La Rochelle : les « anti-bassines » ciblent samedi « l’agro-industrie »

Par Epoch Times avec AFP
20 juillet 2024 11:10 Mis à jour: 20 juillet 2024 13:15

Après une manifestation avortée vendredi dans un champ en feu près de Poitiers, les opposants aux « bassines », des réserves d’irrigation, ont mis le cap samedi sur le port de commerce de La Rochelle, qu’ils comptent bloquer « symboliquement » pour dénoncer les pratiques de l’agro-industrie.

Les organisateurs de la manifestation – dont le collectif Bassines Non Merci (BNM) – ont annoncé un rassemblement, à la fois « en ville et en bord de mer », dans une ambiance « de fête et de carnaval ».

La préfecture de Charente-Maritime avait interdit tout rassemblement dans la commune, très fréquentée par les touristes en cette période estivale. Plus de 3000 gendarmes et policiers sont sur le pont depuis le début de la semaine, les autorités redoutant « des actes d’une grande violence », mais la mobilisation n’a donné lieu à aucun affrontement, ni aucune dégradation jusqu’à présent.

Environ 200 manifestants, dont des agriculteurs avec quelques vieux tracteurs, ont ainsi été évacués sans heurts, samedi matin, du terminal agro-industriel du port de La Pallice après une occupation symbolique. Ils avaient réussi à y entrer à l’aube en arrivant « par surprise » de l’Île-de-Ré et ont occupé une rue dans le calme, avec musique et buvette, devant les bâtiments d’un important négociant en céréales, un site « sensible » selon la préfecture de Charente-Maritime.

« Ce qu’on voulait, c’était montrer à quel point il y a des intérêts au port à construire des méga-bassines dans l’arrière-pays », a déclaré à l’AFP Juliette, membre du mouvement écologiste Les Soulèvements de la Terre.

‘Surdimensionné »

Une quinzaine de fourgons et un blindé de la gendarmerie ont fait reculer les manifestants dans une nuée de gaz lacrymogène, tandis que d’autres véhicules des forces de l’ordre fermaient l’accès au port.

« C’est complètement surdimensionné, dénonçait Agnès Denis, venue de Dijon manifester avec son conjoint. On a besoin d’accepter la parole des gens car si on l’empêche systématiquement, on en arrive à la bagarre et c’est pas ça qu’on vient chercher ».

« Les méga-bassines, c’est un système pour quelques privilégiés qui auront droit à l’eau pour irriguer, c’est-à-dire pour produire plus, des produits qui sont ensuite exportés à l’étranger, dans des pays en Afrique où l’on déstabilise leur agriculture », dénonçait Frédéric Boutin, agriculteur bio.

« Le but de la manifestation, c’est de nous rejoindre mais il faut être honnête, on n’était pas persuadés d’arriver jusque-là », a lancé au micro une membre du mouvement écologiste Les Soulèvement de la Terre.

D’autres manifestants, que devaient rejoindre des cortèges partis du centre-ville en milieu de matinée, étaient bloqués à l’entrée principale du port de commerce, deux blindés de la gendarmerie étant déployés derrière les grilles fermant l’accès.

L’ « encerclement » du port

Le gros des manifestants, 6000 personnes selon les organisateurs, 3500 selon la police, était réuni à la mi-journée dans un parc du centre-ville, près du Vieux-Port, dans une ambiance festive. Après des prises de parole, les organisateurs prévoient que deux cortèges se dirigent à nouveau vers le port de commerce, dont un serait moins « familial » que l’autre selon des participants. « Beaucoup d’individus sont équipés de cagoules et de masques de protection », a relevé une source policière.

Au programme de cette deuxième journée de mobilisation, l’ « encerclement » du port vise samedi à dénoncer les grands acteurs de la filière céréalière, que les organisateurs associent à la construction des réserves d’eau contestées et à un « accaparement » de l’eau par l’agro-industrie. Dans leur viseur, les silos du port, « gigantesques stocks spéculatifs » où les céréales sont soumises « aux fluctuations boursières », selon eux.

« Les bassines ne sont pas faites pour faire de la culture localement mais pour nourrir les marchés internationaux », accuse Julien Le Guet, l’un des porte-parole du mouvement.

Vendredi, une première manifestation – 3800 personnes selon la police, 6500 selon les organisateurs – a avorté dans la Vienne quand des grenades lacrymogènes lancées par les gendarmes ont mis le feu à un champ de paille près du cortège. « On va se préserver pour demain, et demain ce sera une autre partie », a lancé alors un organisateur pour couper court à la marche vers une usine de semences.

Craignant des débordements, la préfecture de Charente-Maritime a interdit de manifester dans « toute la ville » jusqu’à dimanche 6h00. « Il est hors de question de voir des violences au centre-ville, un jour de forte présence de touristes. Des mesures de protection seront en place mais nous demandons aux Rochelais de se montrer prudents tout de même », avait déclaré jeudi le préfet Brice Blondel.

Le « Village de l’eau » est organisé jusqu’à dimanche à Melle par BNM, les mouvements écologistes Les Soulèvements de la Terre et Extinction Rébellion, l’union syndicale Solidaires et l’association altermondialiste Attac, avec la participation de 120 structures militantes.

Les réserves dites « de substitution » visent à stocker des millions de mètres cubes d’eau puisés dans les nappes phréatiques en hiver afin d’irriguer des cultures en été. Plusieurs dizaines sont en projet dans la région. Leurs partisans en font une condition de survie des exploitations face aux sécheresses récurrentes, là où leurs détracteurs dénoncent un « accaparement » de l’eau par l’agro-industrie.

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