Parfois, un changement se produit si graduellement que les gens ne le remarquent même pas. Au Canada, l’avancement progressif vers une mentalité collectiviste et autoritaire au cours de la dernière décennie correspond à ce type de changement. Néanmoins, les événements de la dernière année ont rendu ce changement culturel indéniable. Les droits collectifs sont favorisés. Les droits individuels ne le sont plus.
Une chroniqueuse du National Post a récemment illustré ce changement en demandant que tous les professionnels de la santé se fassent administrer le vaccin contre le Covid sous peine d’être congédiés. Elle propageait un dégoût apparent devant les employeurs qui n’avaient pas légalement moyen d’exiger que tous leurs travailleurs soient vaccinés, « soi-disant parce que les gens ont le droit de ne pas être soumis à des interventions médicales contre leur gré ».
En effet, les gens ont ce droit. Il est surprenant que la notion de consentement volontaire et éclairé – la caractéristique principale d’un traitement médical dans une société civilisée – soit désormais considérée comme un obstacle déraisonnable et égoïste à des objectifs incontestables.
Bien qu’on nous ait servi un régime de déceptions pendant toute une année, il y a en fait quelques bonnes nouvelles sur le front du Covid. D’une part, le taux de survie est en moyenne de 99,7 % chez les personnes infectées, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé, et les jeunes ont été presque entièrement épargnés par les pires conséquences de ce virus. En Ontario, sur les 7 428 décès attribués au Covid au moment de la rédaction du présent article, seuls 104 étaient des personnes âgées de moins de 50 ans. L’âge moyen du décès dû au virus se situe à peu près au niveau de l’espérance de vie moyenne.
Autre bonne nouvelle, la propagation asymptomatique – qui justifie la distanciation sociale, les masques et les confinements – s’est avérée négligeable. Une méta-analyse de 54 études internationales publiée par la National Library of Medicine des États-Unis a révélé que les personnes symptomatiques transmettaient le virus aux membres de leur foyer dans 18 % des cas, tandis que les personnes asymptomatiques ne le transmettaient aux membres de leur foyer que dans 0,7 % des cas. Il n’y a donc aucune raison de craindre les personnes en bonne santé.
Et les fabricants de vaccins ont réussi à produire des vaccins anti-Covid en moins d’un an, affirmant qu’ils sont efficaces pour prévenir les maladies graves et les décès. AstraZeneca se targue d’une « protection à 100 % » contre les maladies graves nécessitant une hospitalisation, tout comme Pfizer et Moderna. En d’autres termes, si vous faites partie d’un groupe vulnérable, comme les personnes âgées, obèses et/ou souffrant de comorbidités graves, le vaccin devrait vous protéger.
Si ces vaccins sont une option bienvenue pour les personnes plus vulnérables au Covid, ils ne sont pas sans risques, connus et inconnus. Si vous présentez un risque élevé de contracter le Covid, un nouveau vaccin qui n’a été approuvé qu’à cause d’une urgence peut s’avérer judicieux. Mais si vous avez moins de 65 ans environ et que vous n’êtes pas atteint d’une maladie chronique susceptible de raccourcir votre vie, vous pouvez très bien préférer ne pas le prendre. Les propres mises à jour de Pfizer indiquent qu’il n’y a pas encore suffisamment d’informations sur la sécurité pendant la grossesse, par exemple, pour permettre un consentement éclairé. Bon nombre des travailleurs de la santé que la chroniqueuse du National Post insiste absolument à voir être vaccinés en échange de conserver leur emploi sont des femmes en âge de procréer.
Compte tenu des informations actuelles et des profils de risque connus, il est totalement inadmissible et contraire à l’éthique de pousser chaque personne, y compris les enfants, à se faire vacciner. Est-ce là la direction que nous prenons ? Il semblerait que oui. La chroniqueuse du National Post, par exemple, ne se contente pas de s’arrêter à ceux qui interagissent directement avec les patients, puisqu’elle demande des preuves « que toute personne qui soigne, livre de la nourriture, nettoie le sol ou prend des appels téléphoniques dans un hôpital ou une maison de soins est vaccinée. »
La publicité du gouvernement de l’Ontario pour le Super Bowl de février a également fait la promotion de vaccins pour tous : « Jusqu’à ce que nous ayons tous le vaccin, restez à la maison, sauvez des vies ». La publicité visait les jeunes adultes, dont les chances personnelles de survivre au Covid sont de près de 100 %. Mais s’ils prennent la décision parfaitement rationnelle de ne pas se faire vacciner, ils pourraient bientôt être confrontés à des restrictions de leur liberté et se voir refuser l’accès à tout semblant de vie normale, alors que l’appel aux « passeports vaccinaux » se fait de plus en plus pressant. C’est de la coercition pure et simple.
Comme la quasi-totalité de nos réponses à la pandémie au cours de l’année écoulée – en commençant par des confinements généralisés et sans précédent historique – le plaidoyer en faveur de vaccinations obligatoires et universelles ne s’appuie pas sur les pratiques, les plans, les preuves et la rationalité du passé. Tout cela a pris un caractère d’urgence morale, alimenté par une peur collective qui instinctivement passe outre les droits, les désirs et les intérêts individuels.
En vertu de la Charte canadienne des droits et libertés, les citoyens ont droit à la liberté et à la sécurité de leur personne, ce qui nous confère une autonomie dans les choix qui ont un impact sur notre propre intégrité physique et psychologique. Lorsqu’une exigence a une portée excessive et empiète sur ces droits d’une manière qui n’a aucun rapport avec son objectif, elle est contraire aux principes de justice fondamentale. Les vaccins obligatoires pour tous sont anticonstitutionnels à ce titre.
Ah, mais les droits et libertés individuels n’ont plus d’importance pour de nombreux Canadiens ! L’important, c’est que ceux qui ont peur se sentent en sécurité, et il ne suffit pas de recevoir un vaccin qui réduit pratiquement à zéro les risques de maladie grave. Tous les autres doivent démontrer leur valeur morale et leur obéissance à la collectivité en se faisant vacciner eux aussi. Mieux encore, ils devraient le mettre sur leur profil de médias sociaux afin que tout le monde puisse être assuré de leur bonté et de leur conformité.
Il s’avère que les tendances autoritaires et collectivistes dont ont fait preuve de nombreux Canadiens cette année étaient entièrement prévisibles. Dans une étude de 2013 intitulée Pathogènes et politique : de nouvelles preuves que la prévalence des parasites prédit l’autoritarisme, les auteurs ont trouvé une relation entre la menace d’une maladie infectieuse et un changement dans le comportement et la pensée des individus vers l’autoritarisme.
Cette évolution a été tout à fait évidente chez nombre de nos concitoyens, qui ont dénoncé leurs voisins et compté le nombre de personnes entrant dans l’église locale. On peut le voir dans la façon dont les gens se sont ralliés à un récit consensuel incontestable sur les mérites du confinement et ont ridiculisé ceux qui contestaient cette approche – même lorsque les contestataires étaient des experts estimés d’institutions de classe mondiale comme Stanford, Oxford et Harvard.
Elle est présente dans l’exigence que les autres soient confinés, masqués et punis pour toute infraction (même lorsqu’elle ne peut pas causer de dommages, comme faire rebondir un ballon de basket seul dans un parc). Beaucoup de policiers et d’agents des règlements municipaux ont oublié leurs racines de police communautaire et sont devenus de petits tyrans, se présentant en force pour donner une contravention à un pasteur ou pour maîtriser un petit commerçant qui vend des côtes levées.
Il ne fait aucun doute qu’une crise suscite le désir d’agir dans l’ « intérêt commun » et que certaines menaces exigent de se serrer les coudes. Mais comme le montre l’étude sur le comportement prédictif, cet autoritarisme au niveau individuel façonne les systèmes politiques, plutôt que les systèmes politiques ne façonnent les attitudes individuelles. En d’autres termes, notre réponse à ce virus va remodeler notre société et accélérer ces tendances vers l’autoritarisme et la tyrannie de la majorité. Nous nous dirigeons rapidement vers un endroit très sombre.
Voici une meilleure solution : une fois que les personnes vulnérables auront eu la possibilité d’être vaccinées et qu’elles ne seront donc plus exposées à un risque significatif de maladie grave, toutes les restrictions sur la vie des citoyens devraient être immédiatement levées. Pas de vaccins obligatoires. Pas de passeports.
En temps voulu, lorsque nos systèmes limbiques auront eu le temps de se réadapter à une vie sans peur constante, une enquête publique devra être menée pour déterminer pourquoi tous les plans de lutte contre la pandémie ont été jetés par la fenêtre en réponse à la panique et à la pression du public. Chaque Canadien devrait réfléchir personnellement aux raisons pour lesquelles tant de personnes étaient prêtes à sacrifier des droits humains fondamentaux et une dignité durement acquis, et ce, si inutilement. Vivre dans la peur constante est dangereux pour les individus et la société. Il est temps de faire le point sur la réalité avant de causer d’autres dommages.
Lisa Bildy est avocate au Centre de justice pour les libertés constitutionnelles. Elle peut être suivie sur Twitter à l’adresse @LDBildy.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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