La réhabilitation de l’Hôtel du président Tyndo à Thouars (Deux-Sèvres) donne une nouvelle vie au patrimoine de la ville. Un conservatoire intercommunal de musique et de danse, doté de studios de danse, de salles de pratiques instrumentales, de salles de cours et de studios d’enregistrement vont accueillir près de 800 élèves.
Il a ouvert ses portes au public le 19 septembre 2015 et a été conçu à partir d’un édifice dégradé qui partait en ruine. Ainsi des bâtiments des XVe, XIXe et XXe siècles se conjuguent de manière harmonieuse pour créer un ensemble culturel et artistique.
Arc&Sites, une agence spécialisée dans la restauration du patrimoine
À l’initiative de la Communauté de Communes du Thouarsais, l’agence d’architecture Arc&Sites, spécialisée dans la restauration du patrimoine, située à Bordeaux, a été désignée pour orchestrer ce projet. En collaboration avec l’agence Nunc, la mission était de transformer l’Hôtel Tyndo en conservatoire de musique, de danse et scène d’art dramatique.
Le nouveau conservatoire met en valeur le patrimoine culturel des lieux, couplé à l’intervention contemporaine. Des solutions techniques spécifiques ont été mises en œuvre dans le respect de ce lieu d’histoire. Les travaux ont permis d’atteindre des performances acoustiques, thermiques et structurelles élevées, tout en respectant le budget alloué.
« Contrairement aux idées reçues, la réutilisation de bâtiments anciens est généralement plus économique que de construire. Elle participe également ici à un développement urbain responsable, en régénérant la ville existante », a précisé l’architecte Rémi Desalbres. La réhabilitation réduit l’empreinte carbone, évitant des dépenses d’énergie liées à une démolition/reconstruction. Un tel projet est aussi l’occasion de maintenir localement des artisans qualifiés et de valoriser leur savoir-faire auprès de la population.
Unité urbaine
La cour de l’hôtel a retrouvé son rôle d’espace de représentation ouvert sur la ville. L’ancien préau de l’école devient un jardin d’agrément dessiné par l’agence Nunc. Ce nouveau jardin contemporain signale l’entrée de l’équipement et invite les riverains à la promenade. Avec la mise en valeur du patrimoine, les déplacements piétons dans la ville historique de Thouars sont facilités, la coupure entre la ville haute et ville basse a été effacée, la ville est unifiée.
Les arcades ont été fermées par des baies vitrées
La connaissance du bâti ancien a permis aux architectes de tirer le meilleur parti de l’existant. Le projet a consisté à révéler la qualité oubliée des espaces intérieurs, pour la plupart morcelés. Ainsi, des cheminées de la Renaissance parmi les plus remarquables de la région ont été intégrées à la réhabilitation. Les arcades ont été fermées par des baies vitrées. Le grand escalier créé à la jonction du corps de logis et de l’aile sud assure la distribution de l’équipement. Véritable colonne vertébrale du projet, il dessert avec son ascenseur l’ensemble des étages, gérant ainsi les différences de niveaux.
Une salle d’orchestre d’une capacité de 280 personnes
Les salles d’enseignement sont aménagées à l’étage de l’aile sud qui retrouve sa vocation initiale liée à l’enseignement. Au second étage, la salle d’orchestre d’une capacité de 280 personnes est implantée à l’emplacement de l’ancien dortoir et de sa salle d’eau. Un studio de répétition indépendant et accessible à tous est également aménagé dans l’aile sud. L’aile sur rue est principalement affectée à la danse avec deux salles superposées de 250 m2. Une salle d’orgue et une salle de percussions sont aménagées au second étage.
Une cheminée de la Renaissance française des plus exceptionnelles
Une extension sous la forme d’une tour de bois abrite un monte-charge pour la manutention des instruments de musique volumineux et un escalier de secours. Dans l’hôtel médiéval, la médiathèque a été aménagée au rez-de-chaussée à l’emplacement d’un ancien salon dont les boiseries datent du XVIIIe siècle. Derrière l’une des boiseries, une cheminée de la Renaissance française des plus exceptionnelles a été découverte en cours de chantier. Les architectes ont imaginé un système mobile permettant de présenter cette découverte à l’occasion de visites.
La salle de formation musicale a été aménagée à l’étage. L’intervention a permis de restituer ici les dispositions anciennes d’une grande salle médiévale oubliée suite à son morcellement au début du XXe siècle en petites pièces. « Parmi d’autres, ce choix témoigne de la capacité des architectes à marier enseignement et révélation du patrimoine », a déclaré François Goutal, directeur du conservatoire. L’administration est installée dans la partie nord de l’hôtel, plus exiguë, n’étant pas soumise aux mêmes contraintes d’accessibilité que les parties ouvertes au public. Un local « régie » est aménagé au rez-de-chaussée d’un bâtiment du XIXe situé côté nord de l’hôtel.
Garantir la sécurité de l’hôtel tout en conservant les boiseries anciennes
Des solutions techniques spécifiques ont été mises en œuvre permettant d’atteindre un niveau de performance acoustique et thermique. Les planchers existants ont été renforcés en assemblant les poutres anciennes en bois à une dalle en béton armé par l’intermédiaire de connecteurs métalliques. Ce principe a permis de conserver ainsi les structures anciennes et de mettre en valeur des charpentes des XVe et XIXe siècles dans le cadre du projet d’aménagement.
Les fenêtres ont également fait l’objet de traitements diversifiés. La création de doubles fenêtres isolantes placées côté intérieur s’est révélée particulièrement efficace et économique. Elle a permis de préserver les anciennes menuiseries à petits bois, caractéristiques de l’ancien bâtiment scolaire du XIXe siècle, et de répondre ainsi aux exigences en matière de mise en valeur du patrimoine. Ce choix permet d’atteindre le niveau acoustique souhaité pour les salles les plus sonores (jusqu’à 43 dB) et une isolation thermique performante.
Ancienne demeure de Louis Tyndo, Sénéchal de la Vicomté
L’Hôtel Tyndo est un chef d’œuvre d’architecture de la fin du XVe siècle. Il fut la demeure de Louis Tyndo, Sénéchal de la Vicomté et ami de Louis XI, roi de France. Il est situé en bordure de la ville médiévale de Thouars et succède à un édifice du XIIe siècle rattaché à la couronne d’Angleterre, surplombant la tour du Prince de Galles.
La Ville de Thouars acquiert l’hôtel en 1873 pour y établir la nouvelle école des filles. Ce premier changement d’usage va nécessiter un agrandissement et des transformations de l’hôtel médiéval. Une nouvelle aile a été construite dans un style néo-médiéval de grande qualité. Elle va abriter des salles de classe lumineuses et le grand dortoir du pensionnat. Un siècle plus tard, en 1979, la Ville de Thouars cherche un nouvel usage à l’édifice. Tombé en désuétude après le départ de l’école, il deviendra maison d’associations.
Les bâtiments sont aujourd’hui protégés au titre des Monuments historiques. La tourelle d’escalier médiévale est classée depuis 1889. Le reste de l’hôtel est inscrit à l’Inventaire supplémentaire des monuments historiques, de même que les bâtiments du XIXe siècle.
Tailleurs de pierre, sculpteurs et maçons ont animé le chantier
Les façades des bâtiments existants étaient particulièrement dégradées et ont été restaurées. Plus de 80 m3 de pierre de taille ont été nécessaires pour cette importante restauration. Tailleurs de pierre, sculpteurs et maçons ont animé le chantier durant plus de 20 mois. La sculpture et les fleurons des lucarnes ont été rétablis. Les enduits au ciment ont été remplacés par des enduits à la chaux naturelle de teinte claire qui respirent et s’harmonisent avec la pierre de taille.
Des artistes contemporains ont inscrit leur talent. Sarah Dreaper, artiste anglaise, a réinterprété la cage d’ascenseur en verre et acier corten du nouvel escalier, de motifs floraux des cheminées peintes au début du XVIIe siècle.
Simon Boudvin, artiste-plasticien choisi par la Communauté de communes du Thouarsais en 2013 dans le cadre du 1% artistique, a réalisé une œuvre qui se décline en quatre volets en lien avec les matériaux utilisés sur le site de Tyndo, le tuffeau, l’ardoise et les graffitis.
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