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La rencontre entre Edouard Philippe et les « gilets jaunes » tourne au fiasco

novembre 30, 2018 20:39, Last Updated: novembre 30, 2018 20:39
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La rencontre prévue à Matignon entre Édouard Philippe et les « gilets jaunes » a tourné au fiasco vendredi, le Premier ministre assurant toutefois que « la porte de Matignon [serait] toujours ouverte » aux représentants de ce mouvement.

« J’ai demandé à plusieurs reprises à ce que cet entretien soit filmé et retransmis en direct à la télévision, cela a été refusé », a déclaré à la presse Jason Herbert, l’un des huit membres de la délégation qui avait émergé en début de semaine, avant de repartir après quelques minutes d’un dialogue de sourds.

Ni M. Herbert, ni Matignon n’ont révélé l’identité du « gilet jaune » resté ensuite plus d’une heure avec Édouard Philippe et le ministre de la Transition écologique François de Rugy.

« Cet échange a eu lieu, avec moins de représentants que j’espérais, mais il a eu lieu et je pense que c’était important qu’il ait lieu », a déclaré le Premier ministre après une discussion qu’il dit avoir jugée « utile » et « intéressante », à la veille de la troisième journée de manifestation nationale du mouvement qui dénonce notamment l’injustice fiscale.

« Il aurait été incompréhensible », a-t-il ajouté, qu’il n’y ait « pas ce moment d’échanges avec les représentants des gilets jaunes » après avoir reçu « tous les représentants des associations, des syndicats, des élus locaux, des corps intermédiaires » dans le cadre de trois mois de concertation voulus par le président Emmanuel Macron.

Depuis l’annonce du rendez-vous jeudi matin, le cabinet d’Édouard Philippe n’a jamais été en mesure de dire qui et combien de personnes seraient reçues.

Jason Herbert, chargé de communication dans une médiathèque d’Angoulême, est l’une des figures du mouvement en Charente. Il était arrivé à Matignon vers 14H30, une demi-heure après l’horaire prévu.

Dans un communiqué des « gilets jaunes » diffusé en fin de matinée, la rencontre avec Édouard Philippe était qualifiée de « prématurée », au motif que François de Rugy avait évoqué un « entretien futur visant à réunir autour d’une table le Premier ministre et/ou le porte-parole du gouvernement avec les référents gilets jaunes des différents départements ».

Ce nouveau couac survient alors que politiques et syndicalistes multiplient les appels à l’exécutif pour qu’il fasse un geste en direction des manifestants.

« À un moment, on ne peut pas gouverner contre le peuple » et il ne faut pas « ajouter des charges aux charges » des Français, a averti vendredi matin François Bayrou, un allié de poids d’Emmanuel Macron.

De Buenos Aires où il participe au G20, le président avait redit jeudi vouloir répondre à « la colère légitime » et à « la souffrance d’une partie du peuple » par « des décisions supplémentaires dans les semaines et les mois à venir », mais qui « ne seront jamais des reculs ».

Les syndicats reçus dans la matinée par le Premier ministre ont demandé à l’exécutif de nouvelles mesures « immédiates » ou du moins « concrètes » pour répondre à la crise des « gilets jaunes », allant d’une prime transport à la hausse des salaires, en passant par un moratoire sur la taxe carburant.

Principale figure présente, le dirigeant de la CFDT Laurent Berger a notamment poussé, comme Force Ouvrière, en faveur d’une prime transport pour les salariés se rendant au travail en voiture.

La quasi-totalité des élus locaux reçus à Matignon jeudi avaient déjà réclamé un nouveau « geste » de l’exécutif, et au-delà de François Bayrou, l’idée d’un moratoire à la hausse des taxes fait débat au sein même de La République en Marche (LREM), le parti présidentiel.

Le mouvement se prépare pour l' »acte3″ samedi sur les Champs-Élysées et partout en France. Toujours insaisissable pour le monde politique, il avance galvanisé par le soutien des deux tiers des Français et une pétition « pour une baisse des prix du carburant à la pompe » qui a dépassé jeudi le million de signatures.

Les « gilets jaunes » regroupent une population hétérogène, qui a en commun de subir des « fins de mois difficiles » et de souffrir du « mépris des puissants », selon le portrait dressé ces derniers jours par plusieurs experts.

« La fronde dépasse le monde rural et touche l’ensemble des catégories modestes », observe le géographe Christophe Guilluy dans un récent entretien au Figaro, tandis que la Fondation Jean-Jaurès évoque « un très net clivage de classe ».

Dans un geste d’apaisement après deux semaines de crise, le gouvernement a annoncé que les Champs-Élysées seront ouverts aux piétons samedi, comme le demandaient les « gilets jaunes ».

Un filtrage et des fouilles seront « systématiquement » organisés, a précisé vendredi le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner, pour éviter les échauffourées qui ont émaillé la précédente journée d’actions du 24 novembre sur l’une des avenues les plus touristiques au monde.

D. S avec AFP

 

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