La Pologne investit 2,5 milliards de dollars pour renforcer ses frontières avec la Russie et le Belarus

La banque d'investissement de l'UE a accordé un prêt de 300 millions d'euros pour mettre en place le premier système de satellites d'observation de la terre en Pologne

Par Ella Kietlinska
25 mai 2024 18:05 Mis à jour: 2 juin 2024 17:46

La Pologne prévoit de dépenser environ 2,5 milliards de dollars pour renforcer la sécurité et la dissuasion à ses frontières avec la Russie et son allié, le Belarus, a déclaré le Premier ministre polonais.

Le Premier ministre polonais Donald Tusk a annoncé le 18 mai que la Pologne allait investir 10 milliards de zlotys (environ 2,35 milliards d’euros) dans un programme destiné à sécuriser sa frontière orientale. Le pays renforce ses défenses contre ce qu’il considère comme une menace croissante provenant de la Russie et de la Biélorussie.

M. Tusk a déclaré que les travaux sur le projet « Bouclier oriental », qui comprend la construction de fortifications militaires adéquates, ont déjà commencé. La Pologne se trouve sur le flanc oriental de l’OTAN et est membre de l’Union européenne (UE). M. Tusk a souligné que la Pologne portait une responsabilité supplémentaire pour la sécurité de l’Europe.

« Nous lançons un grand projet de construction d’une frontière sécurisée, qui comprend un système de fortifications et des décisions en matière d’aménagement paysager et d’environnement qui rendront cette frontière impossible à franchir par un ennemi potentiel », a déclaré M. Tusk.

Le premier ministre n’a pas donné plus de détails sur les types de fortifications qui seraient construites.

M. Tusk s’est également entretenu avec la Banque européenne d’investissement à propos du financement d’un satellite dans le cadre de l’initiative européenne Sky Shield, selon un communiqué.

Sky Shield est un programme commun de défense aérienne mis en place par l’Allemagne en 2022 pour renforcer la défense aérienne européenne. M. Tusk l’a comparé au système israélien Iron Dome.

La présidente du groupe de la Banque européenne d’investissement (BEI), Nadia Calviño, a déclaré, après la rencontre avec M. Tusk à Varsovie le 20 mai, que la banque accorderait un prêt de 300 millions d’euros pour financer « le premier système polonais d’observation de la Terre par satellite, qui soutiendra un certain nombre d’initiatives à double usage, civil et sécuritaire ».

La BEI est détenue conjointement par les pays de l’UE. « La Banque emprunte de l’argent sur les marchés des capitaux et le prête à des conditions favorables à des projets qui soutiennent les objectifs de l’UE », indique le site web de l’UE.

Mur frontalier

La frontière entre la Pologne et le Belarus est un point chaud depuis que des immigrants clandestins ont commencé à y affluer en 2021, après que Minsk, proche allié de la Russie, a ouvert des agences de voyage au Moyen-Orient offrant une nouvelle voie d’accès non officielle à l’Europe, une initiative qui, selon l’Union européenne, avait pour but de créer une crise.

Les gardes-frontières polonais ont signalé 5100 tentatives de franchissement illégal depuis la Biélorussie au cours de la première quinzaine du mois de novembre 2021, contre 120 sur l’ensemble de l’année 2020.

Le gouvernement précédent, formé par le parti Droit et Justice actuellement dans l’opposition, a construit un mur d’acier surmonté de fils barbelés à la frontière entre la Pologne et le Belarus afin de stopper l’afflux massif d’immigrants clandestins.

Le ministère polonais de l’Intérieur et de l’Administration a déclaré dans un communiqué que le mur, qui mesure plus de 186 km de long sur 5,5 m de haut, a été achevé en juin 2022. Il comporte des passages spéciaux pour les animaux sauvages, semblables aux passages aménagés pour la faune sur les autoroutes.

Un an plus tard, le mur a été complété par une barrière électronique équipée de « 3000 caméras et capteurs thermiques et diurnes » qui surveillent la frontière, ont indiqué les gardes-frontières polonais dans un communiqué.

Des migrants se rassemblent à la frontière entre la Biélorussie et la Pologne, près du poste frontière polonais de Kuznica, le 15 novembre 2021. (Leonid Shcheglov/BELTA/AFP via Getty Images)

La barrière électronique, d’une longueur de 206 km, couvre également les sections frontalières qui ne sont pas protégées par le mur, comme les rivières et les cours d’eau, selon le communiqué.

Au total, les deux barrières couvrent près de la moitié de la frontière de 418 km avec le Belarus.

En novembre 2023, les gardes-frontières polonais ont déclaré avoir lutté efficacement contre l’immigration clandestine.

Un jour de novembre, sur les 120 personnes qui ont tenté de franchir illégalement la frontière biélorusse pour entrer en Pologne, 110 ont rebroussé chemin après avoir vu une patrouille frontalière, et 10 ont été appréhendées, selon le communiqué.

Depuis le début de l’année 2024, plus de 13.000 personnes ont tenté de franchir illégalement la frontière entre la Pologne et la Biélorussie, ont indiqué les gardes-frontières dans un communiqué publié le 20 mai.

Au cours du premier trimestre de cette année, ils ont arrêté ou démasqué 107 immigrés clandestins pour avoir franchi illégalement la frontière biélorusse, contre 160 immigrés clandestins au même trimestre de l’année dernière, selon les données des gardes-frontières polonais.

Au premier trimestre 2023, seul le mur d’acier était en place, tandis que la barrière électronique était encore en cours de construction.

Une borne frontière polonaise sur le mur métallique de Kuznica, en Pologne, le 30 juin 2022 (Omar Marques/Getty Images).

Relations avec la Russie

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022, les relations entre la Pologne et le Belarus sont devenues plus tendues, Varsovie augmentant ses dépenses de défense et accusant Minsk et Moscou de tenter de déstabiliser la Pologne.

Le 21 mai, M. Tusk a déclaré lors d’une conférence de presse que « la pression exercée à la frontière orientale de la Pologne n’est pas une migration spontanée de personnes fuyant différents pays ».

Plus de 90 % des personnes qui franchissent illégalement la frontière polonaise ont des visas russes.

« C’est l’État russe, et non une entreprise douteuse, qui est derrière l’organisation du recrutement, du transport et des tentatives ultérieures de passage clandestin de milliers de personnes », a déclaré M. Tusk, citant des informations collectées par les services spéciaux.

Les immigrants clandestins sont recrutés dans des pays tels que la Somalie, l’Érythrée, le Yémen et l’Éthiopie et, avec l’aide de « l’un des pays arabes », sont acheminés par avion vers la Russie, d’où ils atteignent le Belarus, a-t-il affirmé.

C’est pourquoi il est important de « sécuriser pleinement la frontière avec la Biélorussie », a déclaré M. Tusk.

Le gouvernement russe n’a pas répondu à une demande de commentaire à l’heure de la mise sous presse.

Avec Reuters et Associated Press

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