Les « deux sessions » chinoises, axées sur l’économie, se sont fixé pour objectif d’augmenter de 20 yuans (environ 2,50 Euros) le montant minimum des pensions pour les habitants des villes et des campagnes, pour le porter à 123 yuans (moins de 16 Euros) par mois. Cette mesure a suscité de vives inquiétudes quant à l’énorme disparité des montants des pensions entre le citoyen chinois moyen et les fonctionnaires du parti.
Les « deux sessions » approuvées sans discussion par le Parti communiste chinois (PCC) ont duré une semaine et se sont finalement achevées le 11 mars. Dans le rapport d’activité du gouvernement, le premier ministre du Conseil d’État, Li Qiang, a proposé le 5 mars d’augmenter de 20 yuans (environ 2,50 Euros) le niveau minimum mensuel des pensions de base pour les résidents urbains et ruraux, dans le cadre d’une stratégie nationale visant à faire face au vieillissement de la population.
La Chine compte 170 millions de personnes âgées qui bénéficient d’une assurance retraite pour les résidents urbains et ruraux.
Plus tard dans la journée, Huang Shouhong, chef de l’équipe de rédaction du rapport sur le travail gouvernemental et directeur du bureau de recherche du Conseil d’État, a expliqué lors d’une conférence de presse que « cela équivaut à une augmentation de 19,4% » par rapport au niveau minimum de pension de base pour les résidents urbains et ruraux en Chine, qui n’était à l’origine que de 103 yuans (environ 13 Euros) par mois, un « ajustement à la hausse non négligeable ».
Par la suite, les médias officiels chinois ont publié le rapport gouvernemental sous le titre racoleur « Les pensions des résidents urbains et ruraux vont être augmentées de manière significative ».
La soi-disant hausse des pensions a suscité des critiques.
« L’augmentation de la pension de base de 20 yuans par mois par le PCC est plus une humiliation qu’une faveur pour les agriculteurs de base ! », a déclaré Cai Shenkun, un commentateur indépendant, le 9 mars sur la plateforme de médias X.
Selon M. Cai, le gouvernement communiste chinois consacre chaque année des milliers de milliards de yuans au maintien de la stabilité sociale et plus de 1,6 billion de yuans (plus de 200 milliards d’Euros) aux dépenses militaires pour la seule année en cours.
« Pour les 170 millions de personnes à faibles revenus, la pension mensuelle n’est augmentée que de 20 yuans. Comment justifier une telle avarice ? » a t-il demandé.
Les normes relatives aux pensions de base mensuelles varient selon les 31 districts administratifs provinciaux de la Chine. D’après les informations publiques, c’est dans la province du Yunnan que le montant est le plus bas, à savoir 103 yuans (13 €). Au total, 26 provinces fixent la norme à moins de 200 yuans (25,50 €), tandis que trois provinces tournent autour de 200-300 yuans (25-38 €). Pékin, la capitale, se classe au deuxième rang pour ce qui est du montant des pensions, avec 924 yuans (118 €), tandis que Shanghai enregistre le montant le plus élevé, avec 1400 yuans (178 €).
Les trois types de systèmes de retraite du PCC
Il existe trois types de systèmes de pension en Chine. Le système de la fonction publique offre le montant de pension le plus élevé, suivi par le système pour les employés des entreprises, et enfin le système pour les résidents urbains et ruraux, dont les agriculteurs. La pension dite de base correspond à la dernière.
Un avis officiel publié l’année dernière par le centre d’affaires de l’assurance sociale de la ville de Yingtan, dans la province orientale du Jiangxi, a donné un aperçu de la différence.
L’avis mentionnait trois types de paiements de pension pour les retraités : 69,09 millions de yuans (environ 8,8 millions d’Euros) pour 13.600 fonctionnaires, 178,85 millions de yuans (environ 22,8 millions d’Euros) pour 75.500 retraités d’entreprises, et 28,54 millions de yuans (environ 3,6 millions d’Euros) pour 137.800 retraités de l’assurance des résidences urbaines et rurales.
Selon les calculs, les pensions des retraités de la fonction publique s’élèvent à 5080 yuans (648 €) par mois, soit plus du double des pensions des retraités des entreprises (2368 yuans, 302 €) et presque 25 fois celles des retraités de l’assurance des résidences urbaines et rurales (207 yuans, 26 €).
Un ressortissant chinois résidant à New York, qui a préféré n’utiliser que son nom de famille, Zhang, a raconté à Epoch Times qu’au début des années 1990, alors qu’il était responsable des ressources humaines dans une entreprise de Pékin, un fonctionnaire lui a dit, lors d’une session de formation sur les retraites au Bureau du travail et de l’emploi, que le système national de retraite chinois signifiait que « vous pouvez être assuré de vivre avec du Wotou (un pain de maïs à la vapeur du Nord bon marché pour les pauvres) et des cornichons chinois après la retraite. Si vous voulez manger mieux, vous devez avoir des économies. Si vous voulez continuer à manger de la viande, vous devez souscrire une assurance retraite commerciale ».
Selon M. Zhang, des décennies plus tard, de nombreux Chinois ne parviennent pas à subvenir à leurs besoins fondamentaux, dépendant uniquement d’une pension mensuelle de quelques centaines de yuans.
« Même des hooligans ne seraient pas aussi éhontés », a-t-il déclaré, exprimant sa colère face aux propos de M. Xi selon lesquels la Chine était parvenue à une « prospérité modérée ».
Le 1er juillet 2021, le dirigeant du PCC a proclamé la réalisation d’un « niveau global de prospérité modérée » et « une résolution historique du problème de la pauvreté absolue en Chine » lors d’une cérémonie marquant le 100e anniversaire de la fondation du parti.
Un puissant groupe d’intérêt au sommet de la pyramide
Au-delà des trois catégories susmentionnées, les prestations de retraite des hauts fonctionnaires du PCC – la classe privilégiée chinoise – sont exceptionnelles.
En septembre de l’année dernière, une image a circulé sur les médias sociaux, montrant supposément les détails de la pension de Zheng Tuobin, l’ancien ministre de l’économie et du commerce, s’élevant à 49.249,50 yuans (6283 €) par mois.
Elle comprenait son indemnité de licenciement mensuelle de 10.079 yuans (1285 €), une allocation de subsistance de 25.198 yuans (3215 €), des frais relatifs au travail indépendant de 3500 yuans (446 €), une indemnité de licenciement de 9810 yuans (1252 €) et six autres subventions sporadiques, comme des frais pour l’achat de livres et de journaux, des frais de ménage, des aides de la ville, des indemnités de téléphone et des aides financières pour les bus.
Epoch Times n’a pas pu vérifier l’image de manière indépendante.
Né en 1924, M. Zheng a fait partie des 12e et 13e comités centraux, a été ministre du commerce extérieur et de la coopération économique en 1985 et a pris sa retraite en 1992.
Ce revenu à lui-seul ne suffit pas à donner une idée des droits de la classe privilégiée du PCC; ils bénéficient également d’innombrables avantages en matière de logement, de transport et de santé, qui couvrent même leur famille et leurs proches.
Un article publié sur China News le 2 mai 2015 a divulgué les critères de traitement des hauts fonctionnaires à la retraite, ce qui a suscité l’inquiétude de l’opinion publique.
Selon les critères, le traitement des cadres provinciaux et ministériels retraités prévoit la mise à leur disposition d’un chauffeur à temps plein, d’un agent de sécurité, d’un employé de service et de soignants supplémentaires si leur santé le justifie (pour les personnes âgées de plus de 75 ans). Ils ont droit à quatre voyages nationaux annuels, d’une durée de trois semaines chacun, avec un nombre illimité de membres de leur famille. Pour les voyages en avion, ils bénéficient de deux à quatre sièges en première classe ou en classe affaires ; pour les voyages en train, ils se voient attribuer une couchette tout confort ; et pour les voyages en voiture, ils ont à leur disposition trois berlines ou deux mini-autocars. Les frais d’hébergement dans des hôtels quatre ou cinq étoiles, avec repas et boissons inclus, peuvent être intégralement remboursés.
En plus des avantages susmentionnés, les cadres retraités de l’administration centrale ont droit à une indemnité pour l’achat d’un logement sur la base d’une superficie standard de 220 mètres carrés, et à des services médicaux spéciaux.
L’article soulignait que les prestations et allocations annuelles moyennes (à l’exclusion de la pension) pour chaque personne qui occupait le rang de ministre provincial à part entière dépassaient 1,12 million de yuans (environ 143.000 €). Les vice-ministres provinciaux à la retraite ont dépensé près de 940.000 yuans (environ 120.000 €).
La Chine compte 3742 cadres ministériels provinciaux et 27.435 cadres ministériels vice-provinciaux à la retraite. Ces anciens fonctionnaires vivent dans des régions pittoresques telles que Zhuhai, Shenzhen, Shanghai, Suzhou et Hangzhou. Selon l’article, dans la seule province de Guangdong, 112,3 millions de yuans (plus de 14 millions d’€) sont versés chaque année pour les déplacements en chaise à porteurs des fonctionnaires retraités de niveau ministériel vice-provincial.
Le magazine politique hongkongais Dong Xiang a révélé en 2013 que les dépenses publiques des fonctionnaires retraités considérés comme des membres du Politburo en 2004 s’élevaient en moyenne à plus de 630.000 yuans par personne (environ 80.375 € selon le taux de change de l’époque); les dépenses publiques des membres du Comité permanent du Politburo se montaient en moyenne à 27,25 millions de yuans (environ 3,5 millions d’Euros) par personne ; et les dépenses publiques de l’ancien chef du parti Jiang Zemin (qui a quitté ses fonctions en 2002 et est décédé en 2022) étaient encore plus stupéfiantes.
Dong Xiang a cessé de paraître en novembre 2017 en raison de sa position critique à l’égard du PCC.
Selon la publication, après avoir quitté Zhongnanhai, où se trouve le cœur du pouvoir administratif du PCC, Jiang a vécu dans des maisons d’hôtes d’État en dépensant des sommes considérables par jour. Par exemple, la maison d’hôtes de l’État de Diaoyutai à Pékin, la maison d’hôtes de la Commission militaire centrale sur le mont Yuquanshan, la maison d’hôtes Xijiao à Shanghai, le Grand manoir et le lac Taihu à Suzhou.
Des gardes armés protégeaient le train spécial que Jiang utilisait le long de la route. Tous les trains de passagers devaient s’arrêter et céder le passage.
L’article révélait également que Jiang pouvait disposer à sa guise de deux avions d’Air China, de deux jets militaires et de trois trains spéciaux à sept compartiments. En outre, trois groupes d’experts médicaux de l’hôpital général de l’Armée populaire de libération à Pékin, deux groupes de l’hôpital East China à Shanghai et un groupe de l’hôpital général de la région militaire de Guangzhou étaient à sa disposition.
Dans les démocraties occidentales, les avantages accordés par l’État aux fonctionnaires retraités ne sont pas matériellement différents de ceux du grand public. Toutefois, en Chine, les avantages accordés par l’État aux hauts fonctionnaires du PCC à la retraite sont nettement différents, car la classe privilégiée du régime peut dilapider le trésor de l’État aussi librement qu’elle le ferait de sa propre poche.
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