La purge anti-corruption menée par le PCC pourrait entraver les efforts de modernisation de son armée

Selon le Pentagone, la vague de purges en cours touche "tous les services" de l'armée du PCC et "pourrait avoir ébranlé la confiance de Pékin envers les hauts responsables de l'APL"

Par Dorothy Li
19 décembre 2024 20:55 Mis à jour: 19 décembre 2024 20:55

Dans sa vaste campagne de lutte contre la corruption, le Parti communiste chinois (PCC) pourrait avoir compromis ses efforts de modernisation de l’armée d’ici 2027, a déclaré le ministère américain de la Défense dans son dernier rapport annuel, publié le 18 décembre.

Le Pentagone a estimé, dans le rapport sur les développements militaires et sécuritaires du PCC présenté au Congrès, que la vague de purges en cours touchait « tous les services » de l’Armée populaire de libération (APL) et « pourrait avoir ébranlé la confiance de Pékin en les hauts responsables de l’APL », mettant en péril l’une des principales priorités du dirigeant Xi Jinping depuis qu’il a pris le commandement de l’armée en 2012.

Xi entend moderniser son armée d’ici 2035 et transformer l’APL en une « force de classe internationale » d’ici 2049, année qui marquera le centenaire de la fondation de l’APL et de l’instauration de la Chine communiste.

Toutefois, le rapport du Pentagone indique qu’en 2023, « l’APL a été confrontée à une nouvelle vague d’enquêtes relatives à la corruption et de révocations de hauts responsables, qui ont pu perturber ses progrès vers les objectifs de modernisation fixés pour 2027 ».

Selon le rapport du Pentagone, entre juillet et décembre 2023, le régime a officiellement licencié au moins 15 officiers militaires de haut rang et cadres de l’industrie de la défense, dont plusieurs supervisaient les projets de développement des équipements relatifs à la modernisation des capacités du pays en matière de missiles nucléaires et conventionnels terrestres.

L’un des plus hauts fonctionnaires tombés en disgrâce est Li Shangfu, l’ancien ministre de la Défense, qui a été démis de ses fonctions en octobre 2023 après deux mois de disparition inexpliquée.

En juin, le PCC a expulsé M. Li et son prédécesseur, les accusant d’avoir abusé de leurs pouvoirs et d’avoir accepté des pots-de-vin considérables, comme l’avaient rapporté les médias d’État.

Avant d’être promu ministre en mars 2023, M. Li dirigeait le département du Développement de l’équipement, une branche clé de la Commission militaire centrale (CMC) chargée de l’acquisition des armes. Au cours de ses six années de mandat, M. Li « aurait approuvé toutes les acquisitions d’armes de l’Armée populaire de libération (APL) », précise le rapport.

Dans un geste rare, la CMC a publié un avis public appelant à signaler les cas de corruption en juillet 2023, lançant des enquêtes sur des violations disciplinaires remontant à octobre 2017. Cette initiative, note le rapport du Pentagone, signale « des préoccupations importantes concernant les efforts de modernisation de l’APL de manière plus générale ».

La campagne de lutte contre la corruption a également piégé plusieurs hauts responsables de la « Rocket Force » de l’APL (PLARF : People’s Liberation Army Rocket Force), chargée de gérer les missiles conventionnels et nucléaires du pays. Parmi les personnes touchées figurent l’ancien chef de la PLARF, Li Yuchao, le commissaire politique Xu Zhongbo et d’autres commandants adjoints.

« L’impact sur la confiance des dirigeants de la RPC à l’égard de l’APL suite au constat d’une corruption de cette ampleur est probablement renforcé par l’importance exceptionnelle que revêt la mission nucléaire du PLARF », stipule le rapport, en utilisant l’acronyme du nom officiel du régime, la République Populaire de Chine.

La dynamique de cette campagne ne montre que peu de signes d’essoufflement. Le 28 novembre, l’amiral Miao Hua, membre de la CMC, l’organe décisionnel de l’armée, et allié de confiance de Xi, a été suspendu et mis en examen pour suspicion de « violations graves de la discipline », selon le ministère de la Défense de Pékin, qui utilise un euphémisme pour parler de corruption.

Ce brusque remaniement a alimenté les spéculations sur les luttes politiques intestines qui agitent les hautes sphères du PCC. Certains analystes ont interprété cette évolution comme un signe que Xi pourrait être confronté à une crise de pouvoir.

Pour renforcer cette incertitude, la situation de l’actuel ministre de la Défense n’est toujours pas claire. Des rapports récents indiquent que l’amiral Dong Jun, qui a pris ses fonctions de ministre en décembre 2023, fait également l’objet d’une enquête. Bien que le ministère des Affaires étrangères du régime ait rejeté ces allégations en les qualifiant de « chasse aux ombres », des analystes ont estimé que l’émergence de ces spéculations avait déjà soulevé des questions sur la mainmise de Xi sur le pouvoir.

Le rapport du Pentagone souligne qu’au mois de mars, M. Dong n’était pas membre de la CMC et qu’il n’avait pas non plus été nommé conseiller d’État, fonctions précédemment occupées par ses deux prédécesseurs.

Un haut fonctionnaire de la défense américaine a souligné l’effet domino provoqué par une telle enquête anticorruption. « Une fois découverte la corruption à un endroit ou impliquant un haut fonctionnaire, il se produit une sorte d’effet de spirale qui semble inévitablement attirer d’autres fonctionnaires », a commenté le fonctionnaire lors d’un point de presse.

Toutefois, il semble peu probable que Pékin revienne sur sa purge, a ajouté le fonctionnaire. « Xi Jinping a fait de la campagne anticorruption, pas seulement au sein de l’APL, mais plus largement de tout le Parti, une véritable marque de fabrique de son mandat à la tête de l’État », ont-ils indiqué.

Dans un document séparé accompagnant le rapport, le Pentagone a qualifié d’« inégaux » les progrès de l’armée chinoise vers son objectif de capacité pour 2027, un développement qui, s’il est atteint, pourrait faire de « l’APL un outil militaire plus crédible pour les efforts d’unification de Taïwan du PCC », a souligné le Pentagone.

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