« Le pire héritage qu’ont laissé les Soviétiques à mon pays, c’est qu’on ne pouvait rien obtenir sans verser de pots-de-vin », confit Pavel Pavlovsky, un travailleur social ukrainien.
« Votre enfant n’allait pas dans une bonne école, vous ne trouviez pas un bon emploi, vous n’étiez pas vu par le bon médecin, ou votre affaire au tribunal ne se déroulait pas comme vous le souhaitiez », a-t-il ajouté. « Tout dépendait des pots-de-vin que vous donniez. Les choses se sont progressivement améliorées, mais il reste encore beaucoup à faire. »
Pavel Pavlovsky est un nom d’emprunt. Il ne veut pas qu’on utilise son vrai nom, car dénigrer publiquement les Russes peut suffire à vous faire figurer sur la liste des personnes qu’ils veulent abattre.
Toutefois, il n’est pas le seul à s’inquiéter de la corruption en Ukraine. Sa compatriote, Olena Tregub, de Transparency International, tient à ce que tout le monde sache que « les sondages d’opinion ukrainiens placent la corruption au deuxième rang des préoccupations du peuple ukrainien. Seule la crainte de voir la Russie envahir leur pays l’emporte sur leur inquiétude face à la corruption ».
Les Ukrainiens savent que c’est la corruption qui maintient le pays dans la pauvreté. A chaque fois que de l’argent est détourné pour payer le yacht d’un oligarque, c’est de l’argent qui n’est pas utilisé pour les infrastructures, l’éducation ou les soins de santé. Fait presque tout aussi important, les philantropes et investisseurs étrangers ne se précipitent pas pour ouvrir leur chéquier quand ils savent qu’une grande partie de l’argent finira dans l’achat d’un appartement à Dubaï qu’un escroc aura acheté pour un million de dollars.
Les Ukrainiens ont sans doute très envie de s’attaquer au problème de la corruption, mais malheureusement, l’un des outils les plus efficaces ne peut pas être utilisé dans leur pays. D’autres pays ont réussi à réduire la corruption en la révélant au grand jour. Lorsqu’une personne est prise en train de recevoir des pots-de-vin ou de détourner des fonds, elle est publiquement humiliée et, dans l’idéal, elle passe beaucoup de temps derrière les barreaux.
Mais l’Ukraine ne peut pas aller dans cette direction.
« Dès qu’un cas de corruption est révélé, les propagandistes russes s’en servent comme d’une arme contre le pays plus redoutable encore que les balles », explique Bohdan Vorontsov, cofondateur du mouvement « Free Nation », une organisation regroupant des groupes de lutte contre la corruption.
« Lorsque l’Ukraine rend public un cas de corruption, la machine de propagande russe entre en action, exagérant les choses afin de dépeindre l’Ukraine comme irrémédiablement corrompue. Elle agit ainsi pour décourager les investissements et l’aide étrangère », dit-il.
Les propagandistes russes profitent donc des efforts d’assenissement de l’Ukraine. Pour autant, les Ukrainiens ne doivent pas renoncer à s’attaquer à la corruption.
Comme le dit M. Vorontsov : « Si nous ne faisons rien et que nous cachons le problème sous le tapis, la corruption détruira notre avenir. Nous devons marcher sur un chemin difficile, et trouver un équilibre entre l’impératif de lutter contre la corruption et le risque que les Russes utilisent ces efforts pour diffamer l’Ukraine. »
Selon lui, « il est naïf de croire que l’on peut résoudre le problème rapidement. Ce que nous pouvons faire, c’est y travailler. Nous pouvons montrer aux donateurs et aux investisseurs que nous disposons d’un processus crédible pour détecter la corruption et mettre les gens derrière les barreaux. Avec le temps, cela devient dissuasif et les gens en concluront que le crime ne paie pas ».
Selon lui, les efforts pour réduire la corruption en ces temps de guerre sont notamment les suivants
1. La nécessité d’une communauté qui ne tolère pas la corruption. « L’adhésion à l’UE peut résoudre ce problème », déclare-t-il.
2. La nécessité d’un bureau anti-corruption au niveau gouvernemental. « Cela peut être fait et le sera. »
3. La nécessité d’une participation active de la société civile. « On y arrive ».
Le chemin vers une société sans corruption n’est ni rapide ni simple, mais pour les Ukrainiens, la lutte contre l’héritage de la corruption de l’ère soviétique n’a d’égal que la défense de leur nation contre l’invasion de la Russie.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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