Le livre‑enquête « Les Infiltrés » des deux grands reporters Matthieu Aron et Caroline Michel‑Aguirre a fait beaucoup de bruit. Selon les auteurs, l’État français serait devenu une « République des consultants » dépendante de puissants cabinets privés présents au cœur des ministères de la Santé, de la Défense, de l’Éducation et d’autres secteurs stratégiques de l’administration. Un « putsch rampant » et un « suicide assisté de l’État » qui seraient le signe d’un désengagement de l’État et du gouvernement dans ses missions premières.
D’après les auteurs, la situation est grave et loin d’être transparente : « On n’est pas au courant, c’est un système qui s’est mis en place sur une quinzaine d’années : comment on a confié la stratégie, l’organisation, toutes les clés de la maison à des cabinets de conseil ? D’une part, on ne le sait pas ; d’autre part, ces cabinets n’ont aucune légitimité démocratique. » témoignent‑ils. Ces cabinets privés factureraient entre 1,5 milliard et 3 milliards d’euros par an à l’État.
Des chiffres réfutés par la ministre de la Transformation et de la Fonction Publique, Amélie de Montchalin qui indiquait le 19 janvier devant la commission d’enquête sénatoriale que « sur la période 2018‑2020, en moyenne les dépenses ont été de 145 millions d’euros [par an] ».
Dans ses estimations, la ministre ne comptait que les prestations de conseil auprès de l’administration centrale, sans prendre en compte les collectivités territoriales, la fonction publique hospitalière, les agences de l’État et les autres prestations intellectuelles.
Les auteurs, en s’appuyant sur les chiffres du Syntec (une organisation professionnelle qui regroupe les cabinets de conseil), révèle que l’ensemble des activités de conseil et de stratégie ont coûté plus de 730 millions d’euros par an à l’État, auxquels s’ajoutent d’autres formes de « prestations intellectuelles » extérieures, notamment les prestations informatiques qui ont coûté 1,1 milliard d’euros en 2020.
Un recours au secteur privé que le ministre de la Santé Olivier Véran et le porte‑parole du gouvernement Gabriel Attal disent « assumer » et même « revendiquer » au nom de « l’efficacité » et de l’expertise de ces cabinets.
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