La Suisse juge en appel un ex-chef de guerre libérien pour crimes contre l’humanité

Par Epoch Times avec AFP
12 janvier 2023 18:08 Mis à jour: 12 janvier 2023 18:12

Un tribunal suisse examine mercredi l’appel formé par un ancien chef de guerre libérien condamné à 20 ans de prison en première instance pour crimes de guerre, alors que l’accusation a élargi les poursuites à des crimes contre l’humanité.

Alieu Kosiah avait été jugé coupable en juin 2021 de multiples atrocités commises durant la première des deux guerres civiles successives du Liberia (250.000 morts entre 1989 et 2003). Ce verdict marquait la première condamnation d’un Libérien, que ce soit dans ce pays d’Afrique de l’Ouest ou ailleurs, pour des crimes de guerre commis pendant le conflit.

Le procès en appel devrait durer jusqu’à début février.

Comme les crimes de guerre, les crimes contre l’humanité désignent des atrocités (meurtre, torture, viol), mais commises de façon systématique ou à grande échelle, et non des événements isolés ou sporadiques.

Les victimes « veulent la justice »

Ce chef d’accusation supplémentaire est « important pour les victimes », explique Raphael Jakob, avocat d’un des sept plaignants, qui ont fait le déplacement à Bellinzone (sud de la Suisse) pour être entendus.

Il montre, dit-il, « qu’il ne s’agissait pas d’actes isolés mais des exemples d’atrocités à grande échelle commises contre la population civile ».

Alieu Kosiah avait été jugé coupable en 2021 d’une série de crimes de guerre alors qu’il était commandant du groupe armé ULIMO (United Liberation Movement of Liberia for Democracy), faction de groupes armés hostiles au mouvement de Charles Taylor, le Front national patriotique du Liberia (NPFL).

Selon le jugement, il a ordonné ou participé aux meurtres de 17 civils et deux soldats non armés, ainsi qu’à des viols. Il a également été reconnu coupable d’avoir eu recours à des enfants-soldats, ordonné des pillages, infligé des « traitements cruels, inhumains et dégradants » à des civils et profané des corps.

Le tribunal lui avait infligé 20 ans de prison, la peine maximale possible en Suisse à l’époque où les crimes ont été commis.

Alieu Kosiah, qui s’était installé en Suisse en 1998 et y avait été arrêté en 2014, a fait appel, se disant innocent et demandant un acquittement.

Le nouveau procès a fourni aux plaignants l’occasion de faire pression pour que soient ajoutées les accusations de crimes contre l’humanité.

« Ils sont plutôt confiants », souligne l’avocat Alain Werner, spécialiste des droits humains, qui représente quatre plaignants. « Ils veulent la justice ».

Le nouvel acte d’accusation souligne que la plupart des crimes dont M. Alieu Kosiah est accusé ont été commis dans un contexte d’« attaques généralisées et systématiques » de l’ULIMO contre des civils, justifiant ainsi l’accusation de crimes contre l’humanité.

Premier procès ouvert pour crimes contre l’humanité

En France, un tribunal parisien avait jugé en novembre coupable de crimes contre l’humanité un autre ex-commandant rebelle libérien, Kunti Kamara.

En Suisse, le procès qui s’ouvre mercredi est le premier du pays pour crimes contre l’humanité. « Pour la Suisse, c’est très important », estime Alain Werner.

La guerre civile au Liberia, un des conflits les plus atroces du continent africain, a été émaillée de massacres perpétrés par des combattants souvent drogués, de mutilations et d’actes de cannibalisme.

Vingt ans après, un grand nombre de personnalités directement impliquées dans la guerre civile occupent toujours des positions importantes dans les sphères du pouvoir politique et économique. Les tentatives de créer un tribunal consacré aux crimes de guerre ont échoué, au nom du maintien de la paix.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.