Sous le feu des critiques après le carnage de Groza en Ukraine, la Russie tente mardi de regagner un siège au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, un pari risqué qui permettra d’évaluer son soutien international.
L’Assemblée générale de l’ONU, qui avait écarté la Russie de cet organe établi à Genève après son invasion de l’Ukraine, choisit mardi 15 nouveaux membres pour la période 2024-2026. Alors que ses 47 États membres sont répartis par grande région, chaque groupe régional pré-sélectionne en général ses candidats approuvés ensuite sans difficulté par l’Assemblée générale.
Mais cette année, deux groupes comptent plus de candidats que de sièges : l’Amérique latine (Brésil, Cuba, République dominicaine et Pérou, candidats pour 3 sièges) et l’Europe de l’Est (Albanie, Bulgarie et Russie pour 2 sièges). Si les défenseurs des droits s’en prennent aussi aux antécédents d’autres candidats, c’est la Russie qui focalise l’attention.
« La crédibilité » des Nations unies en question
L’Assemblée générale « a un choix important à faire, pour prouver qu’elle n’est pas prête à confondre pyromane et pompier », a lancé lundi l’ambassadeur albanais à l’ONU Ferit Hoxha lors d’une réunion du Conseil de sécurité sur la frappe russe contre le village ukrainien de Groza qui a fait plus de 50 morts la semaine dernière.
« Ceux qui agressent leurs voisins, qui tuent des innocents, qui détruisent volontairement des infrastructures civiles, des ports, des silos de céréales, qui déportent des enfants et en sont fiers, qui utilisent la torture et la violence sexuelle comme arme, qui violent de façon éhontée les lois internationales sur les droits humains, n’ont pas leur place au Conseil des droits de l’Homme », a-t-il martelé.
« La réélection de la Russie dans cet organe, alors qu’elle continue à commettre des crimes de guerre et d’autres atrocités, serait une horrible tache qui saperait la crédibilité » des Nations unies, a renchéri l’ambassadeur américain adjoint Robert Wood.
« Il n’y a pas de modèle de démocratie ou d’Etat voyou, comme certains le décrivent parfois », a défendu de son côté il y a quelques jours l’ambassadeur russe à l’ONU Vassili Nebenzia. « Aucun Etat membre ne peut affirmer être à l’abri de violations des droits humains ».
Inquiétudes sur la « supposée majorité silencieuse »
Pour être élu mardi, un pays a besoin de 97 voix sur les 193 États membres. En avril 2022, l’Assemblée générale avait voté la « suspension » de la Russie du Conseil par 93 voix pour, 24 contre. Cette majorité contre la Russie était moins écrasante que celle des résolutions défendant l’intégrité territoriale de l’Ukraine (autour de 140 voix), mais la question du Conseil des droits de l’Homme était plus complexe, certains pays au bilan contestable en la matière craignant de subir un jour le même sort.
La particularité du vote de mardi est qu’il aura lieu à bulletin secret, alors que de nombreux pays en développement se lassent de l’attention portée à l’Ukraine par l’Occident. Dans ce contexte, les Occidentaux sont « inquiets », estime Richard Gowan de l’International Crisis Group, évoquant la « supposée majorité silencieuse » sur laquelle Moscou espère pouvoir compter.
Hormis la Russie, les défenseurs des droits humains appellent à ne pas voter pour la Chine – qui toutefois ne risque pas grand-chose dans le groupe Asie qui compte quatre candidats pour quatre sièges –, ou encore pour le Burundi et Cuba.
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