Lorsque Christophe Bitauld a entendu parler de la poule noire de Janzé, une race de poules ancienne pratiquement éteinte, il n’y en avait plus que douze individus dans toute la France. Après en avoir élevé, ces poulettes insectivores ont débarrassé son verger de différents insectes, dont les frelons asiatiques. Un remède miracle ?
C’était « la cerise sur le gâteau », selon le pomiculteur : la gallinacée avait non seulement éliminé 80 % des coléoptères du verger, mais elle s’était attaquée sans merci aux frelons asiatiques, les décapitant afin de les manger.
Constatant les résultats incroyables obtenus, M. Bitauld a décidé de s’atteler à la reconstitution de la race qui est passée de 12 à 1 030 individus aujourd’hui, après trois ans d’efforts. « Nous en sommes à 200 par verger avec un projet de distribution sur des vergers bio sur l’ensemble du grand ouest », précise-t-il à Epoch Times.
Un remède miracle au problème du frelon ?
L’agriculteur tient cependant à avertir toutes les personnes intéressées par les prouesses de la poule noire du Janzé, en particulier les nombreux apiculteurs qui le contactent : « L’efficacité de la poule noire de Janzé, si elle est indéniable chez nous, n’est pas le remède miracle qu’ils attendent ! »
Les explications sont simples : ce qui se passe dans les vergers de la Motte, situés à Saulnière en Île-et-Vilaine, est « le fruit d’une symbiose parfaite » entre un verger de 30 hectares, des moutons shropshire et des poules noires de Janzé. « Enlevez un seul élément du triptyque et le résultat n’est plus garanti ! »
Le rôle de chaque élément du tiptyque
Les reines fondatrices des frelons asiatiques hibernent dans les trous de mulots et les haies. Les galeries des mulots sont détruites par le piétinement des moutons. Les poules noires de Janzé, toujours en recherches d’insectes à se mettre sous la dent, mangent les frelons qui hibernent.
Quant au verger, il nourrit l’ensemble : les moutons, les poules qui y ont leur quartier dans leur poulailler mobile spécialement aménagé pour elles, sans oublier évidemment le propriétaire qui y travaille, sa famille et son employé.
Des poules insectivores
Il faut aussi prendre en considération que les poules du pomiculteur ne sont pas nourries et sont donc devenues insectivores, toujours à la recherche de protéines. Dès le mois de juin, elles prennent goût au frelon asiatique lorsqu’il est en vol statique devant les ruches. Alors quand elles en trouvent l’hiver, elles n’hésitent pas à les croquer.
Au départ, les poules n’avaient pas été adoptées pour s’occuper du problème des frelons asiatiques. « Ce qui m’intéresse ce sont les prédateurs du verger où nous avons de très bons résultats (anthonome, carpocapse, pucerons lanigères, chenilles) et les parasites des moutons (tiques, ténia, douves). Le frelon est la cerise sur le gâteau, mais sa diminution chez nous vient du fait que les reines frelons sont détruites à 80 % à leur stade hivernal », précise l’exploitant agricole.
Pourquoi ne mangent-elles pas les abeilles ?
Christophe Bitauld utilise des abeilles pour polliniser ses vergers de manière naturelle. Bien que ses poules noires de Janzé ne s’attaquent pas qu’aux insectes nuisibles – ce qu’il gère très bien – « elles ne bouffent jamais une abeille et ça je n’ai pas l’explication, d’autant que les planches d’envols sont à leur portée », indique-t-il.
Il émet toutefois une hypothèse sur le goût qu’ont développé ses poules pour les frelons asiatiques : « Je pense que c’est le vol statique du frelon devant les ruches qui les excite, et l’habitude qu’elles ont prise de les croquer l’hiver. »
Où se procurer ces poules ?
Le pomiculteur s’est donné pour mission de reconstituer la race. Il est donc possible de se procurer des poules noires de Janzé aux Vergers de la Motte, près de Janzé en Bretagne. Cependant, la « priorité est donnée aux professionnels bio en pommes », prévient M. Bitauld, que vous pouvez rejoindre par sa page Facebook.
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