Alors que les Taïwanais se rendent aux urnes ce week-end, le régime communiste chinois a renforcé son ingérence dans les élections taïwanaises. Les experts notent que les efforts déployés par Taïwan pour résister à l’ingérence de Pékin dans les affaires politiques servent de référence et d’avertissement aux sociétés libres du monde entier.
« L’approche systémique » de l’État-parti chinois
Le 13 janvier, quelque 19,5 millions d’électeurs taïwanais vont élire un nouveau président, le vice-président et renouveler les 113 membres du Parlement national.
« L’ingérence de Pékin dans les élections taïwanaises suit une approche systématique », a souligné à Epoch Times Su Ziyun, directeur de la recherche à l’Institut de recherche sur la défense et la sécurité nationales, un groupe de réflexion basé à Taipei.
Selon lui, la première phase de mesures du Parti communiste chinois (PCC) consiste en des opérations d’influence, notamment la guerre politique et la diffusion de fausses informations. Cette phase est suivie d’une coercition économique, telle que la restriction de l’exportation de certains produits taïwanais vers la Chine, puis d’actions militaires dans la « zone grise ».
Le 8 janvier, le ministère taïwanais de la Défense a indiqué que neuf avions militaires et quatre navires de guerre chinois avaient été détectés à proximité de l’île, et qu’un avion avait pénétré dans sa zone d’identification de la défense aérienne.
Le ministère a également annoncé lundi que, depuis le 1er janvier, 16 ballons de surveillance chinois ont franchi la ligne médiane du détroit de Taïwan.
Les forces armées taïwanaises surveillent la situation et commandent des avions, des navires de guerre et des systèmes de missiles terrestres pour se défendre contre les activités de l’Armée populaire de libération chinoise, a noté le ministère de la Défense.
En même temps, la chaîne de télévision publique chinoise CCTV a rapporté que le bureau des Affaires taïwanaises du régime de Pékin avait déclaré que les élections présidentielles à Taïwan représentaient un choix entre « la guerre et la paix ».
Pékin cherche à exercer le contrôle mondial
Yeau-Tarn Lee, professeur à l’Institut supérieur d’études du développement de l’université Chengchi à Taïwan, a analysé les stratégies adoptées par le PCC pour étendre son influence dans le but ultime de « dominer le monde ».
Le titanesque programme chinois Initiative Ceinture et Route (Belt and Road Initiative), souvent qualifié de « nouvelle route de la soie », qui vise à renforcer l’influence géopolitique de la Chine dans le monde entier, a été « conçu pour interférer dans la politique mondiale », a-t-il expliqué à Epoch Times.
Le régime chinois exploite les élections ouvertes des pays démocratiques pour « promouvoir ses intérêts » et « manipuler la politique de différents pays », a poursuivi M. Lee.
« En substance, indépendamment des dimensions politiques, économiques, sociales ou diplomatiques, le PCC cherche à exercer un contrôle mondial, en prônant ce que l’on appelle le modèle chinois. Il aspire à ce que toutes les nations adoptent ses valeurs, réalisant ainsi ce qu’il appelle ‘la montée de l’Orient et la chute de l’Occident’ », le soi-disant « rêve chinois ».
Toutefois, M. Lee a noté que l’ingérence de l’État-parti chinois dans les élections à Taïwan est plus poussée et visible que son ingérence dans les affaires d’autres pays.
« Le PCC cherche à manipuler Taïwan par le biais de ses élections, afin d’atteindre des objectifs similaires à ceux qu’il a atteint à Hong Kong – tels que la mise en œuvre des principes ‘un pays, deux systèmes’ et ‘réunification’. Il s’agit d’une différence fondamentale par rapport à l’intervention du PCC dans les élections d’autres pays », a-t-il précisé.
Il a également souligné que Taïwan servait de modèle de la liberté et de la démocratie dans le monde, agissant en première ligne pour contrer le régime communiste chinois.
« Si Taïwan est un exemple pour le monde, il doit également collaborer avec ses alliés pour élaborer une stratégie visant à contrer l’ingérence du PCC dans les élections. En particulier, pour les élections cruciales de 2024, l’expérience de Taïwan en matière de résistance au PCC pourrait être précieuse pour les pays libres et démocratiques du monde entier. »
La récente opération d’influence de Pékin vise à soutenir le Kuomintang – le principal parti d’opposition de Taïwan qui prône des liens plus étroits avec le régime chinois – tout en critiquant les candidats du Parti démocratique progressiste (DPP) au pouvoir, le parti qui a développé des relations étroites avec l’Amérique et autres pays occidentaux, indique la société de recherche sur les médias sociaux Graphika.
L’actuel vice-président Lai Ching-te et sa colistière Hsiao Bi-khim du DPP sont en tête des sondages, bien que Pékin les considère comme des séparatistes.
Depuis 1996, Taïwan a connu sept élections présidentielles marquées par une ingérence continue du régime chinois. Cela allait des menaces verbales explicites et de la coercition militaire à la diffusion de fausses nouvelles pour influencer l’opinion publique, en passant par des tactiques récentes telles que la manipulation de sondages d’opinion, la corruption de personnalités politiques et le déploiement d’avions militaires et de ballons de surveillance autour de l’île.
La perspective que Pékin utilise des ballons espions à haute altitude pour la surveillance a attiré l’attention en février 2023, lorsque l’armée américaine a abattu un ballon chinois qui avait traversé la partie continentale des États-Unis.
Au cours des quatre dernières années, le régime chinois a intensifié ses actions militaires agressives contre Taïwan en violant à plusieurs reprises la ligne médiane qui sert de frontière officieuse entre Taïwan et la Chine.
Le régime du PCC revendique Taïwan comme son propre territoire et indique qu’il sera pris par la force si nécessaire. Le dirigeant chinois Xi Jinping a promis de parvenir à la « réunification » de Taïwan, même si son régime n’a jamais gouverné l’île.
En 1949, après avoir perdu la guerre civile face aux troupes communistes de Mao, le gouvernement de la République de Chine de l’époque s’est replié dans la province insulaire de Taïwan où il continue d’appliquer la constitution de 1947.
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