La Suisse, un pays européen connu pour sa politique étrangère neutre, a publié l’année dernière son premier document sur la stratégie chinoise. Ce document mettait l’accent sur les questions relatives aux droits de l’homme du Parti communiste chinois (PCC), ce à quoi le PCC s’est vivement opposé. Depuis lors, les relations entre les deux pays ont connu quelques changements subtils.
Le géant suisse du négoce de matières premières Mercuria Energy Group a racheté toutes les participations minoritaires détenues par la China National Chemical Corporation (ChemChina) – une entreprise publique du PCC – depuis 2016, a rapporté le 27 octobre le média financier chinois Caixin.
Un porte‑parole de Mercuria a déclaré que l’entreprise a racheté les participations minoritaires au troisième trimestre de 2022 à la suite d’un partenariat commercial et stratégique de six ans, selon les conditions et le calendrier initialement prévus pour l’investissement.
De grandes entreprises suisses pourraient rompre leurs liens avec des sociétés chinoises
Le groupe minier suisse Glencore envisage de couper les liens avec son partenaire actuel en Chine après deux échecs successifs dans le pays. Glencore est un des plus grands négociants de matières premières au monde, ses trois principaux domaines d’activité étant l’énergie, les métaux et minéraux, et l’agriculture. Le premier revers a été une crise de liquidités pour Maike Group, un partenaire central de Glencore dans la vente de cuivre raffiné en Chine. Maike Group est situé dans la ville de Xi’an, dans la province de Shaanxi, et est le plus grand importateur de cuivre en Chine. Glencore vend environ 600.000 tonnes de cuivre de haute pureté à la Chine par l’intermédiaire de Maike Group chaque année.
Le fondateur de Maike Group, He Jinbei, a publiquement admis fin août que son entreprise était confrontée à des « difficultés temporaires » en raison de la pandémie du Covid‑19, certaines expéditions ayant été retardées et certains fournisseurs ayant annulé des livraisons. He Jinbei aurait investi massivement dans le marché immobilier chinois avec des fonds levés par son activité de négoce de cuivre. Par la suite, le marché immobilier chinois s’est affaibli après l’apparition du Covid‑19, et ses investissements ont été durement touchés.
Un autre revers de Glencore est également lié au cuivre. En août, Reuters a rapporté qu’environ 500 millions de dollars de concentrés de cuivre ont disparu de la Huludao Ruisheng Trading Company dans la province de Liaoning, en Chine. Cette société importe chaque année une grande quantité de concentré de cuivre pour le distribuer à diverses fonderies en Chine. Le Financial Times a rapporté que les 300.000 tonnes de concentré de cuivre (d’une valeur de 740 millions de dollars) entre les mains de Ruisheng appartenaient à 13 sociétés chinoises. Cependant, les inspections des entrepôts n’ont permis de retrouver qu’un tiers du stock, ce qui indique une perte de 490 millions de dollars de cuivre. L’article suggère que le scandale concerne probablement les problèmes de financement des matières premières en Chine, car on sait qu’il existe des problèmes similaires en Chine. Certaines entreprises utilisent les mêmes actifs comme garantie pour plusieurs prêteurs. Il en résulte que les prêteurs recouvrent la garantie en même temps. Selon le Financial Times, bien que les fournisseurs n’aient pas été beaucoup affectés, Glencore et un autre négociant suisse en métaux, IXM, ont cessé de fournir Ruisheng. Glencore a également déplacé d’urgence certains de ses stocks de métaux existants afin d’éviter un problème similaire.
Les pourparlers commerciaux bilatéraux au point mort
Selon Reuters, citant les médias suisses alémaniques le 29 mai, les efforts visant à renouveler l’accord de libre‑échange (ALE) entre la Suisse et la Chine sont au point mort, le gouvernement suisse adoptant une approche plus critique à l’égard du bilan du PCC en matière de droits de l’homme. Dans une déclaration transmise à l’hebdomadaire suisse SonntagsBlick, le secrétariat d’État suisse à l’Économie (SECO) a déclaré : « Jusqu’à présent, les deux parties n’ont pas été en mesure de parvenir à un consensus sur une liste de questions pertinentes qui devraient être explorées plus en profondeur. »
Dans un article intitulé L’impasse chinoise, le journal dominical NZZ am Sonntag a également déclaré que la Suisse avait adopté une position plus critique sur le bilan du PCC en matière de droits de l’homme. La commission juridique du Conseil national suisse a récemment adopté une résolution affirmant que le travail forcé des Ouïghours au Xinjiang, en Chine, est un véritable problème.
Bien que le ministère chinois du Commerce ait par la suite démenti que les négociations étaient dans l’impasse, aucune des deux parties n’a encore renouvelé l’ALE. La Suisse et la Chine ont signé un accord de libre‑échange en 2013, le premier accord de ce type entre Pékin et un pays européen.
La Suisse examine de plus près le bilan de la Chine en matière de droits de l’homme
Le 19 mars 2021, le gouvernement suisse a publié le document Stratégie Chine. Selon ce document, la Chine est le troisième partenaire commercial de la Suisse, mais il existe de nettes différences de valeurs entre les deux pays. Par conséquent, le document suggère qu’il est important d’assurer une politique claire et cohérente envers la Chine.
Le gouvernement suisse a reconnu que cette stratégie était une réaction aux développements géopolitiques actuels. Dans sa présentation sur la politique étrangère à l’égard de la Chine, le ministre suisse des Affaires étrangères, Ignazio Cassis, a souligné que le dialogue sur les droits de l’homme et les intérêts commerciaux seraient deux des principaux enjeux des relations bilatérales entre la Suisse et la Chine. La Suisse veut adopter une politique indépendante à l’égard de la Chine et défendre les valeurs fondamentales de la Suisse. M. Cassis a souligné que la nouvelle proposition de stratégie à l’égard de la Chine axera toutes les relations bilatérales sur les questions de droits de l’homme.
Après la publication du document suisse, l’ambassadeur de Chine en Suisse a répondu dans une déclaration que la Suisse envoyait des « signaux erronés » au monde extérieur en attachant des « étiquettes malveillantes » à la Chine (PCC). Il a déclaré que le document sur la stratégie chinoise n’était pas propice à un développement sain des relations sino‑suisses et que la Chine y était fermement opposée.
La Suisse est connue pour sa neutralité en matière de politique internationale. Au cours des 200 dernières années, son gouvernement a gagné le statut de pays neutre au milieu du chaos des luttes de pouvoir et des guerres européennes. Les principes de base de la politique de neutralité du gouvernement suisse, à savoir l’humanitarisme, la non‑participation à la guerre, l’interdiction d’autoriser les belligérants à utiliser leur territoire et l’interdiction de fournir des troupes mercenaires aux belligérants, sont présentés sur le site Web du gouvernement suisse.
Influencée par des années de propagande du PCC, la Suisse entretenait de bonnes relations avec le régime chinois. Mais après la montée en puissance de l’autoritarisme du PCC, la répression du Xinjiang, du Tibet, de Hong Kong et des minorités religieuses, et les conflits aigus avec les États‑Unis, l’Union européenne, l’Australie et d’autres pays, la Suisse a développé une nouvelle stratégie vis‑à‑vis de la Chine.
Selon le ministère chinois des Affaires étrangères, la Suisse est le neuvième plus grand partenaire commercial de la Chine en Europe, et en 2021, le volume des échanges entre la Chine et la Suisse était de 44,11 milliards de dollars. La Chine a exporté 6,23 milliards de dollars vers la Suisse et importé 37,88 milliards de dollars de la Suisse.
Fan Yi a contribué à cet article.
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