En septembre 2023, les élèves de 6e n’auront plus de technologie. La matière a été supprimée, sans que cela provoque la moindre émotion chez les élèves, leurs parents, et même les professeurs.
Il y a bien cette pétition qui a déjà récolté plus de 27 000 signatures. Il y a également les protestations syndicales, ainsi que celles de l’Académie des sciences et de celle des technologies. Mais il faut bien reconnaître qu’à part ces rares contestations, la suppression de l’heure de technologie en 6e à la rentrée de septembre 2023 n’a pas fait scandale.
Comme l’a expliqué le ministère de l’Éducation nationale, le 11 janvier, cette heure d’enseignement sera remplacée par des cours de soutien ou d’approfondissement en français et en mathématiques assurés par des professeurs des écoles ou de collège. La techno sacrifiée sur l’autel des savoirs fondamentaux, ce n’est au final que la suite logique d’un enseignement peu considéré par les élèves, mal compris par les parents et déclassé dans la hiérarchie des disciplines.
Les élèves aimeraient « utiliser plus leurs mains »
Comme le signalait l’Académie des technologies dans son rapport de septembre 2021, « les appréciations portées par les collégiens sur cet enseignement sont assez rarement positives ». « Ce n’est pas une matière qu’on appréciait particulièrement avec mes copains », confirme Victor, lycéen en seconde générale en banlieue de Toulouse (Haute-Garonne).
« C’était très répétitif d’une année sur l’autre, et au final assez ennuyeux. De la 5e à la 3e, la professeure n’était pas très dynamique. Elle nous mettait devant les ordinateurs et elle vérifiait à la fin du cours si nous avions fait les exercices. En termes d’apprentissage, je ne retiens pas grand-chose, à part quelques trucs comme Scratch (un logiciel libre de programmation) ou les traitements de texte, comme Excel que je connaissais déjà. Finalement on était souvent sur les ordis et on a fait très peu d’enseignement technique. »
Alors, la techno au collège est-elle encore utile ? Sous sa forme actuelle, on peut en douter. Cette matière autrefois appelée enseignement manuel et technique – ou EMT – a perdu ce qui faisait son originalité, à savoir la conception et la fabrication d’objets techniques lors de la dernière réforme du collège en 2015.
« Depuis 2008, on va vers un enseignement plus abstrait et plus théorique. Certains élèves aimeraient concevoir des objets et utiliser plus leurs mains, analyse Xavier Herbaux, le président de l’association nationale des profs de technologie, Pagestec. Programmer un ordinateur ou faire tourner une imprimante 3D, c’est marrant sur le coup, mais ils ont besoin de développer d’autres capacités. Il y a certainement des choses plus importantes à leur apprendre, ne serait-ce que changer une ampoule, percer un mur ou fixer une vis. Avec les enjeux climatiques et la transition écologique, nous avons besoin de susciter des vocations. »
Des enseignants pas toujours qualifiés
Alain Cadix, un des auteurs du rapport de l’Académie des technologies, pointe un paradoxe lié à cette matière. « Alors que la technologie occupe et occupera avec les sciences une place centrale pour l’avenir de l’humanité, elle est considérée par beaucoup – pas que parmi les élèves – comme une discipline non essentielle », note cet expert.
Et le désintérêt pour la « techno » au collège s’aggrave sous l’effet de la désaffection du métier. En effet, la discipline peine à attirer des candidats, et les nouveaux enseignants diplômés choisissent pour la plupart de s’orienter vers le lycée où les classes sont moins chargées et les élèves plus motivés. Ce qui fait que de nombreux adolescents sont privés de cette matière au collège. Résultat, le ministère fait appel à de nombreux contractuels (ces professeurs non titulaires) pas toujours qualifiés. Ils sont 17 % sur 9 500 professeurs de technologie, quasiment 1 sur 5. Mais ces lacunes concernent aussi certains titulaires, rapporte Le Parisien.
« Des inspecteurs d’académie le reconnaissent sans détour: des enseignants, titulaires comme contractuels, n’ont pas les bases pour assurer correctement cet enseignement, révèle le rapport de l’Académie des technologies. La formation initiale des enseignants est largement perfectible. » La technologie dans le cursus du collégien est, dès lors, souvent considérée comme une variable d’ajustement et rarement une priorité. Au point de s’effacer des emplois du temps de 6e à la prochaine rentrée.
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