La police brésilienne démantèle le campement des pro-Bolsonaro : plus de 1.200 personnes arrêtées

Par Tom Ozimek
10 janvier 2023 04:45 Mis à jour: 10 janvier 2023 06:44

Le 9 janvier, la police brésilienne a procédé au démantèlement d’un camp de manifestants partisans de l’ancien président Jair Bolsonaro dans la capitale. Plus d’un millier d’arrestations ont été signalées par les médias du pays à la suite d’une déclaration de la Cour suprême brésilienne ordonnant le démantèlement immédiat des camps pro-Bolsonaro. Cette décision est intervenue après que des manifestants ont pris d’assaut des bâtiments gouvernementaux au cours du week-end.

Au moins 1.200 personnes ont été arrêtées à la suite du démantèlement d’un camp de fortune installé à l’extérieur du quartier général de l’armée à Brasília. Les autorités ont mobilisé des dizaines de bus et emmené les prisonniers au quartier général de la police, selon The Brazilian Report.

Du personnel militaire a été aperçu en train de démonter les tentes des partisans de Bolsonaro, alors que les manifestants faisaient de même, conformément aux directives des autorités exigeant le départ des manifestants avant midi.

Des partisans de l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro se heurtent à la police lors d’une manifestation organisée devant le palais du Planalto à Brasilia, le 8 janvier 2023. (Evaristo Sa/AFP via Getty Images)

Des milliers de personnes, probablement des partisans de Bolsonaro, ont pénétré dans le bâtiment du Congrès national, de la Cour suprême et du palais présidentiel le 8 janvier, provoquant une réponse musclée de la police.

Le gouverneur de Brasília a déclaré à Reuters que toutes les forces de sécurité ont été mobilisées pour faire face aux manifestants.

Dans un tweet, Ibaneis Rocha, le gouverneur du district fédéral, a annoncé avoir renvoyé le chef de la sécurité du district et « mobilisé toutes les forces de sécurité avec la détermination d’arrêter et de punir les responsables. »

La police a repris les bâtiments publics après environ trois heures et a dispersé la foule avec des gaz lacrymogènes.

Des partisans du président brésilien Jair Bolsonaro participent à une manifestation pour demander une intervention fédérale devant le siège de l’armée à Brasilia, le 15 novembre 2022. (Photo : SERGIO LIMA/AFP via Getty Images)

Suite à cet incident, la Cour suprême du Brésil a ordonné le démantèlement immédiat des campements pro-Bolsonaro, ceux-ci ayant vu le jour durant le second tour des élections du 30 octobre 2022, lors duquel M. Bolsonaro a perdu de peu contre le socialiste Luiz Inácio Lula da Silva.

Lula a prêté serment en tant que président le 1er janvier et a tenu une réunion de cabinet le 9 janvier dans le palais présidentiel envahi par les manifestants un jour plus tôt.

La Cour suprême du Brésil a ordonné « l’expulsion totale et la dissolution » des camps pro-Bolsonaro installés devant le quartier général de l’armée brésilienne dans la capitale ainsi que devant les garnisons de l’armée dans les grandes villes du pays.

La haute cour a également ordonné l’arrestation des manifestants.

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Des manifestants envahissent le bâtiment du Congrès national à Brasília, le 8 janvier 2023. (Sergio Lima/AFP via Getty Images)

Indignation et sentiment d’injustice

Si M. Bolsonaro n’a pas encore reconnu sa défaite face à M. Lula, l’ancien président a toutefois autorisé en novembre son chef de cabinet à entamer un processus de transition et a déclaré qu’il se conformerait à la constitution brésilienne.

D’importantes manifestations ont secoué le Brésil depuis le second tour, les partisans de Bolsonaro doutant de l’authenticité des résultats des élections et réclamant l’intervention de l’armée.

Si Bolsonaro n’a pas directement allégué qu’il y ait eu fraude électorale, il a déclaré en novembre que les manifestations étaient le fruit de « l’indignation et d’un sentiment d’injustice ».

Brazilian President Jair Bolsonaro
Le président brésilien Jair Bolsonaro fait une déclaration au palais Alvorada à Brasília, au Brésil, le 1er novembre 2022. (Evaristo Sa/AFP via Getty Images)

Bolsonaro a condamné les intrusions du 8 janvier dans les bâtiments gouvernementaux, déclarant dans une série de messages sur Twitter que les manifestations pacifiques qui se déroulent dans les limites de la loi « font partie de la démocratie » mais que les « invasions de bâtiments publics » dépassent ce cadre.

Lula, qui était en voyage dans l’État le plus peuplé du Brésil, São Paulo, lors des évènements, a décrété la mise en place d’une « intervention fédérale de sécurité » jusqu’à la fin du mois de janvier.

« Tous ceux qui ont fait cela seront identifiés, et ils seront punis », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.

Brazil's President Luiz Inacio Lula da Silva
Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva prend la parole lors de la première réunion du cabinet de son gouvernement au palais du Planalto à Brasília, le 6 janvier 2023. (Evaristo Sa/AFP via Getty Images)

Lula a imputé la responsabilité des événements à Bolsonaro, affirmant dans une série de messages sur Twitter que ce dernier a prononcé des discours qui y « incitaient » et que les intrusions sont « également de sa [Bolsonaro] responsabilité, ainsi que celle des partis qui l’ont soutenu. »

Bolsonaro a rejeté les accusations de Lula.

« Je réfute les accusations, sans preuves, qui me sont attribuées par l’actuel chef de l’exécutif du Brésil », a déclaré Bolsonaro sur Twitter.

« Tout au long de mon mandat,  j’ai toujours agi dans le cadre strict de la Constitution, respectant et défendant les lois, la démocratie, la transparence et notre sainte liberté. »

L’ordonnance émise par la Cour suprême du Brésil décrète également que M. Rocha est suspendu de son poste de gouverneur pour une durée de 90 jours. Il lui est reproché, ainsi qu’aux forces de l’ordre sous son commandement, de ne pas avoir su répondre aux menaces des manifestants pro-Bolsonaro.

Les autorités cherchent à punir les manifestants pro-Bolsonaro

Lors d’une conférence de presse tenue le 8 janvier en fin de journée, le ministre brésilien des relations institutionnelles a déclaré que les enquêteurs allaient procéder à l’inspection des bâtiments concernés et rassembler suffisamment de preuves pour retrouver les coupables, par le biais notamment d’empreintes digitales et d’images vidéos. 

Le ministre de la Justice, Flávio Dino, a déclaré que ces actes s’apparentaient à du terrorisme et à une tentative de coup d’État et que les autorités avaient commencé à identifié les personnes ayant payé les bus utilisés pour transporter les manifestants jusque dans la capitale. 

« Ils ne parviendront pas à détruire la démocratie brésilienne. Nous devons le dire sans réserve, avec toute la fermeté et la conviction nécessaires », a déclaré M. Dino. « Nous n’accepterons pas la voie de la criminalité au nom de combats politiques au Brésil. Un criminel sera traité en tant que tel ».

Dans une conférence de presse depuis l’État de São Paulo, Lula a fait la lecture d’un nouveau décret dans lequel il annonce que le gouvernement fédéral prend le contrôle de la sécurité dans le district. Il a déclaré que les manifestants, qu’il a qualifiés de « fascistes fanatiques », doivent être punis, ainsi que tous ceux qui ont financé leurs activités. 

Lula a également déclaré lors de la conférence de presse qu’il y avait eu « incompétence ou mauvaise foi » de la part de la police, et il a promis que certains d’entre eux feraient également l’objet de sanctions.

L’Associated Press a contribué à cet article.

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