Les grands arbres pleurent et nous devrions en faire autant s’il nous reste encore des sentiments.
Le 18 juillet, je me suis réveillée en entendant le chant des oiseaux qui volaient devant ma fenêtre. Ils semblaient en détresse. Quelques heures plus tard, je suis sortie par la porte d’entrée et j’ai eu un grand choc – le majestueux catalpa sur la propriété avait été abattu (c’est-à-dire tué) ainsi qu’une dizaine d’autres arbres et de buissons sains.
Il n’y a pas si longtemps, nous – les résidents du 567 rue Cambridge Sud, à Ottawa-Centre – admirions les belles fleurs blanches du catalpa. Aujourd’hui, l’espace vert où les résidents s’asseyaient à l’ombre de l’arbre et discutaient joyeusement est une chose du passé. Les souches qui restaient ont également été enlevées, faisant place à un triste espace vide.
Nous savions depuis un certain temps que cela allait arriver. Beaucoup de gens, y compris la communauté qui nous entoure, ont écrit des lettres pour s’opposer au nouveau projet de logements à proximité, en donnant de bonnes raisons à leur opposition. Mais les opinions des citoyens ordinaires, qui paient les salaires des élus, ne comptent pas ; le maire et le ministre de l’Environnement, qui est aussi le député d’Ottawa-Centre, n’ont jamais pris la peine de répondre.
La Ville se moque d’elle-même, d’une part en se vantant du règlement de « Protection des arbres urbains » et d’autre part en allouant plus de 3 millions de dollars pour financer un projet dans lequel plus d’une dizaine de grands arbres sains et d’espaces verts sont détruits.
Au fil des ans, j’ai été témoin de tant de ravages et de destruction de l’environnement dans notre paysage et ceci avec la bénédiction du Conseil municipal d’Ottawa qui en est fier. La tragédie du parc Sylvia Holden à Lansdowne, où de la machinerie lourde a abattu 60 arbres sans défense pour faire place au béton et au mortier, a été l’une des pires. Oui, ils ont planté de petits arbres ici et là dans des « boîtes à cercueils » comme celles sur la rue Bank, mais nous connaissons tous leur faible taux de survie. Ils ont été remplacés trois fois depuis la construction du Lansdowne.
Les preuves scientifiques montrent qu’il y a un côté humain chez les arbres – comme nous, ils ont des émotions. Ils ressentent la douleur, ils saignent et pleurent, ils souffrent d’arthrite, ils s’affaiblissent et entrent en état de choc. Ils communiquent entre eux par l’intermédiaire de leur système de racines souterraines ainsi qu’au-dessus du sol.
Les arbres nous donnent de l’ombre lorsque nous sommes fatigués et nous gardent au frais lorsque nous avons chaud. Le bruissement de leurs feuilles souples a un effet calmant lorsque nous sommes anxieux. Les arbres abritent les oiseaux et les petites créatures. Nous les utilisons comme coupe-vent, pour amortir le bruit de la circulation dans les rues achalandées et pour prévenir l’érosion du sol. Les arbres améliorent la qualité de l’air, car leur feuillage absorbe la pollution. La liste des avantages qu’offrent les arbres est très longue.
Le Dr P. Villeneuve, un chercheur scientifique, affirme qu’un plus grand nombre d’arbres et d’espaces verts offre des bienfaits médicaux et est associé à des taux de mortalité plus faibles. Les arbres nous donnent tant et demandent si peu en retour. Ils demandent seulement le droit de vivre leur vie et de mourir dans la dignité. Pourtant, l’amende pour avoir abattu un arbre est inférieure à celle d’une contravention de stationnement.
Qu’est-ce que les arbres ont fait pour être trahis de cette manière honteuse, pour être à la merci de personnes motivées par la cupidité, le pouvoir et le statut ?
Hermann Hesse, qui a reçu le prix Nobel de littérature en 1946, comprenait profondément les arbres. Il a dit : « Les arbres sont des sanctuaires. Celui qui sait comment leur parler, celui qui sait les écouter, peut apprendre la vérité. Ils ne prêchent pas l’apprentissage et les préceptes, ils prêchent l’ancienne loi de la vie sans se laisser décourager par les détails. »
Ilse Kyssa
Ottawa, ON
Ilse Kyssa est âgée de 91 ans et est résidente d’Ottawa-Centre depuis plus de 50 ans.
Le point de vue exprimé dans cet article est celui de son auteur et ne reflète pas nécessairement celui d’Epoch Times.
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