Mammifères, oiseaux, poissons… sous la pression de l’homme, la Terre a vu ses populations de vertébrés sauvages décliner de 60 % entre 1970 et 2014, annonce le Fonds mondial pour la nature (WWF) dans un bilan plus alarmant à chaque édition.
« Préserver la nature ce n’est pas juste protéger les tigres, pandas, baleines, que nous chérissons », souligne le directeur du WWF, Marco Lambertini. « C’est bien plus vaste : il ne peut y avoir de futur sain et prospère pour les hommes sur une planète au climat déstabilisé, aux océans épuisés, au sol dégradé et aux forêts vidées, une planète dépouillée de sa biodiversité ».
Le déclin de la faune concerne tout le globe, avec des régions particulièrement affectées, comme les Tropiques, selon le 12e rapport « Planète vivante », publié mardi avec la Société zoologique de Londres et basé sur le suivi de 16 700 populations (4 000 espèces).
[En direct @franceinfo] Nous réduisons l'espace de vie des animaux sauvages, nous surexploitons nos ressources – Isabelle Autissier #PlanèteVivante #LPR2018
— WWF France Presse (@WWFFrance_Press) October 30, 2018
Le 10e rapport faisait état de -52 % entre 1970 et 2010. Rien ne semble freiner l’effondrement des effectifs, à -60 % désormais.
La zone Caraïbe/Amérique du sud affiche un bilan « effrayant » : -89 % en 44 ans. Amérique du nord, le Groënland s’en sortent un peu mieux, avec une faune à -23 %. La vaste zone Europe, Afrique du nord et Moyen-Orient est à -31 %.
Agriculture intensive, perte des habitats…
Explication première, la perte des habitats, avec l’agriculture intensive, l’extraction minière, l’urbanisation… qui poussent à la déforestation, à l’épuisement ou à l’artificialisation des sols.
Au Brésil, qui vient d’élire un président dont le programme n’évoque ni la déforestation ni le réchauffement, la forêt amazonienne rétrécit toujours plus, comme la savane du Cerrado, au profit du soja et de l’élevage bovin.
La forêt du bassin du Congo est la deuxième au monde après l'Amazonie, on y dénombrait de nombreuses espaces d'animaux sauvages, il y a peu. Mais les découvertes de pétrole, de minerais rares utilisés pour les nouvelles technologies et l'armement, ont été fatale à la biodiversité pic.twitter.com/RiPoHSsDi1
— Verlaine (@Verlaine_D) October 30, 2018
Mondialement, seuls 25 % des sols sont exempts de l’empreinte de l’homme ; en 2050 ce ne sera plus que 10 %, selon les scientifiques de l’IPBES (le « Giec de la biodiversité »).
S’ajoutent à cela surpêche, braconnage, pollutions, espèces invasives, maladies, dérèglement climatique…
« La disparition du capital naturel est un problème éthique, elle a aussi des conséquences sur notre développement, nos emplois, et on commence à le voir », souligne le DG du WWF France Pascal Canfin.
« Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis »
« On pêche moins qu’il y a 20 ans car le stock diminue. Le rendement de certaines cultures commence à baisser ; en France celui du blé stagne depuis les années 2000 », dit-il : « Nous scions la branche sur laquelle nous sommes assis ».
Les « services rendus par la nature » (eau, pollinisation, stabilité des sols, etc) ont été estimés par des économistes à 125 000 milliards de dollars annuels, soit une fois et demi le PIB mondial.
Le stress dû à l'exploitation et l'exhibition permanente a de graves répercussions sur la santé physique & mentale des #animaux sauvages. La #stéréotype de ce #rhinocéros le montre: captivité, itinérance & dressage en sont la source.Tristesse. #CirquesSansAnimaux @onevoiceanimal https://t.co/fycAfsiuKr
— JessOneVoice (@JessicaLefGr) October 28, 2018
Chaque année, le « jour du dépassement » avance, ce jour à partir duquel le monde a consommé toutes les ressources que la planète peut renouveler en un an. En 2018 c’était le 1er août.
Statut quo des dirigeants ?
Et pourtant « l’avenir des espèces semble ne pas retenir suffisamment l’attention des dirigeants », s’alarme le WWF pour qui il faut « relever le niveau d’alerte », provoquer un vaste mouvement comme ce fut le cas pour le climat. « Que tout le monde comprenne que le statu quo n’est pas une option ».
Un combat d’autant plus gratifiant que les efforts peuvent payer vite, comme l’a montré le retour du tigre au Népal, du thon rouge de l’Atlantique ou du saumon de la Loire…
« Nous sommes la première génération à avoir une vision claire de la valeur de la nature et de notre impact sur elle. Nous pourrions aussi être la dernière à pouvoir inverser la tendance », prévient le WWF, qui appelle à agir d’ici 2020, « un moment décisif dans l’histoire », « une fenêtre sans précédent qui se refermera vite ».
Cette année-là les États seront appelés à renforcer leurs engagements pour réduire les gaz à effet de serre et aussi à s’accorder pour protéger la nature lors d’une conférence spéciale à Pékin, avec, pour objectif « zéro perte nette de biodiversité en 2030 », souhaite le WWF.
Un arrêté qui autorise des cirques à trimbaler dans des remorques des #éléphants #hippo #lions et autres animaux sauvages est contraire aux lois sur #ProtectionAnimale Demain leur sort se jouera au Conseil d’Etat en espérant que principe de réalité et de souffrance l’emportera https://t.co/Wel6JHZkPk
— Arielle MOREAU avocate (@arielle_moreau) October 24, 2018
« Nous devons passer urgemment à une société neutre en CO2, renverser la perte de nature – via la finance verte, les énergies propres, une autre production agroalimentaire – restaurer suffisamment de sols et d’océan », liste Marco Lambertini.
« Peu de personnes ont eu la chance de participer à de vraies transformations historiques. C’est notre chance ».
D. S avec AFP
Toutes les populations d’animaux sauvages d’Afrique sont en déclin.
La raison principale de ce recul est simple : dans le même temps, la population humaine a fortement augmenté.
En 50 ans, Les savanes ont reculé de 75%. https://t.co/QBdVVEVZU3#RespectDuVivant #LibreEtSauvage pic.twitter.com/vYABWAedaU— Laurent Baheux Photo (@laurentbaheux) October 28, 2018
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