Au coeur d’une enquête sur les comptes de campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017, la députée insoumise de Paris Sophia Chikirou, proche du triple candidat à la présidentielle, voit la pression médiatique et politique s’accentuer autour d’elle.
La justice soupçonne Mediascop, sa société de conseil en communication, d’avoir surfacturé certaines prestations lors de la campagne de Jean-Luc Mélenchon en 2017, ce que nie l’élue de 44 ans, connue pour son franc-parler.
Selon le journal Le Monde mardi, celle qui était à l’époque la responsable de la communication du candidat de la gauche radicale, devrait être prochainement entendue par un juge en vue d’une éventuelle mise en examen pour « escroquerie aggravée ». De quoi nettement accélérer un dossier passé au second plan médiatique ces derniers temps.
La cheffe des députés de La France insoumise (LFI) Mathilde Panot a appelé mardi en conférence de presse à ne pas « accorder trop d’importance » à ces informations, dénonçant des « mensonges ». « Ça fait cinq ans qu’on nous dit que bientôt nous allons être mis en examen, convoqués, etc. », a-t-elle ajouté, dénonçant au passage comme « profondément sexiste » le fait de « s’attaquer régulièrement » aux femmes politiques.
Un univers de « violence » et de « brutalité » selon ses collaborateurs
Dans son viseur également, un numéro de l’émission « Complément d’enquête » à paraître jeudi sur France 2 qui revient sur la personnalité et les méthodes de gestion contestées de Sophia Chikirou, notamment lorsqu’elle dirigeait la webTV Le Média.
Selon une séquence déjà diffusée, elle aurait usé d’une insulte homophobe – « tafioles de merde » – pour qualifier dans un SMS les membres de la rédaction du Média, qui souhaitaient rédiger un communiqué concernant une fausse information diffusée à l’antenne.
De quoi raviver les souvenirs des critiques de l’époque, notamment celle de la journaliste Aude Rossigneux qui avait dénoncé après son départ un univers fait de « violence » et « brutalité ».
Libération révèle pour sa part un message envoyé récemment par Mme Chikirou dans le canal de discussion Telegram des députés LFI après que l’élue de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain a fait part de son « ras-le-bol » des passes d’armes entre Jean-Luc Mélenchon et le leader communiste Fabien Roussel.
« Je préfère attendre sur le bord de la rivière de voir passer leurs corps » y écrit Sophia Chikirou, à propos des opposants internes. « Des termes un peu durs, dits dans un cadre privé », répond à l’AFP le coordinateur du mouvement Manuel Bompard. « Ses mots ont dû dépasser sa pensée. Ça n’aura absolument pas de conséquences politiques », assure-t-il.
Pour la députée de Dordogne Pascale Martin, qui avait déjà pris ses distances avec la direction de LFI au moment de l’affaire Quatennens, ces pratiques méritent « explications ». « Si elles sont confirmées, les révélations du Monde constituent des faits profondément contraires à l’éthique militante insoumise et au projet de société que nous défendons chaque jour en tant que député.es. Aux milliers de militant.es bénévoles sincères, Mme Sophia Chikirou doit des explications. Les pratiques doivent changer », a-t-elle écrit à l’AFP.
Retour sur son parcours
Le cas de Sophia Chikirou est particulièrement épineux au sein de LFI en raison de la relation qui lui est prêtée avec Jean-Luc Mélenchon – même si ce dernier a nié en 2018 que son ancienne conseillère soit sa « compagne ». »C’est sûr que c’est compliqué d’être en désaccord avec elle. Jean-Luc va la défendre plus que les autres », souffle un élu LFI. »Les éléments sortis dans la presse sont problématiques », abonde ce responsable.
Ancienne militante au Parti socialiste, Sophia Chikirou avait suivi Jean-Marie Bockel, qui avait fondé en 2007 La Gauche Moderne, un parti social-libéral, très vite soutien d’un Nicolas Sarkozy déterminé à ouvrir sa majorité. « C’était tout un contexte », expliquait-elle cet été à l’AFP, invoquant ce « moment de grâce » de Nicolas Sarkozy dont elle pensait qu’il avait « débarrassé » la France de l’extrême droite. En 2008, suivant les conseils de Jean-Marie Bockel, devenu secrétaire d’État, elle retourne à gauche. Dans la foulée, elle rejoint le Parti de gauche et Jean-Luc Mélenchon.
Selon « Complément d’enquête », c’est elle qui aurait organisé l’interview décriée d’Adrien Quatennens l’année dernière sur BFMTV, au cours de laquelle le député du Nord, condamné pour violences conjugales, avait annoncé son retour à l’Assemblée et maintenu « ne pas être un homme violent ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.