Fondée par Tarak Sassi, président, et Alexandre Mouci, secrétaire général, l’association La ReMontée œuvre pour sauver les victimes tombées dans l’enfer de la drogue.
Parmi ses nombreuses actions particulièrement concrètes dont l’organisation des maraudes, l’association coordonne des équipes pour favoriser l’insertion et la réinsertion professionnelle des anciens toxicomanes en difficulté, et intervient en milieu scolaire pour prévenir des dangers liés à la consommation de drogues.
Il est reconnu aujourd’hui que sa médiation auprès des riverains et des commerçants apaise les conflits et les peurs auprès des habitants des quartiers qui sont témoins ou subissent dans leur environnement la violence quotidienne, offrant ainsi l’espoir d’un renouveau du vivre ensemble. Entretien avec le secrétaire général de La ReMontée.
Comment les jeunes adolescents auprès de qui votre association intervient dans les milieux scolaires au titre de la prévention reçoivent-ils votre mise en garde à un âge où leur évolution les entraîne à se confronter à des risques ?
Alexandre Mouci : En tant que professeur, je suis en lien régulier avec les problèmes de violences, d’addictions, que tout jeune peut rencontrer et M. Tarak Sassi, avec qui j’ai fondé notre association La ReMontée, en tant que champion de catch, amène des jeunes en difficulté à s’en sortir par le sport.
Les actions choc que nous menons sensibilisent les jeunes en priorité : nous utilisons la voie médiatique comme vecteur principal pour véhiculer nos réussites auprès d’eux et souhaitons en ce moment diffuser régulièrement des vidéos sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’aller là où sont les jeunes.
Par ses actions concrètes, votre association montre à quel point il est important d’agir sur le terrain. Pourriez-vous donner quelques exemples de cette spécificité pour nos lecteurs ?
Oui, notre Association La ReMontée a cette spécificité : même quand nous parlons, c’est dans l’objectif d’agir !
Récemment, en tant que professeur dans un établissement réputé et co-fondateur de l’association La ReMontée, j’ai créé un projet de cartographie pour faire ensuite de la prévention pour les jeunes dans les zones les plus criminogènes de France. Ce travail s’est accompli en coopération avec 70 jeunes lycéens. J’ai lancé une vidéo d’appels à témoignage pour pouvoir mieux faire connaître cette cause, agir au plus vite là où il est le plus urgent d’agir !
Par le biais de l’association des Anciens du lycée Hoche – dont je suis un ancien élève et je rappelle que le lycée Hoche a un certain temps été premier lycée de France –, nous avons aussi avec nous un vivier de brillants professeurs, qui peuvent notamment nous accompagner quant à la prévention pour les jeunes.
Nous pouvons aussi mener des actions spectaculaires. L’an dernier par exemple, nous avons extirpé une jeune mineure de dangereux toxicomanes, deux fois en quelques mois, avec une équipe entraînée. Cette réussite a été relayée par RMC, BFM. Nous avons aussi pu alerter les autorités compétentes en la matière en partie grâce à ces diffusions. Ce n’est pas notre première : surtout, nous restons en contact avec les familles de victimes, pour être dans une véritable démarche d’accompagnement. Pour l’instant, nous agissons « au cas par cas », mais espérons avoir de nombreux soutiens encore pour pouvoir sortir les jeunes de l’enfer.
En 2018, nous avons aussi accompagné à terme des personnes en grande difficulté, à l’insertion, à la réinsertion, par des activités sportives et l’embauche, en lien avec les autorités franciliennes et nationales, comme vous pouvez le lire dans un article du Parisien, concernant les racines de notre projet associatif actuel.
Comment faire lorsque certains milieux professionnels présentent la « réussite sociale » comme une sorte de performance de l’être humain qu’il s’agit d’admirer, alors que ces mêmes individus ont recours aux drogues pour aller au-delà de leurs possibilités physiques et psychiques ? je pense notamment à la fin dramatique de Jean-Luc Delarue.
Avec la cocaïne, qui est la drogue dure la plus sournoise – car on ne sent pas de « bad trip » avec une cocaïne de bonne qualité, on pense devenir un « surhomme » en contrôlant ses doses.
Certains esprits forts et créatifs croient arriver à « contenir » leur addiction dans une logique de « production ». Mais ils dérivent : c’est un jeu risqué pour soi-même et évidemment, pour tout son entourage.
Le crack, appelé « drogue du pauvre », est de la cocaïne « basifiée » : la combustion de la soude crée de l’ammoniac, qui grille les synapses dès la première prise : le retour en arrière devient mission quasi impossible.
Paris est devenu la première zone d’arrivage de cocaïne en Europe. La ReMontée a d’ailleurs été auditionnée fin d’année 2022 par les préfectures de police nationale et régionale sur le sujet du crack à Paris pour l’évacuation du square Forceval.
Est-ce que le cinéma contribue à aider à présenter les dangers mortels de la drogue ? avec des films comme Casino par exemple ou Requiem for a dream ?
Ce sont là des films techniquement aboutis et avec une puissance de narration certaine. Si, artistiquement parlant, je trouve ces films excellents, il est incontestable que la drogue mène à la mort. Par ailleurs, addictions et argent vont toujours de pair. Dans un cas, jeux de hasard, dans l’autre, « drogues dures ». Dans Requiem for a dream, le côté poétique « baudelairien » devient la norme mais ne rend pas compte de la réalité des conséquences du produit sur les proches et l’environnement.
En effet, le danger est de ne plus voir la réalité de ce que deviennent les quartiers et de grandes villes comme Paris ou New York, gangrénées par des trafics en tout genre. Nous vivons une véritable dystopie.
Il est rare de voir des films beaucoup plus réalistes et crus sur le sujet des drogues, à l’instar de My Beautiful Boy, que je conseille. Je pense qu’il devrait y avoir plus de scénarii écrits dans cette voie en France. Par exemple, le film Overdose de l’excellent réalisateur français Olivier Marchal n’aurait-il pas pu intégrer des messages de prévention ? Même si le mafieux est montré en « méchant », on s’y habitue et de fait, la violence devient banale, surtout pour des personnes influençables.
Bien que, notamment avec des associations comme la vôtre, nous agissons au niveau français, le problème de la drogue n’est pas seulement national mais international. Que peut-on envisager pour que chaque État se saisisse de cette question et en fasse une cause commune sachant que certains pays génèrent des revenus colossaux par ce commerce mortel ?
Je pense qu’un dialogue avec la jeunesse est le plus urgent dans un premier temps et démonter certains « fantasmes » au sujet des drogues est nécessaire, oui ! Avec les équipes de La ReMontée, nous mettons en place un projet pour faire de la prévention dans les établissements scolaires les plus concernés sur le sujet des addictions, de la violence : rixes, incendies volontaires, violences sexuelles,…
Depuis 2015, les PIB prennent en comptent les cours boursiers de la drogue : est-ce pour mieux les contrôler ?
Nous souhaiterions d’ailleurs échanger avec l’ancien maire de New York, M. Rudy Giuliani, sur le sujet de stratégies opérationnelles à mettre en place en France, aux Etats-Unis et en Europe.
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