement en un quart d’heure au Musée National, une visite incontournable ne fut-ce que parce que le trajet en bus permet de découvrir ce monde minéral entre montagnes vertes et prairies boréales parsemées de maisonnettes. Le Musée rassemble quelques trésors qui racontent les traditions populaires et les richesses archéologiques de l’archipel. De plus, en contrebas, un typique Bygd, à savoir un vieux village historique reconstitué, a tout d’un décor de carte postale avec son groupement de quelques cabanes en bois éparpillées sur une falaise herbeuse où déambulent des moutons noirs face à un fjord aux eaux bleutées.

Dès que l’on quitte Torshávn, on est plongé dans la quiétude des petites communautés aux maisons traditionnelles engazonnées édifiées entre prairies et mer, deux sources de vie. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Même si cet archipel de 18 îles à la coiffe volcanique qui compte plus de moutons que d’habitants offre des paysages aussi dramatiques que les îles écossaises, elles n’en sont pas moins riantes car ici on n’hésite pas à peindre sa maison de couleurs vives pour apporter une note gaie dans le gris basaltique et la longue obscurité de l’hiver.

Infos:

Depuis la pointe de Tinganes, on se laisse distraire par le va-et-vient des bateaux de croisière et autres ferrys qui abordent à Torshávn et créent un lien physique avec le reste du monde. (Christiane Goor et Charles Mahaux)

Rien de tel qu’une croisière pour s’y rendre. Rivages du Monde, propose l’été prochain du 14 au 24 juillet au départ de Dunkerque une croisière vers l’Islande sur le paquebot Astoria de taille humaine (500 passagers au maximum) avec une escale de quelques heures aux Iles Féroé. On peut bien sûr s’offrir une excursion nature qui permet de randonner entre colonnes de basalte et ruisseaux alpestres en visitant quelques petits villages perdus. Mais pourquoi ne pas découvrir plutôt Tórshavn à pied et laisser l’exclusivité du monde minéral à l’Islande ? Quant au climat, il est variable avec une alternance de périodes d’ensoleillement, de brouillard, de pluies et de tempêtes mais la température moyenne reste acceptable, quelque 12° en été. La brise marine, si elle est forte, peut cependant accentuer l’impression de froid. www.rivagesdumonde.fr

Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux

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