La tempête tropicale Barry, qui n’a passé que quelques heures en ouragan, poursuivait samedi sa lente progression en Louisiane dont la principale ville, La Nouvelle-Orléans, réitérait d’ultimes mises en garde face au risque d’importantes inondations.
« Les habitants et les touristes sont encouragés à rester vigilants », a exhorté LaToya Cantrell, maire de la ville située en-dessous du niveau de la mer, lors d’un point-presse samedi. Peu après, Barry était rétrogradé par les météorologues en tempête tropicale après un essoufflement de ses vents à 115 km/h. La catégorie 1 des ouragans, sur une échelle de cinq, commence à 119 km/h.
« Bien que le risque de submersion liée à la tempête du fleuve Mississippi soit passé, le plus gros risque continue d’être les fortes pluies » sur la ville, a poursuivi la maire, soulignant qu’à Mobile (Alabama) près de huit centimètres étaient tombés en une heure. Les services météo, a-t-elle relevé, prévoient entre 25 et 50 centimètres dans sa ville, « voire davantage » dans certains quartiers.
Selon le dernier bulletin d’information à 18H00 GMT du Centre national des ouragans, le cœur de la tempête a touché terre en milieu de journée. Il a prévenu que de « dangereuses montées des eaux, de fortes pluies et vents continuaient sur la côte du centre-nord du Golfe » du Mexique.
Mais les vents de celui qui a été le premier ouragan de la saison dans l’Atlantique qui va de juin à novembre devraient s’affaiblir encore en se déplaçant vers le nord. Barry charrie « une extraordinaire quantité d’humidité » qui présente « un potentiel de fortes pluies » jusque dans le nord des Etats-Unis, a prévenu Ken Graham, directeur du Centre national des ouragans (NHC).
Le niveau de la mer et du lac Pontchartrain, sur les berges duquel est nichée La Nouvelle-Orléans, subissait samedi matin une hausse pouvant aller jusqu’à 1,8 mètre. Dans cet Etat du sud des Etats-Unis, le souvenir du terrible ouragan Katrina en 2005 reste vivace, avec ses plus de 1.800 morts dont plus d’un millier à La Nouvelle-Orléans. Les digues protégeant la ville avaient cédé, l’inondant à 80%.
Par précaution, plusieurs milliers de personnes ont été évacuées en particulier des côtes. Mais d’autres, notamment dans les bayous, ont choisi de braver les éléments. « Je pense que ça ira », a déclaré samedi à l’AFP Eddy Gamboa, 69 ans, un habitant de Patterson. « Mais La Nouvelle-Orléans est mal engagée ».
Les autorités ont multiplié les mises en garde depuis plusieurs jours et le dispositif anti-inondation composé notamment d’un réseau de digues de 6,10 mètres de hauteur, de vannes et de 118 pompes a été activé. Aux côtés de Mme Cantrell, un lieutenant-colonel du Corps du génie de l’armée de terre a précisé qu’il n’y avait « à ce stade, aucun problème sur le dispositif de digues ».
Et la Garde nationale de l’Etat est « en place et prête à agir » le cas échéant, a assuré un responsable, précisant que 3.800 membres étaient mobilisés soit le tiers de la formation. Tous les vols ont été annulés samedi à l’aéroport de La Nouvelle-Orléans, qui n’a pas subi de dégât à ce stade, et devraient reprendre dimanche.
La petite ville de Morgan City, située à environ 140 kilomètres au sud-ouest de La Nouvelle-Orléans, a été l’une des premières à subir les assauts de Barry. Selon une équipe de l’AFP sur place samedi, ce n’était qu’une ville fantôme recevant des trombes d’eau, balayée par de fortes rafales de vent. Des arbres jonchaient des rues de plusieurs quartiers et la rivière Atchafalaya était sortie de son lit.
« Nous attendons. Barry joue à cache-cache avec nous », a relevé John Billiot, président de l’organisation de sauveteurs America’s Cajun Navy, qui a disposé 86 bateaux de secours dans la région. Lors de l’ouragan Harvey il y a deux ans, ils avaient effectué plus de 30.000 sauvetages.
Les inquiétudes tiennent surtout aux pluies diluviennes et à la submersion côtière accompagnant la tempête. D’autant que le sol est déjà saturé après de récents orages et une pluviosité importante depuis le début de l’année ayant provoqué plusieurs crues du Mississippi.
La tempête devrait apporter 25 à 50 cm de pluie en Louisiane mais l’accumulation des précipitations pourrait atteindre 63 cm par endroits. L’Etat voisin du Mississippi ainsi que celui du Tennessee sont également menacés « d’inondations potentiellement mortelles ».
Le Mississippi, plus grand fleuve d’Amérique du Nord, atteignait dès vendredi son niveau de crue (5,18 mètres) à La Nouvelle-Orléans. Il ne devrait finalement pas aller au-delà, selon les météorologues qui ont revu samedi leurs prévisions à la baisse. Le président américain Donald Trump a déclaré jeudi soir la Louisiane en situation d’urgence, permettant aux agences fédérales de participer aux secours.
E.T avec AFP
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