Encore peu développé en France, le marché des substituts de viande à base de végétaux frémit sous l’impulsion de nouveaux acteurs. Mais les grands amateurs de viande que sont les Français se laisseront ils séduire par les vrais-faux steaks ?
Sur le papier, les arguments en faveur des simili-carnés qui cherchent à reproduire le goût et la texture du bœuf, du poulet ou du porc avec des ingrédients d’origine végétale (céréales, oléagineux, légumineuses…), ne manquent pas.
Réduire la consommation de protéines animales
L’impact sur l’environnement est très inférieur à celui de l’élevage, il n’y a pas d’interrogations à avoir sur le bien-être animal et la composition est conforme à la recommandation des autorités de santé de réduire la consommation de protéines animales.
Désormais, 49% des foyers français comprennent au moins une personne
, soucieuse de réduire sa consommation de viande, contre 25% six ans plus tôt, selon des chiffres de Kantar World Panel.
Pourtant, après une progression à deux chiffres vers 2016/2017, les ventes de substituts végétaux (simili-carnés, panés végétaux, galettes à base de plantes…) en grandes et moyennes surfaces avaient nettement ralenti en 2019, précise à l’AFP Benjamin Hamel, chargé d’études chez Nielsen IQ.
Elles repartent désormais, « avec l’arrivée de nouveaux intervenants ».
« C’est devenu une vraie tendance de fond »
La viande végétale « n’est plus une niche. C’est devenu une vraie tendance de fond », considère Nicolas Dhers, directeur de projet sur la transition alimentaire chez Carrefour, groupe qui a créé sa propre marque distributeur.
« Nous essayons d’avoir des produits à la fois accessibles en prix et bons », dit-il, et « le goût est la clef de ce marché ».
« En France, le plaisir, la recette comptent davantage qu’ailleurs », note Lydia Rabine, experte des tendances Grande consommation chez Kantar. « Nous sommes moins dans une approche fonctionnelle de l’alimentation que les pays anglo-saxons ».
La marque Nestlé décèle aussi « un potentiel de croissance très important » pour ces produits en France, marché qui n’est pas encore « mature » contrairement à ses voisins suisse et allemand.
Les ventes demeurent modestes
Tout comme, le fabricant américain Beyond Meat, « optimiste » et pour qui « la France est un élément important de sa stratégie de croissance à long terme en Europe ».
En hausse de 16% entre novembre 2020 et novembre 2021, les ventes demeurent modestes (105 millions d’euros sur cette période).
Au total, 16% des Français disent avoir déjà acheté des simili-viandes au moins une fois dans l’année, selon Kantar.
Dans les rayons, la marque « Le Bon végétal » de Herta lancée en 2016 et détenue par Nestlé, se taille la part du lion avec 54% du marché « traiteur végétal ». Fleury Michon et diverses marques distributeurs sont présentes également.
On peut trouver aussi des steaks végétaux ou des aiguillettes de simili-poulet de la jeune pousse française « Happyvore » (ex-Nouveaux fermiers), née en 2019. Ou encore, dans certaines grandes surfaces, des simili-burgers et des simili-saucisses de la marque américaine Beyond Meat. Ainsi que les lardons végétaux d’une toute jeune start-up parisienne, « La Vie », disponibles chez Carrefour pour son lancement.
Les marques travaillent également avec des chaînes de restauration rapide et des restaurants.
42% les personnes mettent en avant le goût
Désormais, plus de sept foyers français sur dix disent « connaître les offres végétales de substitution » aux viandes et au lait, selon Kantar.
L’intention d’acheter demeure cependant faible (moins de 15%). Raisons invoquées : à 42% les personnes mettent en avant le goût qu’elles n’aiment pas ou « pensent » ne pas aimer, à 32% la texture, à 27% le prix.
Elles sont aussi 28% à penser que ces produits sont fabriqués avec « des ingrédients pas naturels, additifs, conservateurs, exhausteurs de goût ».
Le caractère « ultra-transformé » de certains de ces substituts a été pointé du doigt par les magazines 60 millions de consommateurs et Que choisir. Ils soulignent que selon des études scientifiques, l’abus d’aliments industriels « ultra-transformés » est associé à un risque accru de maladie cardiovasculaire ou de diabète.
Pour se développer, « les offres de simili-viande doivent évoluer » sur le plan du goût mais aussi vers « moins de transformation » et un prix plus accessible, résume Lydia Rabine.
La banque « Barclays prévoit que la viande à base de végétaux représentera 10% du marché mondial de la viande d’ici 2030, soit 140 milliards de dollars », rappelle la société américaine.
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