Les pays de l’UE ont donné jeudi leur accord à l’adhésion complète de la Roumanie et de la Bulgarie à l’espace de libre circulation Schengen à partir du 1er janvier, une décision qualifiée « d’historique » après des années d’attente.
Un pied dans Schengen depuis mars, les deux pays vont désormais bénéficier de la levée des contrôles aux frontières terrestres. « Un moment historique », a estimé le ministre de l’Intérieur hongrois Sandor Pinter, dont le pays assure la présidence tournante du Conseil de l’UE.
Dans un communiqué commun, les deux pays ont, en écho, immédiatement salué « une décision historique », rappelant qu’il s’agissait d’un « objectif clé » « depuis leur entrée dans l’Union européenne » en 2007.
Pour le président roumain Klaus Iohannis, c’est « la reconnaissance de longues années d’efforts et des progrès accomplis ». « Nous continuerons à agir de manière responsable pour protéger et renforcer les frontières extérieures de l’UE », a-t-il promis, ajoutant que cette décision « renforce la sécurité et l’unité de l’UE ».
Cette pleine adhésion a été rendue possible par la levée du véto de l’Autriche. Réfractaire depuis 2022, Vienne avait finalement accepté une adhésion partielle de Sofia et Bucarest en mars dernier, limitée aux aéroports et aux ports maritimes, et établi une feuille de route pour une éventuelle expansion.
« Une réduction massive des passages »
Le pays alpin dénonçait un afflux de demandeurs d’asile qui s’aggraverait en cas d’élargissement terrestre de Schengen, mais il estime que les mesures mises en place ces derniers mois ont permis « une réduction massive des passages ».
Selon un accord présenté en novembre à Budapest, des contrôles temporaires vont être effectués « pour une période initiale de six mois, afin de minimiser le changement potentiel de routes migratoires qui pourrait résulter » de cet élargissement de Schengen. Créé en 1985, l’espace Schengen comprend désormais 25 des 27 pays membres de l’UE ainsi que leurs voisins associés que sont la Suisse, la Norvège, l’Islande et le Liechtenstein.
Plus de 400 millions de personnes peuvent en principe circuler sans être soumises à des contrôles. La Croatie, pourtant entrée dans l’UE après la Roumanie (19 millions d’habitants) et la Bulgarie (6,5 millions), membres depuis 2007, leur avait damé le pion en janvier 2023.
Les deux anciens pays communistes, parmi les plus pauvres de l’UE, remplissent les critères techniques depuis 2011, mais il leur avait été demandé des progrès en matière de justice et de lutte anti-corruption. Longtemps hostiles, les Pays-Bas avaient finalement donné leur vert et ne restait plus que l’obstacle autrichien.
Des longues files d’attentes
Depuis fin mars, dans les aéroports et ports maritimes, les Roumains et Bulgares apprécient déjà de ne plus avoir à franchir de contrôles. C’était « une question de dignité », avait alors noté Stefan Popescu, expert en relations internationales installé à Bucarest. « Tout Roumain, quand il empruntait une ligne séparée des autres ressortissants européens, se sentait traité différemment. » Mais sur les routes, les transporteurs routiers et travailleurs frontaliers, las des longues files d’attentes, ne décoléraient pas.
« Actuellement ils attendent entre 12 heures et 20 heures aux différents postes-frontières », explique à l’AFP Dimitar Dimitrov, président de la Chambre des transporteurs bulgares, « se félicitant » de cette annonce.
Le Premier ministre roumain Marcel Ciolacu a également salué des « bénéfices majeurs » à venir pour l’économie « et des voyages plus rapides pour les millions de Roumains vivant et travaillant dans l’UE ».
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