Les Canadiens âgés de moins de 44 ans ont connu 27 % de décès de plus que prévu au cours des cinq derniers mois de 2022, un grand bond par rapport aux 19 % observés depuis le début de la pandémie en mars 2020 jusqu’en août 2022, selon les données de Statistique Canada analysées par Epoch Times.
La surmortalité de 27 % chez les Canadiens de moins de 44 ans représente 1.597 décès de plus que prévu entre août et septembre 2022, soit 10 décès supplémentaires par jour.
On parle de surmortalité lorsque le nombre de décès au cours d’une période donnée est supérieur à ce qui est normalement attendu sur la base des tendances.
Le taux chez les jeunes est significativement plus élevé que chez les Canadiens plus âgés, bien qu’il y ait eu une augmentation globale de la surmortalité dans tous les groupes d’âge.
Les données de Statistique Canada précédemment analysées montrent que la surmortalité pour tous les âges entre mars 2020 et août 2022 était de 7 %, tandis que pour les cinq derniers mois de 2022, elle a grimpé à plus de 13 %.
Le Covid-19 a été une cause importante de surmortalité, mais il n’a pas été un facteur important chez les plus jeunes. Les données de Santé Canada indiquent que 102 décès ont été attribués au Covid-19 dans la tranche d’âge 0-49 ans entre août et décembre 2022.
Si le Covid-19 n’a pas été un facteur important, qu’est-ce qui a donc causé près de 1.600 décès excédentaires estimés dans le groupe d’âge le plus jeune au cours de cette période de cinq mois ?
Le gouvernement pointe les surdoses
Lorsqu’on lui a demandé de commenter la surmortalité de 27 % chez les jeunes au cours de la période allant d’août à décembre 2022, Statistique Canada s’est référé à son rapport de janvier intitulé « Décomptes provisoires des décès et surmortalité, janvier 2020 à octobre 2022 ».
Le rapport souligne l’augmentation des décès par empoisonnement et surdose depuis la pandémie, les jeunes étant touchés de manière disproportionnée.
Par exemple, 2.640 décès par empoisonnement accidentel ont été enregistrés en 2020 et 3.600 en 2021 chez les personnes de moins de 45 ans, soit une augmentation de 36 %. Le rapport ne contient pas de données pour 2022.
Les données de Statistique Canada sur la cause des décès montrent qu’il y a eu une diminution de 17,3 % des décès causés par des accidents (qui comprennent les empoisonnements accidentels) en comparant la période d’août à décembre 2022 avec la même période en 2019.
Contactée par Epoch Times, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) a déclaré qu’elle travaillait en collaboration avec Statistique Canada pour améliorer sa compréhension de la surmortalité.
« Si le Covid-19 a été l’un des principaux facteurs de surmortalité, nous observons que d’autres facteurs sont également à l’origine de cette surmortalité, en particulier chez les jeunes Canadiens », a déclaré la porte-parole, Anna Maddison, citant l’article publié en janvier par Statistique Canada, qui fait état d’une augmentation du nombre de décès par surdose de drogue et par empoisonnement à l’alcool.
« Ces résultats correspondent à ce qui a été observé dans le cadre des initiatives de surveillance de la santé de la population menées par l’ASPC », a-t-elle ajouté.
Le 23 mars, l’ASPC a publié un rapport intitulé « Apparent Opioid and Stimulant Toxicity Deaths » (Décès apparents dus à la toxicité des opioïdes et des stimulants). Il montre qu’il y a eu 5.360 décès apparents causés par des opioïdes entre janvier et septembre 2022 à l’échelle nationale, à l’exclusion du Manitoba qui n’avait pas de données disponibles. Parmi ces décès, 3.698, soit 69 %, concernaient la catégorie d’âge 0-49 ans.
Cela équivaut à environ 13,6 décès par surdose d’opioïdes par jour sur la période pour le groupe d’âge 0-49 ans. Les calculs basés sur les données de Statistique Canada dans la catégorie des 0-44 ans entre août et décembre 2022 ont montré que la surmortalité était d’environ 10 par jour.
« Le Canada a enregistré un nombre considérablement élevé de décès et d’autres préjudices liés aux opioïdes depuis le début de la surveillance en 2016 », indique le rapport, notant que la pandémie « a contribué à la crise et l’a exacerbée ».
« Un certain nombre de facteurs ont probablement contribué à l’aggravation de la crise des overdoses au cours de la pandémie, notamment l’approvisionnement en médicaments de plus en plus toxiques, l’augmentation des sentiments d’isolement, de stress et d’anxiété, et la disponibilité ou l’accessibilité limitée des services pour les personnes qui consomment des drogues », écrit l’ASPC dans son plan ministériel 2022-2023.
Epoch Times a également analysé les données de Statistique Canada sur les causes de décès pour la période d’août à décembre 2022, en comparaison avec la même période pré-pandémique en 2019.
Les décès causés par le cancer étaient relativement similaires, avec une augmentation de 1,5 % en 2022. Les décès causés par les maladies chroniques des voies respiratoires inférieures (comme l’asthme) ont augmenté de 8 %, tandis que ceux causés par les maladies cérébrovasculaires, comme les accidents vasculaires cérébraux, ont chuté de 3,34 %.
Les décès causés par des accidents, qui incluent les surdoses de drogues, ont connu la plus forte diminution avec 17,3 %, mais aucune ventilation n’a été fournie pour montrer la part des décès par surdose dans le rapport.
Données plus récentes au Québec
Bien que Statistique Canada ne dispose pas de données récentes sur la surmortalité pour 2023 pour l’ensemble du Canada, le Québec a publié des données pour la période allant de janvier à avril 2023.
Les données de l’Institut de la statistique du Québec datant du début de l’année montrent une surmortalité de 27 % dans la tranche d’âge 0-49 ans, ce qui correspond aux chiffres nationaux pour la fin de l’année 2022. En revanche, la surmortalité n’est que de 1 % pour l’ensemble des groupes d’âge de la province depuis le début de l’année.
Le démographe Frédéric Fleury-Payeur, de l’Institut de la statistique du Québec, a indiqué dans un mail adressé à Epoch Times que la surmortalité chez les personnes âgées de 0 à 49 ans est rarement tombée en dessous de la valeur médiane attendue ces derniers temps, en particulier depuis le milieu de l’année 2022.
Cependant, il recommande la prudence dans l’interprétation des données, soulignant une tendance à la hausse de la surmortalité pour certaines catégories d’âge au sein de la classe d’âge 0-49 ans datant d’avant la pandémie. Un graphique fourni par l’institut montre une légère stabilisation puis une tendance à la hausse à partir de début 2019, après une baisse régulière de la surmortalité depuis 2010.
« Dans ce contexte, la surmortalité dans ce groupe serait deux fois moins importante qu’elle ne l’est [actuellement] (mais toujours présente) si on la mesure par rapport à la moyenne de la période 2016-2019 », précise-t-il.
« En résumé, il y a bien une légère augmentation des décès dans ce groupe, mais elle doit être observée par rapport au contexte très particulier de la période de référence qui sert de base à notre projection des décès attendus. »
Frédéric Fleury-Payeur a également noté que les tendances pour les jeunes peuvent être plus difficiles à modéliser que pour les personnes âgées, étant donné qu’elles peuvent changer plus rapidement.
Dans le reste du monde
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) tient un tableau de bord de la surmortalité dans les pays membres.
Une analyse des données pour la période examinée dans cet article, d’août à décembre 2022, montre que le Canada se classe au quatrième rang pour la surmortalité, avec un taux de 21,26 %. Ce chiffre est différent des 13 % relevés dans les données de Statistique Canada.
Les seuls pays parmi les 38 membres de l’OCDE qui se classent plus mal sont l’Allemagne (23,83 %), la Finlande (22,82 %) et le Chili (22,19 %).
Les pays présentant la plus faible surmortalité sur la période, telle que calculée par l’organisation, sont la Suède (6,93 %), la Hongrie (7,03 %), le Luxembourg (8,55 %) et la Lettonie (8,7 %).
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