La Tunisie démantèle des camps de migrants originaires d’Afrique subsaharienne dans un contexte de vives tensions

Par Epoch Times avec AFP
5 avril 2025 15:45 Mis à jour: 5 avril 2025 16:52

La Tunisie a démantelé vendredi des camps de fortune où vivaient des milliers de migrants venus d’Afrique subsaharienne, après une virulente campagne sur les réseaux sociaux qui réclamait le départ de ces personnes en situation irrégulière.

Les camps, installés au milieu d’oliveraies dans les régions d’El Amra et Jebeniana, dans le centre-est du pays, étaient devenus une épine dans le pied des autorités et suscitaient un fort mécontentement chez les habitants des villages environnants.

Des migrants d’Afrique subsaharienne sont assis devant des abris de fortune dans le camp al-Amra, à la périphérie de la ville portuaire tunisienne de Sfax, le 23 avril 2024. (Photo FETHI BELAID/AFP via Getty Images)

En tout, une vingtaine de milliers de migrants, divisés en plusieurs camps informels, avaient érigé des tentes dans les champs, a dit vendredi soir à l’AFP le porte-parole de la Garde nationale, Houcem Eddine Jebabli.

Le camp du « kilomètre 24 »

Depuis jeudi, environ 4000 personnes de plusieurs nationalités ont notamment dû quitter le camp du « kilomètre 24 », l’un des plus grands de la région, situé dans la localité de Katatna, a-t-il ajouté.

D’autres camps informels ont été évacués dans la même zone et les opérations se poursuivront sur les jours à venir, a-t-il précisé. Selon lui, des personnes vulnérables et des femmes enceintes ont été prises en charge par les autorités sanitaires.

Interrogé sur le sort du reste des milliers de migrants, il a indiqué qu’une partie s’était « dispersée dans la nature ». D’après lui, de nombreuses personnes ont émis le souhait d’un retour volontaire dans leur pays.

Vendredi soir, là où se tenait le camp du « kilomètre 24 », on pouvait distinguer dans l’obscurité des paires de chaussures, des restes de nourriture ou un baluchon d’effets personnels aux côtés de tas d’objets et de matelas brûlés.

La police tunisienne démantèle un camp de sans-papiers d’Afrique subsaharienne à al-Amra, dans la banlieue de la ville portuaire tunisienne de Sfax, le 5 avril 2025. La Tunisie a démantelé vendredi des camps abritant des milliers de migrants sans papiers originaires d’Afrique subsaharienne, selon la police, à la suite d’une campagne menée contre eux sur les médias sociaux. Environ 20.000 migrants avaient installé des tentes dans des champs dans les régions orientales d’El Amra et de Jebeniana, a déclaré à l’AFP le porte-parole de la garde nationale Houcem Eddine Jebabli. (Photo FETHI BELAID/AFP via Getty Images)

De nombreuses procédures de justice engagées

« De nombreux dossiers étaient devant la justice en raison de l’occupation de propriétés privées » comme les oliveraies, « il était de notre devoir de retirer toutes les formes de désordre », a affirmé M. Jebabli.

Fin mars, le président Kais Saied avait appelé l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) à intensifier ses efforts pour assurer les « retours volontaires » des migrants irréguliers vers leurs pays.

Des personnes brandissent des pancartes en criant des slogans – « Nous ne sommes pas racistes mais notre sécurité est notre priorité » – lors d’une manifestation contre la présence de migrants subsahariens illégaux, à Sfax le 25 juin 2023. Sfax, la deuxième ville de Tunisie, est le point de départ d’un grand nombre de migrants clandestins qui tentent de rejoindre l’Italie. (Photo HOUSSEM ZOUARI/AFP via Getty Images)

Le sujet des migrants originaires d’Afrique subsaharienne fait régulièrement l’objet de vives tensions en Tunisie.

Le pays est un point de passage clé pour des milliers de migrants et réfugiés d’Afrique subsaharienne désireux de rejoindre les côtes italiennes.

En février 2023, le président Saied avait dénoncé l’arrivée « de hordes de migrants subsahariens » menaçant, selon lui, de « changer la comp osition démographique » du pays.Les mois suivants, des migrants avaient été chassés de leurs logements et leurs emplois informels. Plusieurs ambassades africaines avaient procédé au rapatriement express de leurs ressortissants, à la suite d’agressions.

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