Interpol effectue 300 arrestations sur cinq continents dans la lutte contre les syndicats du crime d’Afrique de l’Ouest

Interpol a identifié plus de 400 suspects supplémentaires et bloqué environ 720 comptes bancaires associés à des activités financières criminelles

Par Tom Ozimek
19 juillet 2024 23:13 Mis à jour: 20 juillet 2024 01:01

Selon l’Organisation internationale de police criminelle (Interpol), une opération policière mondiale, ciblant les syndicats du crime en Afrique de l’Ouest, a permis de démanteler de nombreux réseaux criminels sur plusieurs continents, de saisir des biens pour une valeur de plusieurs millions de dollars et de procéder à des centaines d’arrestations.

Baptisée « Opération Jackal III », cette opération s’est déroulée dans 21 pays sur cinq continents et a visé la fraude financière en ligne et les groupes criminels d’Afrique de l’Ouest qui en sont responsables, selon Interpol.

Quelque 300 suspects ont été arrêtés au cours de cette opération, qui a également permis aux services répressifs d’identifier plus de 400 autres suspects et de bloquer plus de 720 comptes bancaires associés à des activités financières criminelles.

« Le volume de la fraude financière en provenance de l’Afrique de l’Ouest est alarmant et en augmentation », a déclaré Isaac Oginni, directeur de la division de la criminalité financière d’Interpol, dans un communiqué.

M. Oginni a déclaré que la coopération entre les polices de différents pays a permis de démanteler de vastes réseaux criminels à travers le monde.

L’un des groupes visés était Black Axe, l’un des principaux groupes criminels organisés d’Afrique de l’Ouest, dont les activités incluraient la cyberfraude, la traite d’êtres humains, le trafic de stupéfiants et les crimes violents commis en Afrique et ailleurs.

« En identifiant les suspects, en récupérant les fonds illicites et en mettant derrière les barreaux certains des chefs les plus dangereux de la criminalité organisée en Afrique de l’Ouest, nous sommes en mesure d’affaiblir leur influence et de réduire leur capacité à nuire aux communautés du monde entier », a déclaré M. Oginni.

En Argentine, le coup de filet a permis de démanteler un réseau criminel dirigé par des Nigérians, qui utilisait des mules pour ouvrir des comptes bancaires partout dans le monde et qui faisait l’objet d’enquêtes dans plus de 40 pays pour des activités de blanchiment d’argent.

« L’opération Jackal constitue une avancée cruciale dans la lutte contre l’escroquerie financière en ligne en Afrique de l’Ouest et démontre clairement que les cybercriminels ne peuvent échapper à la vigilance des 196 pays membres d’INTERPOL, en particulier de l’Argentine », a déclaré Diego Verdun, Chef du Bureau central national de l’Argentine, dans un communiqué.

À la suite d’une enquête menée pendant cinq ans par Interpol sur ce groupe criminel dirigé par des Nigérians, la police a pu arrêter 72 suspects originaires d’Argentine, de Colombie, du Nigeria et du Venezuela, entre autres pays.

Ce coup de filet a également permis de saisir une centaine de comptes bancaires et 1,2 million de dollars en faux billets de grande qualité appelés « supernotes ».

Les activités de ce groupe criminel dirigé par des Nigérians ont causé un préjudice financier important à plus de 160 victimes d’escroquerie, et certaines personnes ont même perdu leur maison, a déclaré Interpol.

« En suivant les filières de l’argent illégal dans le monde entier, INTERPOL et la communauté policière internationale s’assurent que, quel que soit l’endroit où ces malfaiteurs tentent de se cacher, ils seront poursuivis sans relâche et traduits en justice », a assuré M. Verdun.

L’opération Jackal III a également visé des groupes criminels organisés d’Afrique de l’Ouest opérant en Suisse, où la police a saisi de la cocaïne et des dizaines de milliers de dollars en espèces et arrêté de nombreux suspects.

Interpol a contribué à l’opération suisse en fournissant un accès en temps réel à ses bases de données, ce qui a aidé les services de police locaux à identifier les membres et les activités du groupe criminel.

Le hall d’entrée du siège d’Interpol à Lyon, dans l’est de la France, 17 mai 2010. (JEAN-PHILIPPE KSIAZEK/AFP via Getty Images)

Un syndicat du crime nigérian démantelé au Portugal

Au Portugal, où Interpol a facilité l’échange de renseignements et l’arrestation de suspects, la police a démantelé un syndicat du crime nigérian qui blanchissait de l’argent provenant de victimes de fraude financière en ligne dans plusieurs pays européens, selon l’agence.

D’importants transferts vers des comptes bancaires nigérians, ainsi que des transactions en crypto-monnaies et des opérations sophistiquées de blanchiment d’argent, ont été identifiés grâce à des données saisies sur des ordinateurs et des téléphones.

Ce coup de filet, coordonné par Interpol, a également mobilisé des bureaux de recouvrement d’avoirs et des partenaires du secteur privé dans de nombreux pays, dont l’Allemagne, l’Australie, le Canada, les États-Unis, la France et le Royaume-Uni.

Interpol compte 196 pays membres et s’efforce d’aider les services nationaux chargés de l’application de la loi à partager des informations et à retrouver des suspects dans un large éventail d’activités criminelles, notamment la cybercriminalité, les abus sexuels sur les enfants et le terrorisme.

« Notre puissance réside dans notre engagement continu en faveur du partage de renseignements et du partenariat international », a déclaré Ahmed Naser Al-Raisi, président d’Interpol, en avril lors d’une réunion annuelle des chefs des bureaux centraux nationaux, qui sont les points de contact des pays pour l’ensemble des activités d’Interpol.

« Il est essentiel de fournir à la police les outils dont elle a besoin pour lutter ensemble contre la criminalité », a-t-il rappelé.

Les bureaux centraux nationaux relient les services nationaux, chargés de l’application de la loi, aux autres pays et au siège d’Interpol de Lyon, en France, par l’intermédiaire d’un réseau mondial sécurisé de communication policière.

« Le terrorisme reste mondial et mobile, tandis que la criminalité organisée continue de s’étendre sur les continents et les marchés », a souligné le secrétaire général d’Interpol, Jurgen Stock, lors de la conférence du mois d’avril.

« Chaque information, partagée ou non, peut faire la différence entre une arrestation et une tragédie aux proportions internationales », a-t-il poursuivi.

Les délégués à la conférence ont approuvé plusieurs initiatives visant à améliorer la réponse des forces de l’ordre aux réseaux criminels multinationaux. Ces initiatives comprennent l’élargissement de l’accès au réseau mondial de communication policière sécurisée d’Interpol pour les unités de police spécialisées et l’utilisation accrue des capacités de police d’Interpol, notamment un mécanisme d’opposition au paiement pour intercepter les gains illicites provenant de la cyber-fraude.

Depuis que le mécanisme d’opposition aux paiements, le Global Rapid Intervention of Payments, a été mis en place en 2022, il a aidé les pays membres d’Interpol à intercepter plus de 500 millions de dollars de produits criminels, a indiqué l’agence.

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