Des plages de sable doré léchées par les eaux tranquilles de la mer Baltique, c’est bien ce qu’offre la Poméranie dans le nord-ouest de la Pologne. On y connaît Gdansk, célèbre pour son histoire politique et son dynamisme culturel mais la baie de Gdansk abrite aussi une station balnéaire huppée, Sopot, connue pour être la « perle de la Baltique » et une ville jeune et dynamique, Gdynia, dont l’architecture moderniste attire les curieux.
Aujourd’hui, les 3 cités ont tellement apprivoisé les cordons littoraux qui dessinent les courbes de la baie de Gdansk qu’elles forment une immense agglomération de près de 800000 habitants rebaptisée la Triville. Toutefois, comme chacune a veillé à préserver son propre cachet, aucun danger qu’elles ne se fondent en une conurbation compacte et anonyme ! Bien au contraire, tout appelle à s’offrir une escapade en se posant selon ses goûts dans l’une des cités tout en visitant les deux autres bien desservies par route, train et ferry.
Gdansk, le centre historique et culturel
Ville mythique, Gdansk est l’œuvre commune des Polonais et des Allemands, centre de nombreux conflits qui ont traversé son histoire et délimité son appartenance à un territoire ou à un autre. Sa situation exceptionnelle à l’embouchure de la Vistule sur la mer Baltique lui a permis de devenir dès le XIVème siècle un port stratégique, d’abord pour les puissants marchands de la Hanse Teutonique, ensuite pour les Prussiens qui lui donnèrent le nom de Dantzig. Au début du 20ème, Gdansk tombe aux mains des Allemands et les Polonais, qui ont perdu leur seul débouché maritime, entreprennent la construction du port de Gdynia sur l’emplacement d’un village de pêcheurs afin de rivaliser avec son aînée. A l’issue de la seconde guerre mondiale, les territoires sont redistribués et Gdansk est rendue à la Pologne. Complètement réduite à néant par les bombardements allemands et soviétiques, la ville a été restaurée en respectant une cohérence architecturale éblouissante qui lui a permis de conserver toute son âme.
Le vieux centre de Gdansk est traversé par la Voie Royale, qui court de la Porte Haute creusée dans les fortifications à la Porte Verte qui mène vers un port de plaisance branché et des quais grouillant de terrasses élégantes et de boutiques d’artisanat d’ambre. Cette artère qui accueillait jadis la parade solennelle des rois de Pologne en visite officielle à Gdansk est jalonnée de magnifiques demeures patriciennes surmontées de pignons sculptés et ornées de portails imposants. L’Hôtel de Ville, une bâtisse d’inspiration gothique et Renaissance, dont le beffroi s’élance avec légèreté vers le ciel, abrite aujourd’hui le Musée Historique de Gdansk. La jolie Fontaine de Neptune, symbole du lien unissant la ville à la Mer Baltique, est le lieu de rendez-vous incontournable de la population. Une légende raconte que par une nuit faste, la Goldwasser, la vodka de Gdansk, aurait jailli du trident de Neptune !
Le quartier d’Oliwa attire aussi de nombreux visiteurs pour la découverte de sa longue basilique, un vestige des moines blancs cisterciens. Le maître autel baroque constitué par une impressionnante colonnade de marbre noir contraste avec la voûte de stuc blanc évoquant un ciel nuageux piqué de nombreuses têtes d’anges. La cathédrale est également connue pour ses orgues impressionnantes de style rococo composées de 7876 tuyaux. Chaque jour un concert y est proposé pour le plus grand plaisir des visiteurs. La découverte se prolonge ensuite dans le vieux parc dont la fondation revient aussi aux abbés du couvent qui en firent au fil des siècles un agréable jardin botanique apprécié par les habitants de la ville.
Sopot, le Deauville polonais
Deuxième ville de l’agglomération urbaine de Gdansk, Sopot se présente sous le visage souriant d’une dynamique station balnéaire de détente et de divertissement. Au début ce n’était qu’un simple village de pêcheurs créé au XIIIème siècle sous l’autorité des cisterciens d’Oliwa. Sopot émergea de l’anonymat quand un ancien chirurgien de l’armée napoléonienne y créa en 1823 les premiers bains, suivis d’un établissement thermal. Aujourd’hui Sopot possède 5 spa spécialisés dans la cure thermale. Un Grand Hôtel et de belles villas « belle époque » virent le jour, bordés d’arbres centenaires et de longues promenades vertes qui lui donnent un cachet romantique unique.
Le magnétisme de cette station fait qu’elle est toujours en mouvement. La rue des Héros de Monte Cassino gardée par la statue de l’Homme au Parapluie offre une belle promenade entre cafés, galeries d’art et une curieuse attraction, la Maison Tordue qui abrite un centre commercial derrière une façade rehaussée de bardeaux d’émail bleu-vert qui évoque plutôt le monde magique de Walt Disney. En été, la rue rassemble des musiciens, des portraitistes et des théâtres ambulants qui font la joie des enfants.
Une jetée en bois traverse la plage de Sopot et pénètre dans la mer sur une longueur de plus de 510 mètres, ce qui fait d’elle la plus longue d’Europe. Lieu de promenades et de concerts mais aussi embarcadère, elle offre une vue imprenable sur les côtes et sur la mer, elle permet également de suivre les nombreuses compétitions sportives organisées sur les eaux de la baie de Gdansk.
Gdynia la moderniste
La fille cadette de la Triville n’est même pas centenaire. La construction d’un port maritime entreprise par les Polonais dès 1920 pour concurrencer le port de Gdansk aux mains des Allemands a transformé en une dizaine d’années un paisible village de pêcheurs en une ville moderne résolument dynamique. A l’époque, la décision de construire un port symbolise la soif de développement d’un pays privé d’existence officielle mais doté d’ambitions économiques. L’accroissement de la population lié au développement du port autorise la cité à gagner le statut de ville en 1926. Preuve en est, en 1930 on inaugure la liaison Gdynia-New-York et Gdynia est alors le plus moderne des ports de la Baltique.
Cet essor a été un formidable appel pour les architectes du monde entier qui se pressent ici pour proposer sur une terre vierge leurs projets Art Nouveau. Aujourd’hui encore, même si la seconde guerre mondiale et par la suite la rigueur du régime communiste vont interrompre cet élan, la ville nouvelle met en avant son architecture des années 20 et 30 qui avait choisi d’évoquer la vie maritime. Ici ce sont des fenêtres qui s’alignent en forme de hublots, là des structures rondes soulignées d’un parapet qui rappellent les ponts d’un paquebot, ailleurs des mâts à drapeaux semblables à des mâts de navire. Les bâtiments blancs tels des vaisseaux se tournent vers la mer, toute une poétique qu’il faut sans doute capter au fil de la balade mais qui raconte un rêve devenu réalité.
La ville nouvelle actuelle a trouvé son équilibre entre activités portuaires et développement économique diversifié, en promouvant des activités culturelles et récréatives qui animent son front de mer : festivals du cinéma mais aussi de musique qui en font la deuxième scène musicale polonaise. La plage longue et sablonneuse y est plus familiale et moins branchée qu’à Sopot et elle fait la part belle aux sports aquatiques pour les passionnés de voile.
Infos pratiques :
Infos : www.pologne.travel , http://en.visit.sopot.pl/ et http://gdynia.pl/turystyczna-en
Y aller : www.wizzair.com au départ de Charleroi emmène en deux heures à l’aéroport de Gdansk, situé à une dizaine de km du centre de la ville.
Se loger : www.hotelhanza.pl idéalement situé le long de la promenade des quais de la Motlawa.
Se nourrir : L’hôtel Hanza est à retenir aussi pour la qualité de sa table (http://zafishowani.pl/en/) qui offre pour un excellent rapport qualité/prix de savoureuses nouvelles déclinaisons de la gastronomie polonaise.
Le palais des Abbés à Oliwa a sa table plus traditionnelle mais bien agréable au cœur du parc http://www.restaurantpalace.gd.pl/restaurant
Gdynia offre une escapade gourmande et gourmette au http://quadrille.pl/bialy-krolik/
Visites incontournables :
www.muzeum1939.pl soit le Musée de la Seconde Guerre mondiale inauguré en mars 2017 dont le plus grand intérêt est de présenter le conflit en prenant pour épicentre les pays d’Europe centrale, des territoires parmi les plus dévastés et martyrisés par cette guerre.
www.ecs.gda.pl soit le Centre Européen de Solidarité qui reconstitue l’histoire du mouvement Solidarnosc au travers de décors authentiques.
Écrit par Christiane Goor et Charles Mahaux
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