La Suisse a interdit mercredi à l’Allemagne d’envoyer en Ukraine les munitions de fabrication suisse destinées aux blindés de défense antiaérienne que Berlin veut livrer à Kiev, qui en a besoin contre les missiles de croisière et drones kamikazes.
« Il n’y a toujours pas lieu de répondre favorablement à la demande de l’Allemagne de transmettre du matériel de guerre suisse à l’Ukraine » au nom du droit de la neutralité et de la législation suisse sur le matériel de guerre, explique Guy Parmelin, le ministre de l’Économie dans un courrier à la ministre de la Défense allemande, Christine Lambrecht.
Berne avait rejeté une première demande en juin, mais la ministre allemande est revenue récemment à la charge arguant, selon l’hebdomadaire Spiegel que le Gepard était un élément crucial pour la protection des infrastructures ukrainiennes et notamment portuaires dans le sud du pays d’où partent les exportations de céréales.
Il s’agit dans ce cas précis de 12.400 munitions de 35 mm destinées au Gepard, un système de défense antiaérien bi-tube et sur chenilles doté d’un radar de tir que les Ukrainiens réclament en particulier pour détruire en vol les missiles de croisière et les drones kamikazes lancés par les forces russes. L’Allemagne a livré ou est en train de livrer 30 Gepard à l’Ukraine, selon les chiffres officiels du gouvernement fédéral.
Le quotidien Süddeutsche Zeitung avait indiqué le 29 octobre que Berlin avait du mal à se procurer des munitions pour ces blindés qui ne sont plus en service en Allemagne. Une piste norvégienne a dû être abandonnée tout comme une solution brésilienne. Le gouvernement Bolsonaro s’étant opposé à l’exportation.
Débats animés autour du principe de neutralité
« L’égalité de traitement découlant du droit de la neutralité ne permet pas à la Suisse d’approuver une demande de transmission de matériel de guerre de provenance suisse à l’Ukraine tant que ce pays est impliqué dans un conflit armé international », a souligné le ministre suisse dans un communiqué.
« Les critères d’autorisation prévus par la législation suisse sur le matériel de guerre excluent également la livraison de matériel de guerre à des pays impliqués dans un tel conflit », a-t-il ajouté.
Mercredi, le gouvernement suisse avait annoncé l’octroi d’une aide humanitaire de cent millions de dollars à l’Ukraine pour l’approvisionnement en eau potable et la réhabilitation des infrastructures énergétiques endommagées, à l’approche de l’hiver.
Le débat sur la neutralité a été ravivé en Suisse par la décision du Conseil fédéral – le gouvernement – d’adopter toutes les sanctions instaurées contre la Russie par l’Union européenne depuis le 24 février et l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
Certains responsables politiques suisses notamment dans les rangs de l’UDC (droite radicale et premier parti du pays), estiment que c’est déjà trop s’engager et miner le principe de neutralité.
Le président de la Confédération et ministre des Affaires étrangères Ignazio Cassis répète inlassablement qu’il n’en est rien.
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