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La Révolution iranienne a bouleversé l’ordre géopolitique au Moyen-Orient

février 10, 2019 13:11, Last Updated: février 10, 2019 13:14
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La victoire de la Révolution islamique iranienne a renversé l’ordre géopolitique au Moyen-Orient et les effets de ce bouleversement se font encore sentir 40 ans plus tard.

Pour la région, la secousse est d’autant plus forte que le triomphe, en février 1979, de l’ayatollah Khomeiny était « impensable, inattendu », comme le note Clément Therme, chercheur sur l’Iran à l’Institut international pour les études stratégiques (IISS). « La surprise a été immense au Moyen-Orient et dans le monde à la suite de (cette) victoire », dit-il à l’AFP, rappelant que l’Iran du chah était alors « perçu comme un pôle de stabilité » dans cette région.

En ces temps de Guerre froide, l’Iran était un des piliers de la politique américaine dans la région contre l’URSS. Mais « l’un des événements fondateurs de la politique étrangère du nouveau régime est la prise d’otages des diplomates américains » à l’ambassade des États-Unis (novembre 1979-janvier 1981), qui signe « l’émergence d’une hostilité irano-américaine », poursuit M. Therme.

Les relations diplomatiques sont coupées et les États-Unis perdent leur principal allié dans la région: on assiste à la « réorganisation de la géopolitique régionale », ajoute le chercheur. « Pour les mouvements islamistes sunnites et pour les minorités chiites de la région », le message de l’Iran révolutionnaire chiite est « une source d’inspiration », dit encore M. Therme.

Dans le discours officiel iranien, la Révolution islamique n’est pas un événement du passé qui se serait arrêté en 1979 avec le renversement de la monarchie: c’est un processus toujours à l’œuvre. « Pour l’imam (Khomeiny), la Révolution islamique est universelle et a trois niveaux: le premier est l’Iran, le second le monde musulman, et le troisième le monde des opprimés », explique à l’AFP Abdoullah Ganji, éditorialiste du quotidien ultraconservateur iranien Javan.

« Au début de la Révolution, nous n’avions  aucune intention  d’exporter la révolution par voie militaire sur le modèle soviétique », assure M. Ganji. Mais ce qui se passait dans le pays a été une source d’« inspiration » à l’extérieur, dit-il en citant une série d’« incidents » survenus alors « dans le monde musulman »: attaques contre des ambassades américaines, contestation chiite en Arabie saoudite ou en Irak, assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate (1981).

Face à ce qui est perçu comme une volonté de les déstabiliser, certains pays arabes prennent peur, et c’est « d’ailleurs une des causes conduisant à l’invasion de l’Iran par l’Irak » en septembre 1980, relève M. Therme. Les deux pays sortiront du conflit exsangues en 1988, mais la guerre aura conforté la République islamique en Iran, tout en l’isolant pratiquement du reste du monde, à quelques exceptions.

« On assiste désormais à une division du monde arabe entre partisans et opposants de l’axe de la Résistance promu par la République islamique qui réunit l’Iran, la Syrie et le Hezbollah libanais », mouvement chiite créé en 1982 en réaction à l’invasion israélienne au Liban, note M. Therme.

Selon M. Ganji, après la fin du conflit avec l’Irak, l’Iran développe une « nouvelle stratégie » consistant à « empêcher les États-Unis de prendre pied au Moyen-Orient ». C’est « la stratégie de la République islamique depuis 30 ans », et « cela explique en partie le prix que nous payons » aujourd’hui, dit-il en faisant référence aux sanctions américaines et internationales.

Amir Mohebbian, analyste et homme politique conservateur iranien, estime pour sa part que « les ventes d’armes massives (de l’Occident) aux pays arabes » du Golfe se justifient par « le fait que l’Iran reste un danger » contre les visées impérialistes des États-Unis.

D’après M. Ganji, la stratégie antiaméricaine de la République islamique, doublée du souci de « l’unité des musulmans », explique le soutien militaire apporté par l’Iran aux autorités de Syrie et d’Irak pour combattre les jihadistes du groupe État islamique, que Téhéran accuse d’être une création des Etats-Unis. « Ce qui s’est passé en Syrie était à l’origine une menace contre nous », affirme M. Ganji.

Et, selon lui, les Etats-Unis ont inventé de toutes pièces la haine entre les chiites et les sunnites, afin de pousser les sunnites à attaquer les chiites « car les Américains (ne sont) pas capables de nous affronter eux-mêmes ». Pour M. Therme, si « l’antisionisme militant » est l’une des « constantes » de la politique étrangère iranienne, les objectifs géopolitiques actuels de l’Iran sont « d’abord d’assurer la pérennité de » la République islamique.

D.C avec AFP

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