OPINIONS

La vérité est l’arme la plus efficace dans la guerre politique : le cas de Taïwan

octobre 21, 2024 3:39, Last Updated: octobre 21, 2024 18:12
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Le président taïwanais Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste, n’est en fonction que depuis le mois de mai. Cependant, il s’est déjà révélé être un expert en guerre politique.

M. Lai se montre excellent dans la guerre politique, car il connaît l’histoire et utilise la vérité historique contre les mensonges du Parti communiste chinois (PCC). Ce faisant, il a déjoué les plans du chef du PCC, Xi Jinping, et continue de travailler dur pour assurer l’indépendance de Taïwan à un moment de grand péril pour cette île démocratique.

L’arme la plus efficace du président est la vérité. M. Lai a rappelé au monde la vérité historique qui contraste avec la tromperie omniprésente du régime chinois. En trois occasions récentes, il s’est révélé être un « grand expert » dans le domaine de la guerre politique.

Tout d’abord, lors de son discours à l’occasion de la fête nationale de Taïwan, le 10 octobre, il a déclaré que la République de Chine (RC, nom officiel de Taïwan) et la République populaire de Chine (RPC, nom officiel de la Chine communiste) n’étaient pas subordonnées l’une à l’autre. Cette remarque était opportune et audacieuse, tout comme sa reconnaissance du fait que Taïwan n’est jamais tombée sous le contrôle de la RPC et qu’elle n’a pas besoin de déclarer son indépendance en étant déjà indépendante.

En réponse, la RPC a lancé les exercices militaires Joint Sword 2024B qui, selon Pékin, consistent en une patrouille conjointe mer-air, le blocus de ports et de zones clés, et des frappes sur des cibles maritimes et terrestres. Il s’agit d’une mesure coercitive destinée à intimider Lai Ching-te et ses partisans tout en testant et en améliorant les capacités du régime chinois à mener une invasion de Taïwan. Pékin s’efforce de créer une « nouvelle normalité » par des violations systématiques des espaces aériens et maritimes de Taïwan et d’autres mesures coercitives destinées à dissimuler la tentative d’invasion lorsqu’elle se produira.

Deuxièmement, le 5 octobre, lors d’un événement organisé à l’occasion de la fête nationale, la sagacité de M. Lai s’est manifestée lorsqu’il a annoncé au monde qu’il est impossible que la République populaire de Chine (RPC) soit la « mère patrie » de la République de Chine (RC ou Taïwan) – et ce, étant donné que la RC a été fondée le 1er janvier 1912, soit près de quatre décennies avant la RPC. Le président taïwanais a dit ce qui est exact d’un point de vue historique. La vérité est que la RC était en fait la « mère patrie » de la RPC.

La RPC est l’émanation de la RC et le produit de la puissance et de l’impérialisme soviétiques. C’est une vérité, tout d’abord parce que les Soviétiques ont ordonné au PCC d’infiltrer le Parti nationaliste chinois (Kuomintang ou KMT) qui était à l’époque le parti au pouvoir en Chine. C’est le KMT qui a supporté le fardeau de la guerre contre le Japon en Chine et qui a gagné cette guerre avec le soutien des Américains, tandis que le PCC en a profité. En 1949, le KMT a dû se réfugier à Taïwan, lorsque les communistes de Mao ont remporté la guerre civile grâce à la direction, au soutien et à la protection prodigués de Moscou. Le PCC était, dans tous les sens du terme, contrôlé par l’Union soviétique et obéissait à ses maîtres soviétiques.

Troisièmement, le mois dernier, Lai Ching-te a fait preuve de perspicacité en faisant remarquer que le différend entre Taïwan et la Chine communiste ne portait pas sur l’intégrité territoriale, comme le prétend Pékin. Si tel était le cas, a-t-il fait remarquer, pourquoi la Chine ne reprend-elle pas une grande partie de la Russie ? Le président taïwanais a fait référence au traité d’Aïgoun de 1858, confirmé et complété par celui de Pékin de 1860 – les « traités inégaux » qui ont cédé à la Russie d’énormes territoires chinois.

C’était un geste brillant de la part de Lai Ching-te. En fait, en 2001, l’annexion des territoires chinois par la Russie à l’époque impériale a été officiellement reconnue et élargie par le « Traité de bon voisinage, d’amitié et de coopération » signé entre Vladimir Poutine et Jiang Zemin, chef du PCC de l’époque. Plus de 1,5 million de kilomètres carrés de territoire ont été cédés de manière permanente, y compris l’ensemble de la rive gauche du fleuve Amour (Mandchourie-Extérieure) allant jusqu’au port stratégique de Vladivostok (Haishenwai) et la frontière coréenne, ainsi que l’île de Sakhaline et Touva (Tangnu Wulianghai) – l’équivalent de plusieurs dizaines de Taïwan (36.000 km2).

Xi Jinping mène une politique très agressive. Il nourrit des ambitions territoriales non seulement à l’égard de Taïwan, des îles et archipels de la mer de Chine méridionale, mais aussi de la Russie. Lai Ching-te a bien rappelé aux Russes que pendant qu’ils font la guerre à l’Ouest, le dragon de l’Est lorgne leur territoire. Les revendications territoriales vont dans les deux sens. Le fait que Xi Jinping peut revendiquer le territoire de son actuel allié montre la folie de la guerre de revendication territoriale menée par Poutine en Ukraine. On peut penser que si Poutine est le serviteur de Xi Jinping aujourd’hui, il pourrait en devenir la victime demain.

En commettant une erreur stratégique flagrante, Poutine a fourni une justification de revendications territoriales à l’État-parti chinois et, en même temps, s’est rendu dépendant de Xi Jinping pour renforcer la position diplomatique et la sécurité de la Russie. Ce n’est qu’une question de temps avant que les relations entre les deux hommes ne se dégradent ou que Xi Jinping ne cherche à remplacer Poutine si ce dernier ne fait pas assez de concessions, y compris territoriales. D’un coup de maître, Lai Ching-te a attiré l’attention sur ce point en faisant de son mieux pour ouvrir la boîte de Pandore dans les relations sino-russes.

Le vif mécontentement de Pékin s’est manifesté par des déclarations dénonçant Lai Ching-te et le lancement d’exercices militaires Joint Sword 2024B, ce qui prouve que le président taïwanais est sur la bonne voie. La reconnaissance de la vérité historique permet de corriger les mensonges du PCC. Cette reconnaissance est l’arme la plus puissante dans l’arsenal de la guerre politique et M. Lai l’utilise avec brio.

Toutefois, Lai Ching-te doit être soutenu par des actions fermes et immédiates des États-Unis et leurs alliés démocratiques. Malheureusement, l’administration Biden-Harris n’a pas pris de mesures permettant au président taïwanais de s’assurer qu’il n’est pas le seul à combattre le régime chinois dans la guerre politique – des mesures nécessaires pour dissuader le régime chinois de procéder à une invasion. Cela doit être vite corrigé.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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