La Slovaquie menace Kiev de prendre des mesures de rétorsion, telles qu’une « réduction significative de l’aide aux citoyens ukrainiens », après que l’Ukraine a interrompu l’acheminement du gaz russe vers la Slovaquie via son territoire.
Le 1er janvier, le principal contrat de transport de gaz russe à travers l’Ukraine a pris fin après que Naftogaz, compagnie gazière de Kiev détenue par l’État, a décidé de ne pas le renouveler.
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, qui dirige ce pays enclavé, historiquement très dépendant du gazoduc russe, a qualifié la situation de « sabotage ».
Dans un message vidéo publié sur Facebook le 2 janvier, M. Fico a déclaré que « la suspension du transit du gaz russe par l’Ukraine vers la Slovaquie n’est rien d’autre que du sabotage ».
« Elle constitue une menace sérieuse pour notre économie, avec des pertes avoisinant les 500 millions d’euros par an. Nous avons besoin de solutions, que ce soit le rétablissement du transit ou la compensation de nos préjudices financiers », a-t-il déclaré.
Il a ajouté que les fonctionnaires slovaques soulèveraient la question lors des discussions qui se tiendront à Bruxelles le 7 janvier.
« Je déclare que [les membres de mon parti Smer-SSD] sont prêts à débattre et à se mettre d’accord au sein de la coalition sur l’arrêt de la fourniture d’électricité et sur une réduction significative de l’aide aux citoyens ukrainiens en Slovaquie », a déclaré M. Fico.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 125.400 Ukrainiens environ sont réfugiés en Slovaquie.
« La seule alternative pour une Slovaquie souveraine est de renouveler le transit ou d’exiger des compensations pour des mécanismes qui remplaceront la perte de près de 500 millions d’euros pour les finances publiques », a souligné M. Fico.
M. Fico a rencontré le président russe Vladimir Poutine au Kremlin le 22 décembre. La Slovaquie a un contrat à long terme avec la société russe Gazprom.
« Le président russe V. Poutine a confirmé la volonté de la [Fédération de Russie] de continuer à fournir du gaz à l’Occident et à la Slovaquie, ce qui est quasiment impossible depuis le 1er janvier 2025, compte tenu de la position du président ukrainien », a affirmé M. Fico dans un communiqué relatif à sa visite.
Cependant, le 28 décembre, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé M. Fico d’ouvrir un « deuxième front énergétique » contre l’Ukraine sur ordre de la Russie.
« Il semble que Poutine ait donné à M. Fico l’ordre d’ouvrir le deuxième front énergétique contre l’Ukraine au détriment des intérêts du peuple slovaque », a écrit Zelensky sur le site X.
M. Fico a publié le 29 décembre une lettre ouverte aux dirigeants de l’UE leur demandant de réévaluer d’urgence la situation.
Pour lui, la Slovaquie se trouve actuellement dans une « situation économique compliquée » et a dû prendre des mesures douloureuses pour assainir ses finances publiques.
« Je considère qu’il est absolument nécessaire que l’impact économique qui résulte de décisions importantes soit analysé et que des positions soient prises en connaissance de cause », a déclaré M. Fico, ajoutant qu’il ne savait pas si « tout cela a été évalué uniquement d’un point de vue idéologique ».
Il a ajouté que même si le volume de gaz transitant par l’Ukraine ne représente qu’environ 3,5 % de la consommation de gaz, c’est une quantité qui fait la différence sur le marché et fait que la « satisfaction de la demande se transforme en une situation tendue ».
Selon M. Fico, la Slovaquie doit faire face à plus de 400 millions d’euros par an en droits de transit et à 1 milliard d’euros en matières premières.
L’Ukraine elle-même devrait perdre environ 1 milliard d’euros par an en droits de transit depuis la Russie, tandis que Gazprom perdra près de 5 milliards de dollars sur les ventes de gaz, selon le site Oilprice, spécialisé dans les marchés mondiaux de l’énergie et les prix du pétrole.
Fin de l’approvisionnement
Le gaz naturel liquéfié (GNL), qui est transporté par mer dans des navires-citernes spécialisés, joue un rôle de plus en plus important dans l’approvisionnement énergétique de l’Europe.
Les principaux ports de France, de Belgique et d’Espagne reçoivent des cargaisons de gaz naturel liquéfié, qui sont ensuite reconverties en gaz et distribuées sur tout le continent.
Le 31 décembre, la direction générale de l’énergie de la Commission européenne, le service responsable de l’élaboration et de la mise en œuvre de la politique énergétique de l’UE, a déclaré que « l’infrastructure de l’Union est flexible pour accueillir du gaz d’origine non russe ».
« Elle a également été renforcée par de nouvelles capacités d’importation de GNL depuis 2022. Les niveaux de stockage à 72 % sont légèrement supérieurs à la moyenne [69 %] pour cette période de l’année », a indiqué le rapport.
Samuel Furfari, haut fonctionnaire à la direction générale de l’énergie de l’UE de 1982 à 2018, a précédemment déclaré à Epoch Times que le gaz naturel liquéfié était « le changeur d’énergie ».
Il a déclaré que cette situation « stimulera de nouveaux pays fournisseurs car, dans le passé, les gazoducs étaient considérés comme le seul moyen de transport ».
« C’est terminé maintenant », a ajouté M. Furfari.
Ryan Morgan a contribué à la rédaction de cet article.
Avec Reuters
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