De Phoenix à Paris, en passant par Lisbonne et San Francisco, les voitures autonomes vont être de plus en plus nombreuses sur les routes du monde entier, une réalité avec laquelle les conducteurs humains devront très bientôt composer.
« Les voitures autonomes sont déjà là », a assuré John Krafcik, le patron de Waymo, la filiale automobile autonome du géant américain Alphabet (également maison mère de Google), sur la scène centrale du Web Summit de Lisbonne, pour bien signifier que la phase de tests était quasiment terminée.
La société profitait de l’occasion pour annoncer le lancement d’un test grandeur nature dans les rues de Phoenix et ses environs, en Arizona (sud-ouest des États-Unis), de ses véhicules autonomes dans des usages du quotidien. Elle envisage déjà le lancement d’un service de réservation de véhicules autonomes via une application.
Au même moment à Paris, la start-up française Navya présentait son nouveau robot-taxi, qui doit commencer à sillonner les rues de la capitale, ainsi que Lyon, dans le courant de l’année 2018.
Ce ne sont que quelques exemples parmi tant d’autres car depuis plusieurs années déjà, des voitures autonomes enchaînent des kilomètres pour accumuler de l’expérience de conduite, notamment en Californie.
D’abord connu comme Google Car, Waymo a ainsi parcouru plus de 5,5 millions de kilomètres, une phase d’apprentissage nécessaire afin de « mettre le véhicule face à des situations de plus en plus complexes pour apprendre par la pratique, avec des cas très différenciés et nombreux », explique Mouloud Dey, directeur innovation pour l’institut SAS spécialisé dans les nouvelles technologies.
Dans cette logique, le gouvernement du Portugal, qui accueillait le Web Summit cette semaine pour la deuxième année consécutive, se prépare à mettre en place des zones de test dans le pays, tant pour les drones que pour les véhicules autonomes.
« La loi portugaise ne permet pas actuellement de réaliser ce type de test. Nous voulons adapter le cadre législatif afin de créer un environnement favorable et attirer des investisseurs. Nous espérons que cela se matérialisera en début d’année prochaine », explique à l’AFP la secrétaire d’État à l’Industrie, Ana Teresa Lehmann.
Pour ces entreprises, la question de la cohabitation entre conducteurs humains et algorithmes ne fait aucun doute et ne posera aucun problème, la vraie transition se situera dans l’acceptation par les humains de laisser le volant à la machine pour leurs déplacements.
Pourtant, la problématique existe car « en cas d’accident, on ne fera pas de cadeau à la technologie, ce qui agira de manière négative sur l’acceptation de la voiture autonome », estime Guillaume Crunelle, associé responsable de l’industrie automobile chez Deloitte.
« Il y aura forcément une période de cohabitation, la question sera alors de la voir comme une période d’apprentissage plutôt que comme un frein. Il faut trouver les usages intermédiaires, avec de l’autonomie progressive, pourquoi pas des voies dédiées ou d’autres solutions », détaille Amal Boutayeb, experte transports pour le cabinet de conseil Wavestone.
Car l’intégration des voitures autonomes dans la circulation quotidienne prendra du temps. Entre adaptation nécessaire de la législation, technologie encore en phase d’apprentissage et renouvellement naturel du parc automobile, leur présence en nombre sur les routes est plus une question de décennies que d’années, de l’avis de la majorité des experts.
« Cela viendra progressivement, avec des premiers usages qui se feront dans des situations simples comme sur autoroute, comme on peut déjà le voir, avec des voitures qui seront comme sur des rails et où le conducteur reprendra le contrôle lorsqu’il quittera l’autoroute », envisage M. Dey.
« C’est un vrai sujet mais un faux problème », abonde Guillaume Crunelle de Deloitte, « cela va se faire au fur et à mesure de la technologie. Et puis normalement, humains et voitures autonomes doivent à la base suivre les mêmes règles du code de la route ».
« Il faut bien rappeler que l’intelligence artificielle ne signifie pas un risque zéro. Mais les attentes sont élevées car il y a de réels besoins tant en terme de sécurité routière que de problématique environnementale auxquels la voiture autonome peut répondre », insiste Mme Boutayeb.
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